
Après la crise, la dette

La planète finance s’apprête à commémorer les dix ans de la faillite de Lehman Brothers. Dix années qui auront soumis les prêteurs traditionnels à un traitement de choc réglementaire, et fini par creuser l’écart de performance entre les acteurs américains, pourtant à l’origine de la déflagration dès 2007, et européens (lire Horizons). Dix ans, comme le temps jugé nécessaire à la résorption d’une crise de l’endettement. Pourtant, l’effet le plus spectaculaire de ce cataclysme réside dans l’inexorable progression de la dette dans toutes les grandes économies. Au dernier pointage, celui-ci avoisinait 250.000 milliards de dollars dans le monde, plus du triple du produit intérieur brut annuel. Bien que ce ratio ait tendance à se stabiliser depuis trois ans, les montants en jeu se sont accrus de plus de 40 % en moyenne en valeur absolue sur la décennie écoulée, la Chine menant le bal.
Dans les premiers temps, les Etats ont assumé les effets de la grande récession à coups d’emprunts pendant que les agents privés se déchargeaient tant bien que mal de leur fardeau. Le secteur public ne donne pas, depuis, de signe de modération, lorsqu’il ne s’engage pas dans une relance budgétaire à contretemps comme le fait aujourd’hui l’administration Trump. Pis, ces dernières années, l’emballement est à nouveau général. Si en Espagne ou aux Etats-Unis, pays parmi les plus touchés par la chute des prix de l’immobilier, les ménages ont réduit leur endettement, ils l’ont nettement accru dans des contrées touchées à leur tour par des phénomènes de bulle, comme l’Australie et le Canada. C’est cependant du côté des entreprises non financières que la tendance est la plus inquiétante. Dans les pays émergents, elles ont usé et abusé des prêts et obligations libellés en dollar ; même au sein des économies développées, les superviseurs, à l’image de la Banque de France, tirent la sonnette d’alarme devant certains niveaux de levier devenus excessifs.
Deux résultantes de la crise financière ont permis cet emballement : la persistance de taux très bas, voire négatifs, conséquence de l’interventionnisme universel des banques centrales, et l’essor du shadow banking, qui s’est naturellement engouffré dans l’espace laissé vacant par des banques désormais plus corsetées. La finance parallèle, difficile à appréhender par les régulateurs mondiaux, aura longtemps encore les coudées franches. La remontée des taux, Arlésienne des prévisionnistes, se trouve quant à elle suspendue à un retour à la normale des politiques monétaires. Or, l’incessante alternance entre restriction et relance du crédit dont les autorités chinoises sont coutumières dit bien toute la difficulté à s’attaquer à ce problème de fond. Pour avoir dû soigner le mal par le mal, les banquiers centraux et les responsables politiques se retrouvent désormais face à un mur de dette plus intimidant que jamais.
Plus d'articles du même thème
-
La BCE laisse de nouveau ses taux directeurs inchangés
Comme en juillet, la Banque centrale européenne maintient son principal taux à 2% après l'avoir divisé par deux en un an. -
La justice bloque provisoirement la destitution de la gouverneure de la Fed
Une juge fédérale a estimé que le président Donald Trump ne peut pas licencier Lisa Cook par une simple lettre et sur la base d’allégations pour fraude qui n’ont tien à voir avec l’exercice de ses fonctions. -
Les gestionnaires changent leurs vues sur les taux directeurs
Les prévisionnistes sondés par L’Agefi ont davantage touché à leurs prévisions de taux début septembre que début juillet. Ils repoussent la dernière baisse de la Banque centrale européenne à la fin de l’année plutôt qu’en septembre, et voient la Fed relancer prochainement son assouplissement, en parallèle d’une repentification de la courbe.
ETF à la Une

UBS AM liste quatre ETF construits autour des «Mega Cap»
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
Agriculture: la FNSEA souhaite une journée de mobilisation le 25 septembre
Paris - Le syndicat agricole FNSEA appelle à «une grande journée d’action» autour des questions des échanges internationaux pour les produits agricoles le vendredi 25 septembre à travers toute la France, annonce son président Arnaud Rousseau dans un entretien au Journal du dimanche. Cette mobilisation aura lieu contre «le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres», explique le dirigeant. «A l’image des œufs ukrainiens: tous ces produits qui entrent sur notre territoire et que nous ne voulons pas voir dans nos assiettes, car ils sont dangereux pour la santé et pour l’environnement!», poursuit-il. «Les actions sont à l’appréciation des fédérations départementales mais ça peut prendre la forme de visite de grandes surfaces pour aller chercher tous les produits non conformes», a précisé à l’AFP un porte-parole du premier syndicat agricole français, qui mènera ces actions avec les Jeunes agriculteurs (JA). La FNSEA et les JA avaient déjà dit leur hostilité à l’accord de libre-échange entre des pays latino-américains du Mercosur et l’Union européenne. Cet accord UE-Mercosur doit notamment permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, au risque de fragiliser certaines filières agricoles européennes. La FNSEA avait indiqué ne pas vouloir participer au mouvement «Bloquons tout» du 10 septembre pour éviter une «récupération politique» mais avait déjà prévu une mobilisation «cet automne» sur ses propres revendications. «Nous attendons une date de rendez-vous avec (le nouveau Premier ministre) M. Lecornu dans les prochains jours», a précisé le porte-parole à l’AFP. © Agence France-Presse -
Remise en cause
Union européenne : comment l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 pourrait sauter
La Commission européenne envisage des flexibilités face aux appels à l’aide du secteur automobile, inquiet de la concurrence chinoise -
Sébastien Lecornu nouveau Premier ministre: une majorité de Français pas satisfaits selon les sondages
Paris - Les Français ont majoritairement une opinion défavorable du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, selon deux sondages publiés dimanche, même si les chiffres varient sensiblement entre l’institut Ifop dans le JDD et Ipsos/BVA dans la Tribune Dimanche. Avec seulement 16% d’opinions favorables (contre 40% d’opinions défavorables), le chef du gouvernement fait moins bien que son prédécesseur François Bayrou (20%) lors de sa nomination et il est nettement distancé par Gabriel Attal (37%), Michel Barnier (34%) et Elisabeth Borne (27%), indique le baromètre mensuel Ipsos/BVA publié par la Tribune Dimanche. L’institut de sondage note que 44% des personnes interrogées disent ne pas connaître suffisamment Sébastien Lecornu pour se prononcer. Le nouveau chef du gouvernement a été nommé mardi par le président Emmanuel Macron. Selon cette enquête, 60% des Français pensent en outre qu’il ne parviendra pas à un compromis avec des partis d’opposition pour faire adopter le budget 2026. Pour l’Ifop dans le Journal du dimanche (JDD), le total des satisfaits concernant Sébastien Lecornu s'établit à 38%, soit quatre points de plus que François Bayrou lors de sa prise de fonctions. L’institut mesure le total des mécontents à 62%. Les deux sondages montrent également une chute de la popularité d’Emmanuel Macron. Pour Ipsos/BVA, il atteint dans ce baromètre son plus bas historique depuis son arrivée à l’Elysée en 2017, avec seulement 17% d’opinions favorables et une chute vertigineuse de 18 points dans son propre électorat. L’Ifop de son côté mesure la part des mécontents du chef de l’Etat à 81% (+ 5 points), contre 19% de satisfaits. Parmi les personnalités dont les Français seraient satisfaits qu’elles arrivent à la présidence du pays, le président du RN Jordan Bardella arrive en tête (35%), devant la leader du parti Marine Le Pen (32%), puis le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (27%), qui devance l’ancien Premier ministre Edouard Philippe (25%), d’après l’enquête Ipsos/BVA. Raphaël Glucksmann, la première personnalité de gauche dans ce classement, arrive en huitième position (18%). L’enquête Ipsos/BVA a été réalisée du 11 au 12 septembre par internet auprès d’un échantillon représentatif de 1.000 personnes selon la méthode des quotas. L’enquête Ifop a été réalisée du 10 au 11 septembre en ligne, sur un échantillon représentatif de 1.000 personnes selon la méthode des quotas. © Agence France-Presse