
2019 s’annonce peu fructueuse pour les OPA à Paris
En lançant son offre sur Altran, l’une des trois plus importantes opérations de ces dix dernières années, Capgemini va-t-il enfin réveiller le marché des offres publiques à Paris ? Le projet d’opération sur Latécoère annoncé le 28 juin va dans ce sens, mais cela reste insuffisant. En effet, «2019 sera une mauvaise année pour les OPA en France, anticipe Hubert Segain, avocat associé chez Herbert Smith Freehills. Après 40 opérations en 2017 et 22 en 2018, nous ne devrions guère faire mieux cette année, même si nous attendons des opérations pour le second semestre. De plus, en retraitant de ces OPA les opérations techniques et les offres simplifiées, rares sont les ‘vraies’ OPA.»
Si, déjà, 2018 était une année décevante, «2019 pourrait être pire, explique Marc Lefèvre, associé EY. Sur le premier trimestre 2019, dix opérations ont été clôturées à Paris – sept OPA (Parrot, Tessi, Keyo, Locindus…) et trois retraits de cote –, pour une valorisation globale d’environ 250 millions d’euros. Or, sur la même période de l’an dernier, les onze opérations réalisées pesaient 1 milliard d’euros. Les sociétés acquises cette année, pour moitié des technologiques, offraient de faibles valorisations.»
En pourcentage de la cote, le nombre d’OPA est très faible. «Une constante, sans doute culturelle en Europe, explique Marc Lefèvre. En revanche, la cote bouge beaucoup plus vite aux Etats-Unis, grâce aux nombreuses OPA.»
De plus en plus de risques pèsent sur les OPA
Pourquoi les OPA se font-elles plus rares ? «C’est toujours risqué de lancer une OPA sur une société avec un flottant élevé, poursuit Hubert Segain. C’est attirer l’attention sur une pépite et susciter des intérêts, multipliant ainsi les possibilités de surenchère, à l’instar du dossier Club Med. En outre, les dossiers sont de plus en plus compliqués, de plus en plus longs, et les autorisations des autorités de la concurrence et des investissements étrangers plus difficiles à obtenir, et souvent sous conditions.»
Pour leur part, les OPE ne convainquent pas les éventuels acquéreurs et sont de plus en plus rares. L’aléa de l’évolution des deux cours au regard de la longueur de la procédure ajoute au risque. En outre, «les activistes se régalent avec la parité et les synergies, constate Hubert Segain. Quant à l’AMF [Autorité des marchés financiers], elle voit son travail accru, devant regarder de près les deux sociétés et pas seulement la cible. Sans compter que l’AMF requiert le plus souvent, lorsque l’initiateur est étranger, une alternative en cash non plafonnée.»
Les sorties de cote devraient s’accélérer
En revanche, «le tout récent abaissement du seuil de retrait obligatoire à 90% devrait permettre de fluidifier le marché, en facilitant les sorties de cote. Un élément essentiel pour les sociétés qui songent à se coter et veulent avoir une porte de sortie», explique Hubert Segain. Alors que les sorties de cote s’étaient limitées à 16 en 2018, «elles sont déjà 13 sur le premier semestre et devraient s’accélérer grâce au changement de seuil à 90%, poursuit Marc Lefèvre. Nous pourrions être proches du pic de 33 ‘delistings’ atteint en 2017. Notamment les fonds vont investir dans des sociétés pour les sortir de la cote.»
L’assèchement de la cote, avec une poursuite des sorties de Bourse et une raréfaction des introductions, «diminue le nombre de cibles potentielles, ajoute Hubert Segain. Sans compter l’instauration des droits de vote doubles, qui rend la prise de contrôle plus difficile.» En douze ans, la cote parisienne a perdu environ 15% de ses sociétés, et ce mouvement devrait encore s’accentuer cette année, avec une seule introduction en Bourse au premier semestre (Arcure), contre huit sur la même période en 2018, pour 245 millions d’euros, et huit pour 1,8 milliard au premier semestre 2017. «Un sain nettoyage, mais qui nécessite aujourd’hui une redynamisation, poursuit Marc Lefèvre. Le rapport demandé par Bruno Le Maire à Philippe Tibi devrait donner des pistes, dans le sillage des rapports Giami-Lefèvre de 2009 et Giami-Rameix de 2012.»
Alors que l’AMF doit publier très prochainement les conclusions de son groupe de travail sur le retrait obligatoire et l’expertise indépendante, «nous sommes favorables à ce que l’AMF rende obligatoire l’expertise indépendante dans tous les cas d’offre publique. Il demeure aujourd’hui quelques trous dans la raquette. Au-delà du travail sur la valorisation, ce type d’expertise permet aussi de purger l’information, notamment en rendant publics des éléments sur le ‘business plan’ et sur les ‘management packages’», conclut Hubert Segain.
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