
Une deuxième vie... dans la finance

Conseillère à l’agence CIC d’Eu (Seine-Maritime) après avoir été infirmière, Sélenn Danjean s’épanouit au quotidien dans le poste qu’elle occupe depuis septembre dernier. « J’adore les volets commercial et relationnel qu’implique mon métier, l’organisation et la rigueur qu’il requiert », détaille la banquière. Si le phénomène n’est pas encore mesuré, la finance fait partie des domaines qui attirent pour une deuxième vie professionnelle. « Il y a toujours deux ou trois profils en reconversion dans une promotion », remarque Géraldine Broye, responsable du master audit et conseil financier de l’EM Strasbourg. Des profils qu’elle accueille avec enthousiasme. « J’ai un a priori positif, ce ne sont pas des gens qui viennent là par hasard. C’est l’aboutissement d’une démarche réfléchie, ils sont conscients des difficultés et ont une réelle motivation », poursuit Géraldine Broye.
CV et lettre de motivation en main, Sélenn Danjean a fait le tour des agences bancaires pour trouver une alternance. En quinze jours, elle a décroché son poste à l’agence CIC avec une promesse d’embauche à la clé et entamé le bachelor banque omnicanal (BBO) à l’ESBanque. La décision n’a pas été facile à prendre au départ, même si le milieu bancaire l’attirait depuis longtemps : « Pendant mes études d’infirmière, puis dans mes premiers postes, je ne me sentais pas satisfaite… Il a fallu que je m’écoute ! Aujourd’hui j’ai le sentiment d’avoir trouvé ma place. »
Epanoui, David Mazars l’est aussi dans ses nouvelles fonctions d’auditeur financier senior au cabinet d’audit et de conseil Mazars. Il a d’abord travaillé quinze ans chez Air France, comme mécanicien puis technicien. Lorsqu’une restructuration bloque son évolution de carrière, il décide de reprendre des études d’ingénieur : « J’ai d’abord suivi une prépa de remise à niveau aux Mines de Nancy, en parallèle de mon travail. » Un an de travail les soirs et les week-ends lui permet d’intégrer les Arts et Métiers. Il termine son cursus par un double diplôme à l’IAE de Paris, pour compléter sa formation avec de la finance et du marketing. « J’avais fait un peu de gestion de projet à Air France et la partie concernant le contrôle de gestion, le suivi des factures et la négociation m’intéressait beaucoup », poursuit-il. Son stage de fin d’étude chez Mazars se conclut par son embauche. « Aujourd’hui, je travaille sur le suivi de projets industriels. Ma connaissance du secteur m’a permis d’acquérir les outils de l’audit et de la finance », appuie l’auditeur de 37 ans.
Charlyne Grandvuinet a aussi découvert la finance par la porte de la gestion de projet. Diplômée d’un master en chimie, spécialisée dans la formulation des produits cosmétiques, elle démarre sa carrière dans la recherche et l’innovation chez Chanel. Elle rejoint ensuite, toujours dans la R&D, Mavala, une plus petite structure où ses missions sont plus polyvalentes. Elle prend ainsi goût à la gestion de projet et repart se former à l’EM Strasbourg, en master d’administration des entreprises (MAE). Les cours de finance et de contrôle de gestion lui plaisent tout de suite : « On est au cœur de la stratégie des entreprises et, étant scientifique, j’avais déjà une appétence pour les chiffres. » Elle travaille en contrôle de gestion et gestion de projet chez Capgemini pendant deux ans et demi et a rejoint en début d’année le laboratoire Ipsen, à un poste de contrôle financier R&D. « Cela rassemble mes deux compétences. Je comprends mieux les problématiques et l’environnement de l’équipe de recherche dont je gère le budget. C’est vraiment une force car les entreprises recherchent de plus en plus des doubles profils », observe-t-elle.
Une obligation parfois
Si les entreprises s’ouvrent à des candidats venus d’autres secteurs, il faut tout de même montrer patte blanche. Hockeyeur professionnel, Maxime Belov a évolué en équipe de France jusqu’à ce qu’il décide de raccrocher les patins à 30 ans, un âge où il n’est pas toujours facile d’entrer sur le marché du travail. Le sportif de haut niveau avait pris soin de mener ses études en parallèle et est diplômé de l’école de commerce EM Grenoble. Après deux missions et un bilan professionnel à l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), il rejoint l’audit et le conseil chez Mazars. « Le domaine de l’audit-conseil nécessite une mobilisation permanente, de la curiosité intellectuelle. J’avais besoin d’un domaine qui me challenge, comme le monde du sport », explique-t-il.
Pour Arsène Evrard Niemet Emesset Pemba, s’orienter vers la finance a permis de faire le lien avec sa première vie de dirigeant d’entreprise, une PME de 25 personnes de vente de produits pétroliers au Congo-Brazzaville. « Le chargé d’affaires est à l’interface entre la banque et l’entreprise. J’analyse la faisabilité d’un projet, je le défends devant le comité de risques crédits, je le suis, puis je vois comment l’entreprise évolue… Cela s’inscrit dans la suite logique de mon premier métier ! » La reconversion était pour lui une obligation plutôt qu’un choix au départ, puisqu’il est arrivé en France en 2018 avec le statut de réfugié politique. Il bénéficie d’un programme d’insertion dans lequel sont notamment impliqués la Fédération bancaire française et Pôle Emploi. Il est actuellement en master banque d’affaires d’Exchange College (Collège de Paris) en alternance chez HSBC comme chargé d’affaires adjoint et sera embauché à l’issue du cursus. « J’ai postulé dans un centre d’affaires parisien dédié aux PME, un choix de client qui correspond à mon expérience », se félicite-t-il.
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Famille royale : le prince Harry et le roi Charles III se rencontrent, une première en plus d'un an et demi
Londres - L’heure de la réconciliation a-t-elle sonné ? Le prince Harry et son père le roi Charles III se sont vus mercredi à Londres pour une rencontre brève mais inédite depuis plus d’un an et demi. Le fils cadet du roi, qui a rompu avec sa famille depuis son départ pour les Etats-Unis en 2020 avec son épouse Meghan, a rejoint son père dans sa résidence londonienne de Clarence House en fin d’après-midi. Charles et le duc de Sussex ont partagé un thé en privé, selon l’entourage royal. Contacté par l’AFP, le palais n’a pas immédiatement confirmé. Le prince est arrivé dans une voiture noire vers 17H20 (16H20 GMT) puis est reparti un peu moins d’une heure plus tard, a constaté un journaliste de l’AFP. Charles III, qui séjournait en Ecosse, avait lui été aperçu par des médias britanniques quittant une base militaire près de Londres, où il avait atterri en début d’après-midi mercredi. Avant de s’entretenir avec son fils, il a présidé à Londres son conseil privé et rencontré un rescapé de l’Holocauste. Il doit repartir au château de Balmoral, sa résidence écossaise, dès jeudi. Les deux hommes ne se sont pas vus depuis février 2024, quand Harry avait fait un déplacement express au Royaume-Uni après avoir appris que son père, âgé de 76 ans, souffrait d’un cancer, pour lequel il est toujours soigné. A l'époque, leur rencontre, également à Clarence House, avait duré moins de trois quarts d’heure et Harry était reparti pour la Californie le lendemain. Il est depuis revenu trois fois à Londres, sans son épouse Meghan, très critiquée au Royaume-Uni, ni leurs enfants, Archie et Lilibet, et sans rencontrer la famille royale. Spéculations Harry est arrivé lundi au Royaume-Uni pour une série d’engagements auprès d’associations caritatives qu’il soutient. Il s'était aussi recueilli sur la tombe de sa grand-mère la reine Elizabeth II, trois ans jour pour jour après son décès, le 8 septembre 2022. Avant sa rencontre avec son père, il avait visité un centre de recherche dédié aux blessés dans des explosions, à l’Imperial College de Londres. Depuis plusieurs semaines, les spéculations allaient bon train sur une éventuelle rencontre avec le roi. Surtout depuis que le tabloïd Mail on Sunday avait révélé que le chargé de communication du roi, Tobyn Andreae, et la nouvelle responsable de la communication du prince, Meredith Maines, s'étaient rencontrés début juillet à Londres. Le prince, âgé de 40 ans, avait confié en mai à la BBC qu’il «aimerait beaucoup (se) réconcilier avec (sa) famille». «Je ne sais pas combien de temps il reste à mon père», avait ajouté le frère cadet de William, l’héritier de la couronne. Depuis qu’il a renoncé à ses obligations royales et déménagé en 2020 en Californie avec sa femme Meghan, Harry s’en est pris publiquement à plusieurs reprises à la famille royale. En mars 2021, il avait donné une interview explosive à la reine américaine du talk show Oprah Winfrey, insinuant que certains membres de la famille royale étaient racistes. Après une docu-série sur Netflix en décembre 2022, dans lequel il égratignait encore «la firme» - le surnom de la famille royale - il a publié ses mémoires, «Le Suppléant», début 2023, critiquant son frère William, sa belle-soeur Kate ou encore sa belle-mère Camilla. Malgré son départ, il n’a pas coupé les ponts avec le Royaume-Uni, où il mène notamment une croisade judiciaire, au succès jusqu’ici mitigé, contre les tabloïds britanniques. Il a aussi perdu un autre combat judiciaire pour obtenir une protection policière similaire à celle qu’il avait lorsqu’il était un membre actif de la famille royale. Marie HEUCLIN © Agence France-Presse