
La peur du Brexit explique le statu quo de la Fed en juin

La banque centrale américaine a été bien avisée de rester attentiste le mois dernier. Lors de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) les 14 et 15 juin, les responsables de la Réserve fédérale ont en effet décidé de ne pas relever les taux d’intérêt en l’absence d’une vision claire des conséquences du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne (UE), montre le compte-rendu de leurs débats, publié hier soir.
Cette opinion, exprimée huit jours avant le résultat du vote britannique en faveur d’une sortie de l’UE, reflète le malaise généralisé des responsables monétaires américains. «Les membres ont généralement convenu qu’avant de faire un nouveau pas vers une normalisation monétaire, il était prudent d’attendre de nouvelles données sur les conséquences du vote britannique», indiquent les «minutes» de cette réunion.
Autre motif : l’emploi américain
Les responsables de la Fed ont aussi évoqué le ralentissement des embauches de la part des entreprises américaines pour expliquer ce statu quo. Si plusieurs participants ont souligné que le faible chiffre des créations d’emplois en mai avait été biaisé par des facteurs transitoires comme une grève dans le secteur des télécoms, certains ont estimé que ce moindre dynamisme «pouvait être le signe d’un ralentissement plus large de l’activité». La statistique de juin sera connue demain.
Avant le référendum britannique, la Fed avait signalé que deux hausses de taux seraient nécessaires pour prévenir une surchauffe de l'économie américaine. Depuis lors, le président de la Fed de New York, William Dudley, et le gouverneur de la Réserve fédérale, Daniel Tarullo, ont tous deux fait état de l’incertitude déclenchée par ce vote pour justifier leur recommandation de prudence. La présidente de la Fed, Janet Yellen, ne s’est pas exprimée depuis le 23 juin.
Après la publication de ces «minutes», les contrats à terme suggèrent que les traders estiment désormais à seulement 12% l’éventualité d’un relèvement des taux d’ici à fin décembre, la probabilité d’une hausse lors de la prochaine réunion des 26 et 27 juillet étant nulle. Après avoir atteint dans la journée un plus bas historique à 1,318%, le rendement des Treasuries à dix ans est légèrement remonté hier soir à 1,3716%. A contre-tendance des marchés européens, la Bourse de New York a terminé dans le vert, l’indice S&P 500 gagnant 0,54% à 2.099,73 points.
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New York - Fin de la saga ayant inspiré la série «Succession»? Les héritiers de Rupert Murdoch ont trouvé un accord permettant au fils aîné du magnat des médias, proche des opinions conservatrices de son père, de contrôler son empire après son décès. Trois de ses enfants s’opposaient jusque-là aux ambitions du patriarche, âgé de 94 ans, pour Lachlan, 54 ans. Prudence MacLeod, Elisabeth et James Murdoch «vont cesser de détenir des participations» dans les groupes News Corporation (Wall Street Journal, New York Post aux Etats-Unis, The Sun au Royaume-Uni, The Australian) et Fox Corporation (Fox News) en échange de liquidités, selon un communiqué de presse. D’après le New York Times et le Washington Post, tous trois se partageront 3,3 milliards de dollars. Lachlan Murdoch, ainsi que ses jeunes soeurs Grace et Chloe, demeurent eux bénéficiaires du trust familial (un mécanisme juridique, commun au Etats-Unis, utilisé notamment pour organiser une succession ou protéger un patrimoine). En décembre, la justice américaine, saisie à l’initiative de Prudence, Elisabeth et James, s'était opposée à la volonté du milliardaire australo-américain de garantir que Lachlan, qui dirige actuellement Fox News et News Corp, soit le seul décisionnaire après sa mort, tous ses enfants gardant leurs avantages financiers. Dans sa décision, un tribunal du Nevada avait estimé que le père et le fils avaient agi de «mauvaise foi» en essayant de réécrire les règles, rapportait le New York Times, citant une copie du document judiciaire. Si la fille aînée, Prudence, 67 ans, s’est peu impliquée dans l’entreprise familiale, les trois autres - Lachlan, James, 52 ans, et Elisabeth, 57 ans - ont tous été considérés comme des successeurs potentiels. Ancrages de droite Le trust prévoyait à l’origine des droits de vote égaux pour les quatre descendants. Mais, ces dernières années, Murdoch senior aurait commencé à craindre que la chaîne américaine Fox News - le joyau de la couronne - ne s'éloigne, après son décès, de son ancrage à droite pour refléter les opinions plus centristes de James et d’Elisabeth. James, qui a quitté News Corp en 2020, avait par exemple officiellement apporté son soutien à Kamala Harris, la rivale de Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2024. Pour beaucoup d’observateurs, l’affaire aurait pu avoir de lourdes implications sur l’avenir de l’empire laissé par Rupert Murdoch. Le nouveau trust expirant en 2050, selon le New York Times et le Washington Post, il garantit que Lachlan en conserve le contrôle au moins jusqu'à cette date. L’empire médiatique de Rupert Murdoch est accusé d’avoir, via certains de ses journaux et de ses télévisions, favorisé la montée des populismes dans les pays anglo-saxons, qu’illustrent le Brexit au Royaume-Uni et l’ascension de Trump aux Etats-Unis. Il a été plus particulièrement reproché à Fox News, aux avant-postes des batailles idéologiques des conservateurs américains, de nourrir la désinformation sur les vaccins anti-Covid et d’avoir amplifié les allégations d'élection présidentielle supposément truquée en 2020 aux Etats-Unis au détriment de Donald Trump. Fox Corporation a déclaré 2,263 milliards de dollars de bénéfice net et 16,300 milliards de chiffre d’affaires sur l’année fiscale se terminant au 30 juin 2025. News Corporation, pour sa part, a enregistré 1,180 milliard de dollars de bénéfice net et 8,452 milliards de chiffre d’affaires. Raphaëlle PELTIER © Agence France-Presse -
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Reconnaissance de l’Etat palestinien: avant une assemblée générale de l'ONU qui s'annonce historique, Mahmoud Abbas rencontre Keir Starmer à Londres
Londres - Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est entretenu lundi soir avec Keir Starmer à Downing Street, à Londres, alors que Londres se rapproche de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Les deux dirigeants ont discuté de «l’urgence de mettre fin aux terribles souffrances et à la famine» à Gaza et de la libération des otages détenus par le Hamas, a indiqué un porte-parole de Downing Street. M. Abbas a salué «l’engagement» du Royaume-Uni à «reconnaître un Etat palestinien pendant l’Assemblée générale de l’ONU», qui se tient du 9 au 23 septembre à New-York, "à moins qu’Israël ne change de cap», a ajouté le porte-parole. Plusieurs pays dont la France ont annoncé leur intention de reconnaître l’Etat de Palestine lors l’Assemblée générale. Keir Starmer a annoncé fin juillet que son pays reconnaîtrait l’Etat de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Cette annonce avait été vigoureusement condamnée par Israël. Lors de leur rencontre, les deux dirigeants ont convenu qu’il n’y aurait «aucun rôle pour le Hamas dans la future gouvernance de la Palestine» et insisté sur la nécessité d’une «solution à long terme» au conflit. Le président israélien en visite à Londres Mahmoud Abbas, 89 ans, est arrivé à Londres dimanche soir pour une visite de trois jours. Le mois dernier, les Etats-Unis ont refusé ou révoqué des visas à quelques 80 Palestiniens, dont le président de l’Autorité palestinienne pour l’Assemblée générale de l’ONU. Lors de leur entretien, M. Starmer a «salué l’engagement» de M. Abbas "à «réformer l’Autorité palestinienne». Le président israélien Isaac Herzog est lui aussi attendu au Royaume-Uni. Selon son bureau, il doit quitter Israël mardi «pour une visite officielle à Londres» et devrait être de retour dans son pays vendredi. Une rencontre avec Keir Starmer n’a pas été confirmée par Downing Street. Le président israélien «se concentrera», «lors de ses rencontres diplomatiques», sur la libération des otages, «parallèlement à d’autres questions politiques», selon son bureau. Il va rencontrer des membres du Parlement, des leaders d’opinion et des personnalités des médias, a indiqué la présidence israélienne. L’objectif de la visite d’Isaac Herzog, qui a un rôle surtout protocolaire, est de montrer sa «solidarité avec la communauté juive, qui subit de violentes attaques et fait face à une vague d’antisémitisme», selon cette source. Il a été invité «par les principales organisations de la communauté» juive, devant lesquelles il va prononcer des discours dans des conférences dédiées «au soutien» à Israël et "à la lutte contre l’antisémitisme». Israël considère que reconnaître un Etat palestinien revient à accorder «une récompense au Hamas», après les massacres du 7 octobre 2023 commis par le mouvement islamiste palestinien. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 64.522 morts dans la bande de Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. © Agence France-Presse