Euroapi défie la déprime boursière ambiante

Dans un environnement compliqué pour les marchés financiers, l’action Euroapi fait des débuts tonitruants en Bourse.
Johann Corric
EUROAPI - filiale de sanofi - à Vertolaye Bâtiment Duclaux
L’action Euroapi a bondi de 12% pour sa première journée de cotation.  -  © Fabien Malot /Euroapi

Les dirigeants de Sanofi ont de quoi se réjouir. La mise en Bourse d’Euroapi, l’entité de production de principes actifs pharmaceutiques (API) du laboratoire, annoncée dès janvier 2021, est un franc succès. Le titre a été introduit sur Euronext Paris le 6 mai dernier au prix de référence de 12 euros et a bondi de 14% depuis. L’affaire n’avait pourtant rien de gagné. Depuis le début de l’année, les conditions de marché se sont fortement dégradées à cause de la flambée de l’inflation, du conflit en Ukraine et des confinements en Chine.

Le groupe a dû s’adapter à ce nouvel environnement. Opter pour «la structure d’un spin-off, soit une distribution des actions aux actionnaires de Sanofi, a permis une certitude d’exécution à Sanofi et à Euroapi, dans un marché des introductions en bourse difficile depuis la guerre en Ukraine», confie Alexis Le Touzé, responsable des marchés primaires actions (ECM) chez BNP Paribas. «Pour effectuer une introduction en Bourse classique, il faut disposer d’une visibilité d’au moins trois semaines, ce qui n’est pas le cas dans le contexte actuel», confirme Paul Mihailovitch, managing director chez JPMorgan Chase. BNP Paribas et JPMorgan font partie, avec Bank of America, des trois banques meneuses de l’opération d’introduction en Bourse d’Euroapi.

Un prix attrayant

En optant pour un spin-off, le laboratoire a renoncé aux quelques centaines de millions d’euros qu’il aurait pu retirer de l’opération. En contrepartie, «le prix a été déterminé à un niveau intéressant pour ceux qui souhaitaient acquérir l’action», reconnaît l’expert de JPMorgan Chase. Plusieurs courtiers ayant initié la couverture d’Euroapi fixent d’ailleurs des objectifs de cours bien supérieurs aux 12 euros initiaux : Exane vise 19 euros, Deutsche Bank 20 euros, Oddo BHF 17,8 euros, JPMorgan Cazenove 17 euros…

Le groupe profite aussi de son positionnement sur des marchés défensifs de croissance, une thématique très recherchée des investisseurs en ce moment. Le secteur de la santé dans son ensemble est peu sensible au cycle économique – l’action Sanofi progresse d’ailleurs de 15% depuis le début de l’année – et les activités d’Euroapi sont encore moins sujettes aux aléas que le reste de l’industrie. En tant que producteur de la matière première (molécules de synthèse, molécules biochimiques, peptides, etc.) utilisée par les laboratoires pharmaceutiques, le groupe ne dépend pas du succès ou de l’échec du développement de nouveaux médicaments. Il réalise en outre 25% de ses ventes dans le secteur porteur des CDMO (Contract Development Manufacturing Organisations) qui consiste à fabriquer des principes actifs pour le compte de clients qui en détiennent la propriété intellectuelle, notamment dans le domaine de la recherche clinique. Une industrie qui attire les convoitises comme l’illustre la récente introduction en Bourse du Spac Eureking.

Flottant limité

En dehors du giron de Sanofi, Euroapi devrait être en mesure d’accélérer sa croissance auprès de laboratoires qui étaient jusqu’à présent réticents à l’idée de travailler avec un concurrent. La qualité du management d’Euroapi est également mise en avant par Alexis Le Touzé et Paul Mihailovitch. La présidente, Viviane Monges, et le directeur général, Karl Rotthier, «sont tous deux reconnus dans le secteur», estime l’expert de BNP Paribas. Enfin, Euroapi fabrique la totalité de ses principes actifs en Europe ce qui devrait lui permettre de profiter de la tendance à la relocalisation de la production de médicaments sur le Vieux Continent dans un contexte post-pandémique.

Autant de facteurs qui rendent l’action attrayante aux yeux des investisseurs alors même que le papier est limité sur le titre. La part du flottant est en effet de 53% seulement, le solde étant détenu par L’Oréal (5%), Bpifrance (12%) et Sanofi (30%) qui se sont engagés à garder leurs actions pendant 12 mois (L’Oréal) ou 24 mois (Bpifrance et Sanofi). L’effet rareté est d’autant plus important qu’Euroapi est «la seule société cotée du secteur ayant ses comptes en euros», rappellent les analystes d’Oddo BHF. Les comparables, surtout suisses, affichent en outre des niveaux de valorisation nettement plus élevés. «Le succès de l’introduction en Bourse d’Euroapi prouve que les marchés actions restent dynamiques lorsque de belles histoires se présentent», conclut Paul Mihailovitch.

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