
Le budget britannique cherche à relancer une économie stagnante

Jeremy Hunt veut relancer l’économie du Royaume-Uni. A l’occasion de la présentation de son budget 2023-24 au parlement, sous les huées des membres du parti travailliste qui caracole en tête des sondages d’opinion, le ministre des Finances britannique a dévoilé mercredi des mesures pour sortir l’économie de la stagnation causée par la chute historique du niveau de vie et les conséquences du Brexit. Son objectif est d’inciter les Britanniques à revenir dans l’emploi mais aussi de stimuler l’investissement des entreprises. L’OBR (Office for budget responsability) un organisme indépendant en charge de l’évaluation des politiques publiques a revu ses prévisions économiques et ne prévoit plus de récession outre-Manche cette année.
«Une croissance plus forte, des prévisions d’inflation et de chômage plus faibles, ainsi que des finances publiques meilleures qu’attendues ont donné au chancelier plus de latitude pour assouplir sa politique budgétaire, affirme George Buckley, économiste chez Nomura. Les mesures annoncées sont plus élevées que prévu à quelque 21 milliards de livres sterling par an au cours de la prochaine trois ans, et plus concentrées sur les impôts que sur les dépenses.» C’est 0,8% du PIB, ce qui ne passera pas inaperçu pour la Banque d’Angleterre, selon l’économiste.
Le ministre a annoncé l’extension de la garde d’enfants gratuite aux moins de deux ans afin de faire travailler davantage de parents. Il va par ailleurs supprimer des sanctions afin de maintenir davantage de personnes âgées dans leur emploi. Pour soutenir l’investissement des entreprises, un véritable handicap pour l’économie britannique, Jeremy Hunt a annoncé la possibilité pour les entreprises d’imputer 100% de leurs dépenses en capital sur leurs bénéfices pendant trois ans. L’OBR a indiqué qu’il n’était pas en mesure d’évaluer l’impact de ces mesures sur l’emploi et a averti que la mesure d’incitation à l’investissement risquait d’être perturbée par la hausse prochaine de l’impôt sur les sociétés dont le taux sera augmenté à 25% le 1er avril.
Jeremy Hunt et le Premier ministre Rishi Sunak ont toutefois résisté aux demandes de certains Parlementaires conservateurs de réductions d’impôts afin d’alléger le fardeau fiscal le plus lourd sur l'économie depuis la Seconde Guerre mondiale. La chute du précédent gouvernement et la crise sur le marché des gilts avait été provoquée par l’annonce d’importantes réductions d’impôts par Liz Truss sans les financer.
Chute du pouvoir d’achat
Le gouvernement va par ailleurs prolonger de trois mois les subventions à l'énergie des ménages et le gel des taxes sur le carburant pendant un an supplémentaire. Malgré cette aide et une inflation plus faible que prévu, le niveau de vie va chuter comme jamais sur deux ans jusqu'à fin mars 2024. Le Royaume-Uni, qui fait face aux conséquences du Brexit, du Covid et à une inflation à deux chiffres, est le seul pays du G7 à ne pas avoir retrouvé son niveau d’activité économique d’avant la pandémie.
Selon les nouvelles prévisions de l’OBR, le produit intérieur brut (PIB) du pays ne devrait finalement se contracter que de 0,2% en 2023, contre un recul de 1,4% initialement prévu en novembre, en raison de la prise en compte de la baisse des prix de l’énergie et d’une économie plus résiliente, mais il ne prévoit pas de récession technique. L’OBR prévoit que le PIB augmentera de 1,8% en 2024 et de 2,5% en 2025, contre des prévisions de croissance précédentes de 1,3% et 2,6% respectivement. L’inflation passerait de 10,7% au dernier trimestre 2022 à 2,9% d’ici la fin de 2023.
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Le pays émettra 241,1 milliards de livres d’obligations (gilts) au cours du prochain exercice, un peu plus que les prévisions de marché, a par ailleurs déclaré mercredi l’agence de gestion de la dette (DMO).
«Ces meilleures perspectives signifient qu’après une importante émission de gilts de 241 milliards de livres sterling en 2023-24, assez proche de ce que nous attendions, le DMO pourrait réduire légèrement ses besoins de financement sur la période 2022-23 à 2027-28, indique George Buckley. Contrairement à septembre 2022, les marchés devraient considérer le programme de soutien, même s’il est plus important que prévu, comme raisonnable et durable.»
Jeremy Hunt a enfin indiqué que l’objectif de baisse de la dette publique - qui s'élève actuellement à environ 2.500 milliards de livres – par rapport au PIB dans cinq ans, était en passe d'être atteint avec une marge de seulement 6,5 milliards de livres. La marge la plus étroite pour un ministre des Finances depuis que cette mesure a été mise en place en 2010, a indiqué l’OBR.
(Avec Reuters)
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