
Caceis adapte ses effectifs à la pression sur ses revenus

Big bang en vue chez Caceis. La filiale du Crédit Agricole, spécialiste du post-marché (conservation de titres, administration de fonds…) a lancé en début d’année un plan de transformation et d’évolution sur trois ans, qui s’annonce lourd de conséquences pour l’organisation du groupe.
Baptisé Turbo, ce projet devrait se traduire par environ 400 suppressions de postes nettes sur un effectif de 4.500 collaborateurs dans le monde, a appris L’Agefi. Caceis est présent dans une quinzaine de pays, en particulier au Luxembourg, en Allemagne et aux Pays-Bas, où il a racheté Kas Bank en 2019.
Sur le seul périmètre de Caceis en France, 245 suppressions nettes seraient au programme d’ici 2023, soit 12% d’un effectif d’environ 2.000 salariés. Ce nombre correspond au solde entre 370 suppressions de postes dans des fonctions opérationnelles et support, d’une part, et 125 recrutements de l’autre, pour moitié dans des fonctions liés à la donnée ou au numérique.
Un secteur aux marges étriquées
«Le marché de l’asset servicing est toujours soumis à une forte pression concurrentielle et à une pression sur les revenus liées notamment aux taux bas. Dans ce contexte, notre objectif est de poursuivre notre politique de maîtrise des charges pour assurer la croissance future de Caceis», précise Emmanuelle Marteau Fernandez, directrice des ressources humaines du groupe Caceis.
La filiale du Crédit Agricole est l’un des leaders mondiaux de l’asset servicing aux côtés des géants américains comme BNY Mellon, de BNP Paribas Securities Services et de SGSS, la division de la Société Générale. Ces acteurs jouent un rôle essentiel dans la tuyauterie des marchés financiers en assumant la plupart des tâches administratives. D’où leur image d’usines de production middle-office et back-office, à forte composante en main d’œuvre et à faibles marges, encore tassées par le niveau très bas des taux d’intérêts. En 2020, les revenus mondiaux du secteur ont diminué pour la deuxième année consécutive, à 35,7 milliards de dollars (30 milliards d’euros), selon le fournisseur de données Coalition. Les coefficients d’exploitation, qui mesurent la part des charges sur les revenus et que Caceis ne communique pas pour son compte, y sont traditionnellement élevés.
Les acteurs du post-marché ont donc des gains de productivité et d’efficacité à trouver grâce à l’automatisation et la digitalisation. «Turbo vise à renforcer le service client et l’excellence opérationnelle, à mettre plus d’agilité et de simplicité dans notre fonctionnement, ce qui correspond d’ailleurs aux attentes de nos collaborateurs», ajoute Emmanuelle Marteau Fernandez. Caceis envisage, par exemple, de réduire les silos et d’accroître les niveaux de délégation dans la prise de décision.
Pas de départs contraints
Cette transformation à horizon 2023 se ferait sans départs contraints. Son turnover et sa pyramide des âges permettraient au groupe de couvrir les départs. «Nous prenons la mesure de ce qu’un tel projet amène en termes de questionnement chez les salariés. Nous discutons avec nos partenaires sociaux depuis janvier et avons mis en place un dispositif de proximité pour accompagner les collaborateurs», indique Vincent Massacré, DRH France et DRH adjoint du groupe Caceis.
Un accord sur la gestion prévisionnelle des emplois est en cours de négociation avec les partenaires sociaux, pour une signature espérée dans les prochaines semaines.
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