
La dette faiblit sauf dans les pays émergents

L’inflation a du bon lorsqu’elle réduit le niveau d’endettement. Celui-ci a diminué pour le sixième trimestre consécutif dans le monde par rapport au produit intérieur brut (PIB) et pour le deuxième trimestre consécutif en absolu, selon le global debt monitor publié mardi par l’Institute of International Finance (IIF). La dette a reculé de 6.400 milliards de dollars à 290.900 milliards, à fin septembre 2022, soit plus de 15.000 milliards de moins par rapport au pic du premier trimestre 2022.
Le resserrement des politiques monétaires et la hausse des taux, ainsi que la force du dollar, ont limité les émissions de dettes. Par ailleurs, la forte inflation a eu un impact positif sur le ratio de dette sur PIB qui a diminué à 343%, la hausse des prix ayant un effet positif sur le chiffre d’affaires et les résultats des entreprises et sur les recettes fiscales des Etats.
Plus de 65% du PIB
Mais tous les pays n’en profitent pas. Si la baisse du niveau de la dette a été plus marquée dans les pays développés (notamment le Japon, le Canada, la France et le Royaume-Uni), l’effet de l’inflation sur la dette n’a pas été suffisant pour réduire le ratio dette sur PIB dans de nombreux pays émergents. «Des déficits publics toujours importants, associés à une conjoncture économique morose, ont ramené le ratio dette sur PIB des marchés émergents à son record historique de 254%, observé pour la dernière fois au premier trimestre 2021», soulignent les économistes de l’IIF. La dette publique des marchés émergents a dépassé 65% du PIB au troisième trimestre.
L’IIF alerte sur un risque de fragmentation car outre le renchérissement des coûts de financement (+400 points de base en moyenne de spread), les emprunteurs les plus risqués peuvent difficilement accéder aux financements de marché, ce qui les fragilise davantage. Le service de la dette des pays d’Afrique, en moyenne le plus élevé par rapport au PIB (plus de 15%) en comparaison d’autres pays, devrait encore progresser jusqu’à près de 25% d’ici à 2027. La force du dollar affecte également la capacité de ces pays à faire face à leurs dettes.
Au cours des dernières années, il y a eu un creusement des déficits budgétaires et courants, qui sont nettement plus élevés qu’en moyenne entre 2015 et 2020, principalement dans les pays frontières, comme le Sénégal, la Jordanie, le Ghana ou le Salvador, note Josipa Makovic, économiste marchés émergents chez Swiss Life AM. Avec une dette toujours plus élevée et des risques de restructuration.
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