Face à la crise énergétique, Bruxelles fustige le manque de ciblage des soutiens publics

Outre le poids sur les finances publiques, l’approche actuelle des États risque d’alimenter l’inflation et de saper les incitations à réduire la consommation d’énergie, alerte la Commission européenne.
Clément Solal, à Bruxelles

Une proportion de 70% des mesures budgétaires de soutien des Etats membres aux entreprises et aux ménages pour affronter la crise énergétique ne fait l’objet d’aucun ciblage, selon la Commission européenne. Bruxelles a dévoilé ses grandes orientations de politique économique à l’attention des Vingt-Sept pour 2023, sur la base de ses prévisions économiques d’automne. Présentées le 11 novembre, celles-ci anticipent une croissance atone l’an prochain, à hauteur de 0,3% tant au niveau la zone euro que de l’UE, sur fond d’inflation galopante (8,5% anticipés en zone euro).

Parmi les principales recommandations : opérer une transition vers des mesures d’aides qui soient ciblées vers les seuls ménages et entreprises les plus affectés par la crise énergétique, et, d’un point de vue macroéconomique, vers une politique budgétaire non plus expansionniste comme en 2021 et en 2022, mais « neutre ». Outre un manque patent de ciblage, la Commission regrette que ces mesures agissent « pour la grande majorité » sur les prix, et non sur les revenus, comme elle le recommande. Aux yeux de Bruxelles, prolonger l’approche actuelle implique de multiples risques : celui d’« endommager le signal-prix », sapant ainsi les incitations à réduire la consommation, celui d’alimenter l’inflation et, naturellement, un danger pour les finances publiques des Etats.

« Nous estimons que ces mesures de soutien ont représenté 1,3% du PIB en 2022. Sur la base de notre analyse des projets budgétaires préparés par les Etats, le coût devrait diminuer en dessous de 1% en 2023. Mais ce chiffre tient au postulat que bon nombre de ces mesures expireront en début d’année prochaine. Si ces aides venaient à être reconduites sous la même forme, la politique budgétaire qui s’annonce aujourd’hui comme neutre sur le papier pourrait s’avérer expansionniste. Il y a ici un vrai risque », alerte un haut fonctionnaire de l’exécutif européen.

Opinion positive sur le plan budgétaire français

Parmi les pays les plus endettés, pour qui la prudence budgétaire est fortement recommandée, la Commission émet une opinion positive sur les plans budgétaires de la France, de la Grèce et de l’Espagne, mais affiche sa vigilance. Bruxelles s’inquiète en revanche d’un dérapage des dépenses publiques dans le plan de la Belgique et, dans une moindre mesure, dans celui du Portugal. L’exécutif européen se prononcera dans les prochaines semaines sur le projet de budget italien, élaboré plus tard qu’ailleurs dans l’UE suite aux élections législatives du 25 septembre.

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