La Banque du Japon n’a pas engagé la sortie de sa politique ultra-accommodante

L’assouplissement annoncé du contrôle de la courbe n’est pas une sortie de cette politique, selon le gouverneur. Mais le gouvernement l’envisage après son départ.
Xavier Diaz
BoJ Banque du Japon
La Banque du Japon, à Tokyo.  -  Crédit Bloomberg.

Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) marche sur des œufs. Haruhiko Kuroda est contraint de faire le service après-vente après que la banque centrale a décidé, il y a tout juste une semaine, d’augmenter la fourchette des rendements des emprunts d’Etat à 10 ans dans le cadre de sa stratégie de contrôle de la courbe (yield curve control).

Les investisseurs, qui ne s’y attendaient pas, y ont vu les prémices d’une fin de la politique ultra-accommodante de la BoJ. L’institution japonaise est la dernière grande banque centrale à poursuivre ce type de politique monétaire. Le gouverneur a dû insister, dans un discours prononcé lundi devant les membres de l’organisation patronale Keidanren, sur le fait qu’il ne fallait pas s’attendre à une sortie de cette politique à court terme. «Ces mesures ont été mises en place pour conduire l’assouplissement monétaire de manière durable et harmonieuse tout en tenant compte des transmissions des effets d’assouplissement monétaire, y compris au financement des entreprises ; ce n’est définitivement pas un pas vers une sortie», a-t-il affirmé, précisant que la banque «s’efforcera[it] d’atteindre l’objectif de stabilité des prix dans une manière durable et stable, accompagnée d’augmentations salariales, en poursuivant l’assouplissement monétaire dans le cadre du contrôle de la courbe des taux».

Lors de sa dernière réunion, la BoJ a augmenté la bande de rendement dans laquelle peut évoluer le taux à 10 ans de 25 points de base (pb) à 50 pb autour de 0%, tout en augmentant le volume de rachats d’actifs, de 7.300 milliards de yens par mois à 9.000 milliards de yens par mois. Une façon de montrer sa détermination à poursuivre cette stratégie. Le gouverneur de la BoJ avait déjà invoqué le besoin d’«améliorer le fonctionnement du marché» des titres souverains pour justifier ce geste, tout en refusant de parler d’un durcissement monétaire.

Stratégie de réorientation

Pourtant, lundi, il a décrit un marché du travail dont les conditions commencent à se durcir en raison de l’intensification des pénuries de main-d’œuvre et des changements structurels sur ce marché, avec une hausse progressive à venir des salaires. «Le Japon approche d’un moment critique pour sortir d’une période prolongée de faible inflation et de faible croissance», a-t-il déclaré.

Les marchés se préparent surtout à un changement de braquet de la part de la BoJ après le départ de Haruhiko Kuroda en avril, à l’issue de son deuxième mandat. Son successeur pourrait engager cette sortie de la politique ultra-accommodante, très critiquée, y compris au sein du gouvernement, car cela a provoqué une chute du yen et alimenté l’inflation. Le Premier ministre, Fumio Kishida, a confirmé, lundi, qu’une décision sur l’opportunité de réviser cette politique serait prise après la nomination du nouveau gouverneur.

Le gouvernement envisagerait de réviser la déclaration commune qui met l’accent sur les mesures à prendre pour vaincre la déflation et a empêché la banque centrale d’ajuster la politique monétaire de manière plus flexible, selon des sources gouvernementales citées par Reuters. Une telle décision aurait des répercussions bien au-delà des seuls actifs japonais. Pour l’heure, le rendement de l’emprunt à 10 ans japonais a rebondi à 0,43% (0,48% au plus haut), un plus haut de plus de sept ans. Après avoir grimpé à 130 yens pour un dollar, la devise japonaise se maintenait autour de 133 yens lundi.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...