
La Grèce espère un retour en grâce financier

Peu à peu, la Grèce opère un retour en grâce auprès des marchés. Depuis la crise de la dette, le pays est un habitué des mouvements importants sur sa note. Entre décembre 2009 et juillet 2011, la note attribuée par S&P Global Ratings est passée de A- à CC, une baisse de 13 crans. Depuis juin 2015, le mouvement s’est inversé : la note attribuée par Fitch est passée de CC à BB+ en janvier 2022, le sixième rehaussement consécutif et un cran sous la catégorie «investment grade» (IG). Les notes de Moody’s et S&P ont suivi un mouvement similaire.
Fondamentaux
De fait, les fondamentaux économiques grecs se sont beaucoup améliorés, sous l’impulsion des programmes économiques imposés par la Commission européenne. Entre 2007 et 2014, le PIB grec s’est contracté de 30%, mais est depuis reparti à la hausse. Il demeure toutefois inférieur de 19% par rapport à son niveau le plus haut atteint en 2007.
Le taux de chômage a de son côté pu être ramené à 11,6% en fin d’année 2022, contre 27,7% en 2013, tandis que le ratio de prêts non performants a chuté de 47,4% en 2013 à 6,4% aujourd’hui, certes bien au-delà du niveau moyen de la zone euro (1,8%).
Par ailleurs, la crise de la dette a eu comme effet paradoxal de protéger les finances du pays contre la remontée des coûts de financement. Plus de 76% de la dette publique externe est détenue par des créanciers officiels (pays ou institutions internationales), à des conditions préférentielles : la maturité résiduelle moyenne de la dette grecque était de 17,5 ans en 2022, à un taux moyen de 1,54%, rappelle Ostrum AM dans une analyse sur le sujet. Le gouverneur de la banque centrale grecque s’attend désormais à ce que le pays sorte de la catégorie spéculative en 2023.
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Géopolitique
Un abandon des réformes demeure le principal risque identifié par les agences de notation, et capable d’empêcher un retour en catégorie IG. Les élections législatives qui auront lieu en juillet ne devraient pourtant pas changer la donne, alors que le gouvernement Mitsotakis, réformiste, a perdu de sa popularité suite à un scandale d’espionnage de ses adversaires politiques. «Le pays reste très dépendant du soutien des créanciers européens pour développer son économie, et qui détiennent l’essentiel de sa dette, rappelle Marcos Carias, économiste zone euro chez Coface. Dès lors, le gouvernement grec devrait rester conciliant et continuer à mettre en place les réformes exigées par la Commission européenne, même dans le cas peu probable où il y aurait un changement de gouvernement».
Le pays devra par ailleurs composer avec une balance des paiements en dégradation : à la baisse des revenus touristiques, pendant la pandémie, a succédé une facture énergétique en hausse. Le déficit de la balance des paiements a doublé à 8% du PIB au deuxième trimestre 2022. Les plans de soutien européens devraient compenser la crise, puisque la Grèce recevra l’équivalent de 17,5% de son PIB en aides européennes. Développer l'économie grecque reste cependant un sujet de long terme, le pays étant très peu diversifié et dépendant de ses importations.
Enfin, la géopolitique pourrait venir compliquer les perspectives. Les échanges avec la Turquie restent difficiles, d’autant que les élections turques, prévues pour mai, pourraient pousser le président Erdogan à attiser les tensions.
«La Grèce a été le premier pays à apporter son soutien après le tremblement de terre, ce qu’Erdogan a reconnu, tempère Marcos Carias. La probabilité d’une reprise des tensions, voire un conflit ouvert, semble s’éloigner même si elle n’est jamais à écarter. Le véritable risque est plutôt celui d’un retour à une croissance molle, en 2024-2025, qui compliquerait alors le cycle politique». D’ici là, la Grèce semble bien partie pour retrouver le statut «investment grade», quatorze ans après l’avoir perdu.
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