La gestion de patrimoine, un sujet d’utilité publique !

Tristan de La Fonchais, directeur général adjoint finances et patrimoine du Groupe Matmut

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Tristan de La Fonchais, directeur général adjoint finances et patrimoine du Groupe Matmut Il y a encore peu de temps, nous entendions par gestion de patrimoine la fructification des avoirs, l’optimisation fiscale et la transmission. Même si ces propos semblent réducteurs, ce sont bien sur ces thèmes que des acteurs de la distribution se sont positionnés ces dernières décennies. Mais les fondamentaux de notre monde sont aujourd’hui affectés par de grandes mutations qui nous obligent à redéfinir le cadre global de la gestion de patrimoine.

C’est ici que la notion de « protection patrimoniale » prend tout son sens. Elle doit devenir le pilier central de toutes les stratégies pour l’ensemble des segments de clientèle.

Sur le plan conjoncturel, la situation est actuellement sensible. Le président Emmanuel Macron a été réélu sans majorité parlementaire, les contaminations au Covid évoluent au gré des nouveaux variants, l’accélération des événements climatiques pèse sur la France, l’enlisement de la guerre en Ukraine engendre une envolée des prix des matières premières, et les mesures de restriction de circulation en Chine perturbent les chaînes logistiques. Il découle de cette situation générale deux conséquences majeures : une inflation qui s’envole (des taux d’emprunt qui remontent) et moins de croissance.

Sur le plan structurel, des sujets comme l’allongement de la vie, l’augmentation du nombre de familles recomposées, la complexification des marchés financiers, les nouvelles aspirations des jeunes doivent se traduire dans les offres.

En plus de ses objectifs traditionnels, la gestion de patrimoine doit aussi optimiser la construction et la protection de nos vies. Elle devient un sujet d’utilité publique qui n’est plus réservé aux plus aisés.

Il faut donc apporter une réponse à cette injonction paradoxale : comment rendre abordable, adaptée, simple et lisible la gestion de patrimoine qui, par nature, est coûteuse et souvent inaccessible.

Outre la redéfinition de ce que doit intégrer la gestion de patrimoine comme savoir-faire et métiers, le modèle économique global doit être repensé, incluant les sujets de rémunération des producteurs et distributeurs, et tenant compte de la culture de chaque pays. Par exemple, un Français peu aisé acceptera difficilement de payer des honoraires pour avoir accès à un conseil en allocation financière, là où cela est plus culturel pour un Anglais ou un Allemand. Par ailleurs, cette démarche implique nécessairement l’intégration d’une dimension assurantielle forte qui inclut de l’IARD (incendies, accidents et risques divers, NDLR), de la prévoyance, de la santé. C’est le seul moyen de compléter ses protections à meilleur prix.

J’ajoute que le segment des jeunes doit dorénavant se voir proposer des offres et des services spécifiques.

Enfin, il n’y a pas de gestion de patrimoine sans interactions humaines réelles, ce qui renvoie au sujet de la tarification et à la mise en place d’une stratégie optimisée des différents canaux relationnels. Ce sujet est majeur.

Le sujet évoqué dans cette tribune ne repose pas uniquement sur la recherche de nouveaux relais de croissance. Il est relatif à une responsabilité collective qui consiste à accompagner et sécuriser les clients-citoyens face aux évolutions et aux incertitudes du monde.

Cela prend tout son sens à l’heure où les notions de « société à mission » et de « raison d’être » grandissent dans les entreprises.

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