
La menace des cryptoactifs pour la stabilité financière préoccupe les autorités

C’est un inventaire à la Prévert qui fait froid dans le dos. Dans un document de synthèse, le Fonds monétaire international (FMI) et le Conseil de stabilité financière (CSF ou FSB en anglais) ont publié leurs recommandations sur les politiques à adopter pour contrer les risques liés au développement des cryptoactifs. Plus encore que la feuille de route présentée, dont la plupart des points sont connus et relèvent du bon sens, consistant en «une surveillance réglementaire et prudentielle complète des cryptoactifs», ce sont ces risques identifiés qui marquent les esprits.
Les deux institutions ne prennent pas de pincettes. Elles soulignent dans leur rapport que «l’adoption généralisée des cryptoactifs pourrait nuire à l’efficacité de la politique monétaire, contourner les mesures de gestion des flux de capitaux, exacerber les risques budgétaires, détourner les ressources disponibles pour financer l’économie réelle et menacer la stabilité financière mondiale». Rien de moins.
Le FMI et le FSB expliquent par exemple que si le nombre d’investisseurs crypto devait augmenter, les sociétés financières pourraient être exposées en cas de pertes importantes de leurs clients sur ces actifs. Si ces risques sont présents partout, le rapport insiste sur le fait que certains d’entre eux, comme celui de substitution de la monnaie fiduciaire par des cryptoactifs, se révèlent plus importants dans des pays dont la monnaie est «instable» et le cadre monétaire «faible». La population des pays émergents est ainsi particulièrement sujette aux risques crypto. Outre la fragilité des systèmes monétaires de certains de ces pays, le faible taux de bancarisation de leur population peut exacerber les risques.
Entre les lignes du rapport, il apparaît que la décision du Salvador et de la République centrafricaine d’accorder un cours légal aux cryptoactifs contribue à augmenter le risque d’instabilité monétaire de ces pays.
Rapport à charge
Actuellement, les liens entre finance traditionnelle et cryptoactifs restent limités. Ceux-ci ne représentent qu’une faible partie des actifs financiers mondiaux, les liens entre ces actifs et les banques systémiques sont limités et ils sont peu utilisés dans les paiements. Cela n’empêche pas que «[les actifs crypto aient] le potentiel de devenir une source de risques systémiques dans des juridictions spécifiques s’ils gagnent du terrain pour les paiements ou les investissements de détail», anticipent le FMI et le FSB. Par ailleurs, si une adoption rapide et généralisée des cryptoactifs se concrétisait, cela entraînerait de profonds changements dans les réserves des banques centrales, avec l’instabilité potentielle induite par cette période de transition.
Quant au sujet du blanchiment, il apparaît en filigrane dans tout le document, qui souligne que de nombreuses plateformes de négociation de cryptoactifs sont créées ou situées dans des juridictions qui n’ont pas mis en œuvre de réglementation contre le blanchiment ou le financement du terrorisme. Ce n’est rien de dire que le FMI et le FSB voient les crypto d’un œil méfiant.
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