
La France devient la championne d’Europe d’accueil des centres de R&D

Le Brexit pèse lourd sur l’attractivité européenne. Après cinq années consécutives de hausse, les projets d’investissements directs étrangers en Europe ont reculé de 4%, à 6.356, en 2018. Néanmoins, la France affiche une hausse de 1% avec 1.027 projets quand ses principaux concurrents, Royaume-Uni et Allemagne enregistrent chacun une baisse de 13%. La France passe ainsi devant l’Allemagne, pour la première fois depuis 2010.
«Les deux chocs de 2016, le vote sur le Brexit et l’élection de Donald Trump se sont réellement répercutés en 2018, signant le ralentissement du Royaume-Uni après dix ans de domination, explique Marc Lhermitte, associé EY et auteur de l’étude. Ces chocs font plus de bien à la France que ne font de mal les crises internes (gilets jaunes…)». Avec seulement 27 projets de moins qu’outre-Manche, la France n’est pas loin de rafler la première place au Royaume-Uni ! «D’autant que l’Allemagne doit faire face à une situation macro- et micro-économique inquiétante, avec de graves problèmes de compétences tant dans l’industrie que dans les services», poursuit Marc Lhermitte.
Seulement 27% d’entreprises envisagent de s’implanter ou de se développer en Europe, contre 35% un an plus tôt, selon l’enquête CSA réalisée pour EY en janvier-février 2019 auprès de 500 dirigeants européens.
La France attire toujours l’industrie
Malgré ce contexte compliqué, la France continue à attirer. Elle conserve sa première place dans l’industrie, devant la Turquie et l’Allemagne, avec 339 projets (+5%). Un atout qui devrait se maintenir, puisque les dirigeants se disent à 70% (contre 77% en 2018) confiants dans l’avenir de l’industrie en France.
Surtout, la France devient le premier pays d’accueil pour les centres de R&D, faisant mieux que le Royaume-Uni et l’Allemagne en cumulé, avec 144 projets (+85%), dont plus de 40% de créations de sites. Notamment dans le numérique, la pharmacie et les services aux entreprises. «Ce succès est le fruit d’une trajectoire de 15 ans, avec notamment la création des pôles de compétitivité et du crédit impôt recherche (CIR), précise Marc Lhermitte. Cette tendance de fond devrait perdurer, les dispositifs mis en place n’étant pas remis en cause.» Par contre, les projets de sièges (45) et dans le tertiaire (329) ont chuté de 24%. «Avec le Brexit, ce n’est pas le moment de prendre une décision pour installer un siège. La baisse enregistrée en France se constate dans tous les pays, confie Marc Lhermitte. La tendance devrait repartir à la hausse cette année et en 2020.»
Les Etats-Unis restent le premier investisseur en France avec 22% des projets, devant l’Allemagne (18%). Mais 61% des projets en France proviennent d’entreprises européennes. Dans ce contexte, Paris reste la capitale européenne la plus attractive pour la deuxième année consécutive, creusant même l’écart avec Londres.
La simplification administrative est encore attendue
En revanche, seulement 30% des dirigeants misent sur une amélioration de l’attractivité de la France à trois ans. Un niveau conforme à la moyenne de long terme, mais en forte chute après les 55% enregistrés l’an dernier dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron… La crise des gilets jaunes est passée par là. «L’heure de vérité est maintenant, poursuit Marc Lhermitte. Le climat d’incertitude attaque la confiance partout en Europe. Notamment les perspectives économiques européennes et mondiales ralenties, et la réforme fiscale américaine qui pourrait inciter des grands groupes européens à délocaliser certaines entités.» D’ailleurs, les dirigeants estiment que la politique de promotion de la France à l’international est efficace à seulement 51% (contre 63% en 2018). Aussi, seulement 19% (-5 points) des entreprises sondées comptent s’implanter ou se développer en France cette année. Néanmoins, ils conservent à 80% (-1 point) une bonne image de la France.
Quels défis pour la France ? Combler son retard en matière de projets de centres de décisions et dans le digital. Développer les compétences. «Les implantations industrielles étrangères se font souvent loin des grandes métropoles, dans des bassins d’emplois moins riches et moins formés», explique Marc Lhermitte. Et plus que jamais, la poursuite de la simplification administrative est demandée par près d’un répondant sur deux, devant l’amélioration de la compétitivité fiscale et la réduction du coût du travail. «En clair, la France justifie-t-elle son prix ? résume Marc Lhermitte. Il reste beaucoup à faire sur le coût de la France, mais elle doit profiter de la position opportune actuelle, notamment avec son objectif de taux d’impôt sur les sociétés de 25% en 2022.»
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10 septembre : des perturbations sur le RER et le transilien attendues en Ile-de-France
Paris - Le trafic sera perturbé sur de nombreuses lignes ferroviaires en Ile-de-France mercredi, jour du mouvement pour «tout bloquer», le ministre des Transports promettant un important dispositif de sécurité à Paris à la Gare du Nord qui pourrait être ciblée par des manifestants. La SNCF ne prévoit aucune circulation sur une partie du RER D, seulement un train sur trois sur les lignes Transilien H, vers le nord-ouest de la région parisienne, et Transilien R (sud-est) ainsi qu’un train sur deux sur le RER B dans sa partie nord, desservant notamment l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Dans la partie sud du RER B, gérée par la RATP, deux trains sur trois circuleront, a précisé mardi ce dernier transporteur. Le RER A, ligne ferroviaire la plus fréquentée d’Europe, ne sera a priori pas affectée par le mouvement, selon la RATP et la SNCF. Cette dernière prévoit aussi un trafic «normal» sur la ligne V du Transilien (Versailles-Massy) et les deux tramways qu’elle exploite, les lignes 12 et 13. Le RER C et les lignes K (nord), N (ouest) et U (ouest) du Transilien verront circuler un train sur deux. Cette proportion montera à deux trains sur trois sur les lignes J et L (ouest) et le RER E. La ligne P, vers l’est, sera également touchée, mais verra circuler au minimum deux trains sur trois. A la RATP, le trafic sera «quasi normal» dans le métro avec «plus de neuf trains sur dix» sur les lignes 5, 8, 9 et 13, les autres n'étant pas affectées. En moyenne, «neuf bus sur dix circuleront sur l’ensemble du réseau», tandis que les tramways fonctionneront à 100%. La SNCF avait déjà prévenu lundi que le trafic ferroviaire serait affecté dans l’Hexagone par le mouvement social de mercredi, en particulier celui des TER et des Intercités, mais pas le réseau à grande vitesse. «A la RATP, il y a assez peu d’annulations puisqu’il y a, je crois, 1.400 collaborateurs grévistes sur près de 46.000" salariés, a affirmé le ministre démissionnaire des Transports, Philippe Tabarot, après avoir réuni mardi après-midi les principaux acteurs du transport. «Particulièrement vigilants» M. Tabarot a évoqué, côté SNCF en Ile-de-France, «quelques perturbations sur les RER et sur les Transilien, mais qui, majoritairement, vont circuler, environ aux alentours de 60%». Selon le ministre, dans le reste de la France, environ «70% des TER» devraient circuler, «avec quelques régions où il n’y aurait pratiquement pas de perturbations, et d’autres où il y en aurait un petit peu plus», notamment les Hauts-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie. A la RATP, le syndicat La Base, majoritaire chez les conducteurs de RER, a appelé à faire grève mercredi. Mais les quatre principaux syndicats de la RATP - CGT, FO, Unsa Mobilité et CFE-CGC - ont quant à eux appelé à la grève le 18 septembre, autre jour de mobilisation. Côté SNCF, la CGT-Cheminots, premier syndicat du groupe, a appelé à «participer massivement» à la grève de mercredi ainsi qu'à celle du 18 septembre. SUD-Rail, troisième syndicat de cheminots, a également appelé à faire grève mercredi, mais ne s’est pas joint à l’appel lancé par les trois autres grands syndicats de la SNCF (CGT, Unsa, CFDT) pour le 18 septembre. M. Tabarot a estimé que la mobilisation «pourrait être plus forte le 18 que le 10", mais il a prévenu que «la radicalité des actions menées risque d'être au rendez-vous» mercredi. En particulier, «il semblerait que la Gare du Nord soit ciblée par un certain nombre de manifestations», a-t-il révélé, en promettant un dispositif de sécurité «très important sur cette gare comme pratiquement sur l’ensemble des plus grandes gares [du] pays». «On sera particulièrement vigilants là-dessus, que ce soit sur les voies ferrées, que ce soit sur nos routes ou nos autoroutes pour éviter un certain nombre de blocages», a promis le ministre. © Agence France-Presse -
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