La Bundesbank s’oppose à l’outil anti-fragmentation de la BCE

Joachim Nagel, président de la Deutsche Bundesbank
Joachim Nagel, président de la Deutsche Bundesbank  -  Crédit Bundesbank.

Difficile d’arriver à un consensus. Lors d’un discours virtuel à Francfort, le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a explicité ses doutes concernant l’outil anti-fragmentation que pourrait utiliser la Banque centrale européenne (BCE). «Je mettrais donc en garde contre l’utilisation d’instruments de politique monétaire pour limiter les primes de risque», a-t-il déclaré. Tout en soulignant que les responsables ne devraient appliquer de telles mesures que dans des «circonstances exceptionnelles et dans des conditions étroitement définies».

A la suite d’un écartement de plus de 250 points de base entre les taux à 10 ans de l’Allemagne et de l’Italie, les membres du conseil des gouverneurs de la BCE, dont Joachim Nagel fait partie, s’étaient réunis en urgence le 15 juin. L’institution s’était engagée à agir contre le risque de fragmentation financière de la zone euro et devrait dévoiler les contours d’un nouvel instrument lors de sa prochaine réunion de politique monétaire du 21 juillet.

Mais selon l’agence Reuters, le président de la Bundesbank s’était opposé à cette promesse de soutien des pays les plus fragiles. C’est la première fois qu’il prend publiquement la parole sur ce sujet. D’autre banquiers centraux « faucons », comme le Belge Pierre Wunsch et le Néerlandais Klaas Knot, ont quant à eux soutenu l’idée d’un outil anti-fragmentation, un mal nécessaire à leurs yeux pour pouvoir monter rapidement les taux et juguler l’inflation, sans entraîner de nouvelle crise des dettes souveraine.

Si une telle mesure est effectivement mise en place, elle doit être « strictement temporaire », a déclaré lundi le patron de la Buba. Il a aussi précisé que cette mesure devait maintenir la pression sur les pays pour qu’ils mènent des politiques budgétaires viables et réduisent leur niveau d’endettement.

Politique restrictive

Par ailleurs, toujours selon le président de la Bundesbank, l’aide doit être justifiée uniquement par des raisons de politique monétaire et les achats d’obligations dans les pays d’Europe du Sud doivent être neutralisés afin que l’orientation globale de la politique monétaire ne soit pas affectée.

Joachim Nagel a souligné que plus encore que la fragmentation, l’inflation restait le principal problème de la zone euro. Alors que la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle augmenterait ses taux de 25 points de base (pb) lors de sa réunion du 21 juillet, « une orientation restrictive de la politique monétaire peut être nécessaire pour y parvenir, au moins temporairement. » La nuance est importante: d’autres membres de la BCE évoquent pour l’heure une «normalisation» de la politique monétaire.

A la suite de ces déclarations, l’écart entre le taux à 10 ans allemand et italien s’est élargi de 6 points de base pour atteindre 190 pb.

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