La dette émergente spéculative continue d’inquiéter les marchés

Les écarts de taux entre les pays émergents bien ou mal notés demeurent à un plus haut
le-caire.PNG
Les conditions de financement se sont durcies en 2023 : la dernière émission égyptienne à 3 ans, notée B, s'est faite avec un coupon de 11%  - 

Les émergents restent fragiles. Les écarts de taux entre les titres souverains investment grade (IG) et spéculatifs (HY) demeurent à des niveaux élevés, dépassant même les écarts atteints en mars 2020. Ce, alors que les écarts de taux dans les pays développés se normalisent. Les inquiétudes sur les répercussions de la guerre en Ukraine et sur la politique monétaire américaine ont fait place à des inquiétudes sur des taux terminaux américains plus élevés et une moindre capacité de financement des émetteurs HY.

«Les émetteurs notés B ont perdu l’accès aux marchés l’an dernier, ou n’y ont plus accès qu’à des conditions restrictives, et cette situation se poursuit cette année», remarque Kevin Daly, directeur des investissements chez abrdn. De fait, si les émergents (IG et HY confondus) ont émis des montants records de dette en début d’année, les pays les moins bien notés ont dû donner des gages. La Turquie (notée B) a ainsi émis un eurobond de 2,25 milliards de dollars à 6 ans, à un coupon de 9,375%. Le dernier sukuk égyptien (B) à 3 ans, d’un volume de 1,5 milliard de dollars, a été émis avec un coupon de 11%. Seule exception, la Mongolie (B), qui a pu émettre 1,3 milliard à 5 ans, à 8,65% -mais qui a obtenu des conditions plus favorables en rachetant une partie de sa dette sur les marchés, afin de rassurer les investisseurs.

A l’inverse, le Sénégal (B+) ou la Côte d’Ivoire (BB-) ont choisi de ne pas émettre de dette cette année tant les rendements demandés par les marchés étaient élevés. «Pour 2023, les émetteurs high yield n’ont pas de remboursements importants, ce qui limite les besoins de refinancement et écarte les inquiétudes d’une vague de défaut», nuance Kevin Daly. Les premières échéances importantes tombent en 2024, le Kenya devant notamment rembourser 2 milliards de dollars de dette.

A lire aussi: Les actions émergentes retrouvent leur rang d’actif risqué

Clarté

A court terme, le mouvement de fuite vers la qualité déclenché par la faillite de SVB a empiré la situation. Une fois l’appétit au risque revenu, «les marchés vont attendre davantage de clarté sur le taux terminal de la Fed» avant de revenir sur le souverain HY émergent, remarque Kevin Daly. «Une économie américaine qui décélérerait plus vite que prévu pourrait aussi déclencher des flux positifs». D’ici là, le HY devrait continuer à sous-performer les titres IG, alors qu’il avait affiché une performance supérieure en janvier.

Les écarts de taux ne se normalisent pas pour les actifs émergents

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Pays émergents

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...