La situation du marché du crédit coréen devient critique

Les problèmes militaires de la Corée du Sud avec son voisin du nord ne sont pas les seules difficultés auxquelles le pays doit faire face. Le marché du crédit est au bord de la rupture. Le 28 octobre dernier, le promoteur coréen de parcs à thème Gangwon Jungdo Development a fait défaut sur 144 millions de dollars d’obligations pourtant très bien notées. Mercredi, c’est au tour de l’assureur Heungkuk Life Insurance de retarder le rachat de 500 millions de dollars d’obligations perpétuelles en dollars. Même si ce type de report n’est pas rare, en témoigne la banque européenne RBI qui, mercredi, a décidé de ne pas rappeler de manière anticipée une dette subordonnée perpétuelle, c’est la première fois depuis 2009 que ce type de report est observé dans le pays, relève l’agence Bloomberg.

Tous les six mois, les détenteurs de ces titres perpétuels émis par Heungkuk Life Insurance peuvent théoriquement exercer des options pour se faire rembourser. Arguant de conditions du marché difficiles qui l’ont incité à retarder une émission de titres servant à refinancer les potentiels rachats, l’assureur a annulé ces options. Les investisseurs pourront néanmoins les exercer à nouveau lors de la prochaine fenêtre semestrielle si l’assureur parvient à se refinancer en dollars.

Perspectives sombres

Le régulateur financier coréen a confirmé que ce report était dû aux conditions de marché et assuré que la situation de l’emprunteur ne posait pas de problème. Le 26 octobre, l’agence de notation Fitch avait confirmé la note de solidité financière de Heungkuk Life Insurance à BBB+ avec des perspectives stables et celle des titres subordonnés de la société libellés en dollars à BBB-. L’agence de notation estimait alors son niveau de capitalisation « adéquat » mais pointait « un ratio de levier élevé », supérieur à 40%.

La décision de l’assureur coréen met cependant en lumière la situation critique du marché du crédit coréen dans le contexte de ralentissement mondial. Le pays a publié fin octobre un produit intérieur brut en croissance de 0,3% pour le troisième trimestre 2022, mais les perspectives sur ses exportations demeurent pessimistes. Celles-ci ont d’ailleurs amputé sa croissance de 1,8 point de pourcentage entre juillet et septembre.