
Après l’euphorie de 2019, une pause est attendue sur le marché du crédit

Les actions ne sont pas les seules à avoir brillé en 2019 : la classe d’actifs crédit a aussi affiché des performances exceptionnelles. Les taux bas, voire négatifs pour une grande partie des obligations souveraines en zone euro, ont poussé les investisseurs en recherche de rendement vers les obligations d’entreprises en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Le marché investment grade euro a progressé de 6,2% tandis que le high yield a bondi de 12,2% grâce à la baisse des taux (50 points de base [pb] pour le Bund dix ans sur l’année) et des spreads (plus de 200 pb pour le high yield). En Europe, la reprise par la Banque centrale européenne (BCE) de son programme de rachat d’obligations privées y a contribué. La performance du marché américain est encore plus spectaculaire, avec des gains de 14,7% pour l’investment grade et 14,3% pour le high yield.
Cette année, si ces performances seront difficiles à reproduire, les opérateurs ne s’attendent pas à un effondrement des cours. Le contexte de faible croissance et d’inflation basse est idéal pour la classe d’actifs. «En l’absence de récession avérée, la recherche de rendement et l’absence d’alternative continueront à soutenir l’appétit pour la classe d’actifs jusqu’au BB inclus», estime Vincent Marioni, directeur Europe des investissements crédit chez Allianz GI. Outre la forte demande des investisseurs, les facteurs techniques soutiendront la classe d’actifs, au premier rang desquels la baisse prévue des émissions nettes en 2020. Et si les spreads sont serrés, à 93 pb pour l’investment grade euro et 297 pb pour le high yield, ils restent supérieurs au point bas de 2017 et offrent un coussin par rapport au taux de défaut.
Pourtant, certains observateurs s’inquiètent de la détérioration des fondamentaux. Moody’s prévoit une hausse du taux de défaut à 3,6% d’ici à un an en Europe. L’endettement, qui est moins un fardeau en raison des faibles taux, commence toutefois à peser dans les bilans des entreprises. Leur levier financier pourrait dépasser 3,5 fois l’Ebitda cette année pour l’investment grade, tandis qu’il est déjà supérieur à 6 fois l’Ebitda pour le high yield. Au cours des derniers mois, la part des dégradations de notations a en outre dépassé celle des relèvements dans l’investment grade. La situation des entreprises américaines est encore plus tendue.
«2020 sera une année difficile pour le crédit, jugent les stratégistes crédit d’UBS. La faiblesse des profits devrait accroître le risque de défaut et les craintes sur le cycle économique.» Ils anticipent un écartement des spreads malgré le contexte de taux bas, de 35 pb et 30 pb pour l’investment grade en dollars et en euros respectivement et de 175 et 130 pb pour le high yield américain et européen. La performance totale (portage plus gain en capital) devrait être plus importante sur le marché américain, avec des gains de 2,5% et 1,1% pour l’investment grade et le high yield, contre 0,2% et -1,3% respectivement sur le marché euro. «Il convient de rester prudent sur les émetteurs les plus endettés (B/CCC), compte tenu de la persistance probable des défauts liés au contexte économique dégradé», ajoute Vincent Marioni. Quant au soutien du programme d’achat de la BCE, il est déjà intégré dans les cours, selon les stratégistes d’UBS, qui jugent son impact moins puissant qu’en 2016-2017 : «Avec 3-4 milliards d’euros d’achats mensuels, le programme est moitié moins important qu’il ne l’était en 2016-2017, époque où la croissance européenne était nettement plus élevée.»
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Wall Street atteint de nouveaux records, poussée par la Fed
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Journée de mobilisation du 18 septembre : "La France n'a pas été bloquée", se félicite Bruno Retailleau
Paris - «La France n’a pas été bloquée» jeudi lors de la journée de mobilisation sociale, qui a rassemblé 506.000 personnes dans le pays, dont 55.000 à Paris, s’est félicité le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Le ministre a annoncé, peu après 20H00, 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des actions et manifestations, où étaient présents «7.300 individus radicalisés, dangereux, black blocs». «Ils ont tenté, on l’a bien vu à travers les images, de troubler, de gâcher des cortèges et des manifestations mais heureusement nos forces de l’ordre» les ont «systématiquement» «contrés», a-t-il précisé lors d’un point de presse en sortant de la cellule interministérielle de crise relative à la journée de mobilisation nationale. Selon le ministre démissionnaire, 26 policiers et gendarmes ont été blessés. «Moi, je ne m’y habitue pas. Là encore, ça n’est pas normal». A Paris, le parquet a annoncé, à ce stade, 29 personnes en garde à vue, dont sept mineurs, «pour la très grande majorité, pour les infractions de participation à un groupement en vue de commettre des violences ou dégradations, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, et port d’arme de catégorie D, cette catégorie désignant indifféremment gazeuse, couteau, etc». «On a compté à 19H00 700 actions de voie publique», c’est-à-dire «des tentatives de blocage, de filtrage ou des cortèges», a précisé Bruno Retailleau, et «140 actions de déblocages ont eu lieu, dont 18 à Paris». «Dans la quasi-totalité des cas», les manifestations se sont déroulées «dans de bonnes conditions en province, à Paris également», a-t-il encore dit. «Globalement, il y a moins de participation dans les grandes agglomérations» mais davantage «dans les plus petites agglomérations, dans des villes de province», avec «dans les cortèges beaucoup de présence syndicale et beaucoup moins (...) de présence de lycéens», a détaillé M. Retailleau. «C'étaient deux journées en une, il y avait le mouvement Bloquons tout le matin et ensuite les cortèges en fin de matinée et pendant l’après-midi», a-t-il relaté. «Les forces de l’ordre ont été très, très réactives et nous avons débloqué systématiquement celles et ceux qui prétendaient bloquer un certain nombre d’infrastructures, de lycées ou autres» et «ces interventions précisément ont permis d’assurer la libre circulation (...) sur l’ensemble des grands axes de circulation», a-t-il souligné, rappelant que 80.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. © Agence France-Presse -
Pornographie : Free propose un VPN gratuit pour contourner la limite d'âge, un député signale l'opérateur à l'Arcom
Strasbourg - Le député PS Thierry Sother a annoncé jeudi qu’il saisissait l’Arcom, le gendarme du numérique, à la suite de la mise à disposition gratuite par Free d’un VPN permettant de contourner l’obligation de certifier son âge pour accéder à des sites pornographiques. Une loi entrée en vigueur cette année interdit aux mineurs l’accès aux sites pornographiques. Mais l’opérateur Free a annoncé mardi mettre gratuitement à disposition de ses abonnés à ses offres mobiles un réseau privé virtuel (VPN), un logiciel qui permet de cacher sa localisation réelle. «Ce dispositif permet à tous les abonnés -sans distinction d'âge- de masquer leur adresse IP, de simuler une connexion depuis l’Italie ou les Pays-Bas et donc de contourner les mesures de restriction d’accès à certains sites, y compris celles liées à la protection des mineurs», explique le député du Bas-Rhin dans un communiqué. L’initiative de Free «soulève de graves préoccupations», poursuit-il. «En offrant aux mineurs un moyen simple d'échapper à ces dispositifs, Free compromet directement l’efficacité et la portée de cette législation» sur la vérification de l'âge. Au-delà de cette loi, le VPN de Free «menace l’ensemble des futures régulations numériques visant à protéger les mineurs et les internautes français», avertit M. Sother. «En particulier, le projet annoncé par le gouvernement d’interdire l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans deviendrait inapplicable si des opérateurs fournissent eux-mêmes des outils généralisés de contournement». Dénonçant «un risque majeur pour la santé de nos enfants», le député annonce avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) «afin qu’elle enjoigne sans délai à l’entreprise Free de prendre les dispositions nécessaires au respect de la loi». «Le service VPN proposé par Free est un service qui existe déjà par ailleurs, et qui est proposé par de très nombreux acteurs du marché, en France comme à l’international», s’est défendu auprès de l’AFP l’opérateur. Free a aussi précisé offrir «un contrôle parental gratuit sur les offres mobiles», qui reste actif lorsque le VPN est activé, et permettre aux parents de garder le contrôle sur la ligne secondaire de leur enfant. Cinq sites internet pornographiques, qui avaient reçu une mise en demeure en août, ont mis en place des mesures de vérification de l'âge de leurs utilisateurs, a indiqué l’Arcom le mois dernier. Le géant du secteur Aylo, maison mère des plateformes Youporn, Pornhub et Redtube, a en revanche suspendu ses sites en France. Selon une étude menée sur le premier semestre 2024 par l’Arcom, près de 40% des enfants en France accèdent à des sites pornographiques chaque mois. © Agence France-Presse