De nouveaux soupçons de fraude planent sur Credit Suisse

La deuxième banque helvète fait l’objet d’une vaste enquête internationale sur des millions d’euros cachés par des clients.
Jade Grandin de l’Eprevier
Credit Suisse Zurich
Credit Suisse a dit coopérer avec les autorités fiscales.  -  Photo Credit Suisse.

CreditSuisse a décidément du mal à tourner la page du passé. Des raids coordonnés des autorités fiscales ont eu lieu jeudi dernier dans ses bureaux aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Australie, a déclaré vendredi le fisc néerlandais, le FIOD. Deux arrestations ont déjà eu lieu aux Pays-Bas. Les autorités n’avaient d’abord pas nommé la banque mais celle-ci s’est identifiée en déclarant vendredi que ses bureaux à Paris, Londres et Amsterdam avaient reçu la «visite» des autorités. Elle a dit coopérer. Il n’est pas encore précisé si l’enquête concerne d’anciens comptes ou de l’argent versé plus récemment.

Tout a commencé en 2016, lorsque le FIOD a prévenu ses homologues après avoir reçu un renseignement sur 55.000 individus suspectés de fraude fiscale et de blanchiment, qui auraient caché des millions d’euros sur des comptes bancaires suisses. L’agence de coordination européenne des enquêtes transfrontalières, Eurojust, a expliqué vendredi que les autorités des cinq pays concernés ont ensuite analysé d’«énormes quantités de données», cherchant à la fois «des individus et des groupes». Des salariés haut placés de la banque font également l’objet de l’enquête.

Le parquet financier parisien a indiqué que 25 agents travaillaient sur le dossier. Plusieurs milliers de comptes bancaires de clients français ouverts en suisse et non déclarés ont été découverts. «Le volume considérable de données et l’échelle internationale font de ceci un cas exceptionnel», a déclaré à Bloomberg Thierry Boitelle, un avocat genevois de Bonnard Lawson. De son côté, le procureur général suisse s’est déclaré vendredi «abasourdi de la manière dont cette opération a été organisée en excluant délibérément la Suisse».

Selon les calculs de Reuters, Credit Suisse a payé plus de 2 milliards de francs suisses (1,87 milliard d’euros) depuis 2011 aux Etats-Unis, en Allemagne et en Italie afin de mettre fin à des poursuites pour complicité de fraude fiscale. La banque a néanmoins déclaré vendredi avoir mis en place les programmes néerlandais et français de déclaration fiscale volontaire et s’être séparée des clients ne s’y conformant pas. Elle se plie aussi à la nouvelle norme de l’OCDE sur l’échange automatique d’informations fiscales entre les pays. La Suisse a commencé à collecter les données en début d’année et échangera des informations à partir de 2018.

L’action Credit Suisse a perdu 1,19% à 14,90 francs suisses vendredi, la pire performance de l’indice des banques européennes.

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