La dette mondiale grossit sans être un danger

Les taux bas assurent la capacité à faire face au service de la dette dans les Etats développés. Mais pas dans les émergents.
Xavier Diaz
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La dette, de 260% du PIB d’ici fin 2021, n’est pas problématique tant que les taux restent bas.  -  Gerd Altmann/Pixabay

La dette mondiale devrait atteindre 260% du produit intérieur brut (PIB) d’ici fin 2021, selon S&P Global Ratings. La dette publique a, elle, dépassé le seuil de 90-100% du PIB dans la plupart des pays développés, un niveau considéré par beaucoup comme critique en raison de la boucle négative entre croissance et dette. Pour Thierry Apoteker, président de Tac Economics, même à ce niveau, la dette n’est pas un souci, tant que les taux restent bas. «La soutenabilité de la dette est conditionnée au niveau des taux d’intérêt et à ce que l’émetteur conserve une capacité à se refinancer», souligne cet économiste.

Le risque de la dette dans les émergents se concentre avant tout dans la dette privée mais la dette publique commence à prendre une part importante à la suite de la crise. Si la dette dans les pays développés se caractérise par son essor au-dessus des 100% du PIB, elle est marquée dans les pays émergents par son hétérogénéité, surtout frappante en Amérique latine.

«Quand les taux réels apparents sont plus élevés que la croissance, la dette est potentiellement insoutenable à moyen terme», souligne Thierry Apoteker. Les pays les plus vulnérables sont le Brésil ou le Mexique ainsi que la Pologne, l’Afrique du Sud et la Russie dans les autres régions. Le moyen le plus évident de sortir de cette boucle négative est d’améliorer la croissance potentielle mais cela suppose des réformes structurelles qui sont difficiles à court terme.

Le problème de soutenabilité des dettes concerne également la majorité des pays développés. Or les solutions permettant de faire face à cette situation s’amenuisent. «La solution de la rigueur est aujourd’hui politiquement impossible et difficile à mettre en œuvre», poursuit ce dernier qui a calculé qu’il faudrait 14 points de solde primaire positif au cours des cinq prochaines années pour permettre aux Etats-Unis de stabiliser la dette au niveau actuel. Il en faudrait 7 pour la France. Deux autres options sont envisageables: améliorer la croissance potentielle ou avoir une accélération de l’inflation. Les Etats-Unis sont mieux armés que la zone euro. Reste la répression financière durable avec des taux bas longtemps.

Mais le problème de la dette n’est-il pas avant tout celui de l’épargne? Anton Brender et Florence Pisani, économistes chez Candriam, expliquent dans leur dernier livre («Economie de la dette») que la dette publique est élevée dans les pays développés parce qu’ils jouent le rôle d’un emprunteur en dernier ressort qui absorbe l’excédent d’épargne que dégagent les agents privés.

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