
La Chine laisse le yuan évoluer à son niveau de marché

La devise chinoise avait franchi à la baisse le seuil de 7 yuans pour un dollar le 5 août alors que la Banque populaire de Chine (PBoC) avait fixé son cours pivot à son plus bas niveau depuis 2008, suite à l’annonce des nouveaux droits de douane américains sur 300 milliards de produits jusqu’alors épargnés. Le décrochage a repris le 14 août pour atteindre 7,17 yuans pour un dollar jeudi matin, avant que Pékin appelle Washington à une reprise du dialogue.
Accusée de laisser filer sa monnaie, «la PBoC n’a pas modifié son approche qui consiste à fixer, chaque matin, un cours pivot autour duquel le yuan évolue dans une fourchette de 2% face au billet vert : ce cours pivot n’a pas été un frein aux mouvements puisque les bornes n’ont jamais été touchées, explique Yi Xiong, économiste Chine chez Deutsche Bank. Les différences : elle intervient moins qu’avant avec ses réserves de change, communique davantage pour expliquer ce cours pivot et elle souhaite que le marché fasse son travail, un taux de change déterminé par le marché étant une réponse ‘naturelle’ à l’évolution de l’économie».
L’amplitude de variation sur la deuxième phase de la guerre commerciale débutée en mai est d’ailleurs, avec un passage de 6,7 à 7,1 yuans pour un dollar, inférieure à celle de l’été 2018, quand la devise était passée de 6,3 à 6,9 yuans pour un dollar, «même si la dépréciation des derniers jours a été un peu plus rapide». Selon Yi Xiong, le yuan pourrait se stabiliser à son niveau actuel si la Chine arrivait à réengager des discussions afin de stopper les sanctions désormais prévues pour les 1er octobre et 15 décembre, ou glisser jusqu’à 7,3 sinon…
Pas de fuite importante des capitaux
L’économiste ne voit pas une fuite des capitaux chinois si importante qu’évoqué : «Premièrement, la différence des taux entre Chine et Etats-Unis reste importante, par exemple autour de 1,5% sur 10 ans, à l’avantage des obligations chinoises. Deuxièmement, la Chine essaye d’ouvrir ses marchés de capitaux, ce qui implique quelques entrées régulières. Troisièmement, le pays contrôle mieux les différentes voies de sortie telles qu’il en existe au travers du financement des flux commerciaux d’entreprise. Ces sorties de capitaux, si elles ont augmenté au deuxième trimestre, restent inférieures d’environ un tiers à celles de 2015 ou 2016.»
Enfin, il rappelle que, si les exportations chinoises ont baissé avec la guerre commerciale, les importations ont ralenti encore davantage du fait d’une demande intérieure en baisse, ce qui améliore l’excédent du compte courant et soutient le taux de change.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
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