Exportations en perspective pour l’éthanol américain

La demande au Brésil, en Inde et en Chine arrive à point nommé pour une filière dont les marges sont sous pression.
S. Berthelet, CFA et B. Hélin, SMA Gestion

L’éthanol, fabriqué essentiellement à base de maïs aux Etats-Unis, est mélangé avec de l’essence ordinaire. Aujourd’hui, les volumes consommés représentent environ 10% des volumes d’essence au niveau national, reflétant l’usage désormais largement répandu du E10, comportant au maximum 10% d’éthanol. Les réglementations américaines en la matière datent de 2005 («Renewable Fuel Standards») et fixent chaque année depuis les quotas d’incorporation de biocarburants pour tous les raffineurs.

Les seuils cibles de ces trois dernières années sont restés constants dans la mesure où le taux d’incorporation national a déjà atteint le «blend wall» des 10%. De plus, la distribution à grande échelle de carburants contenant davantage d’éthanol, comme le E15 ou le E85, n’est pas encore assurée : toutes les stations n’en proposent pas. Autrement dit, la croissance de la demande américaine d’éthanol a tendance à plafonner, d’autant plus que les motorisations sont de plus en plus efficientes en termes de consommation de carburant.

De son côté, la production n’a cessé de croître sur la période, profitant de la normalisation des prix des intrants depuis 2014 (maïs et énergie) jusqu’à alimenter une hausse significative des stocks d’éthanol. En conséquence, les marges des grands transformateurs de la «corn belt» sont aujourd’hui sous pression. De ce fait, la filière est contrainte de baisser les taux d’utilisation de ses capacités, comme l’a récemment annoncé Green Plains, mais surtout de rechercher des débouchés à l’international plus rentables (cf. graphique).

D’une part, les exportations américaines à destination du Brésil devraient rester fermes en raison des difficultés de la production locale à base de canne à sucre à répondre à la demande. Le récent tassement des rendements de la canne, le grand nombre de véhicules «flex fuel» en circulation (pouvant consommer du E85) et le rebond des prix de l’essence locale (administrés par la compagnie nationale Petrobras qui est toujours en voie de désendettement) maintiennent, en effet, la consommation locale d’éthanol à des niveaux records. D’autre part, les débouchés en Inde et en Chine sont prometteurs du fait de la croissance de la consommation de carburants et des politiques locales qui ambitionnent d’atteindre des taux d’incorporation d’éthanol de 10% à horizon 1-3 ans, multipliant ainsi respectivement par 3 et 4 la consommation des deux géants asiatiques à moyen terme.

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