La livre sterling traverse la tourmente

La devise, habituellement sensible au risque, a fait fi des tensions financières.
la devise britannique Livre Sterling
La performance de la devise britannique tient au positionnement des investisseurs  -  Crédit Fotolia

La livre est à la fête. Depuis le début de l’année, la devise britannique affiche la meilleure performance face au dollar des devises des dix premières économies développées (G10) : +1,79%, contre 1,42% pour l’euro et -0,31% pour le yen. Avec la faillite de Silicon Valley Bank et les tensions sur le secteur bancaire, les performances des devises développées suivent de près les anticipations de taux directeurs à un an, remarque ainsi Deutsche Bank. «Plus la chute des rendements de swaps un an dans un an est importante, plus la devise chute». A l’exception de la livre.

Cette performance est d’autant plus remarquable que la devise britannique est habituellement sensible aux risques. La chute des actions ne l’a pourtant pas affaiblie, la livre se révélant même la devise la moins sensible au risque des monnaies du G10 ces dernières semaines.

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Positionnement

Des facteurs fondamentaux sont certes à l’œuvre : la facture énergétique est moins élevée que prévu, et les conditions financières ne se sont pas aussi durcies que pour d’autres devises développées, comme l’euro.

L’explication tient toutefois dans le positionnement de marché. «Le facteur le plus important de la résistance de la livre sterling est probablement lié à des rachats forcés», souligne Deutsche Bank. La livre a sans doute été utilisée dans le financement d’opérations de carry-trade (portage), dans lesquelles les investisseurs s’exposaient à des devises aux rendements encore plus élevés, comme le peso mexicain. Le marché est ainsi orienté à la vente depuis septembre 2021, le volume de positions courtes ayant pu dépasser le volume de positions longues de 30% (contre 10% aujourd’hui, une baisse amorcée depuis mai 2022). Le débouclage de ces transactions, avec la baisse de l’appétit au risque, a pu venir soutenir la livre.

A terme, le positionnement de la banque d’Angleterre sera déterminant alors que l’inflation britannique s’est révélée plus tenace qu’anticipé, précise Barclays, qui estime par ailleurs que le budget britannique ne suffira pas à soutenir la devise. Les 25 points de base de hausse annoncés jeudi par l’institution, et son absence d’engagement sur la suite de sa politique monétaire, pourraient donc faire pression sur la livre, alors que la Fed, comme la Banque centrale européenne, ont réaffirmé leur posture combative ces dernières semaines.

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