
SMABTP et MACSF valorisent le réassureur CCR Re près d’un milliard d’euros

Les assureurs mutualistes confirment leur intérêt pour les activités de réassurance. Quelques mois après le rachat de PartnerRe par Covéa, le groupe public de réassurance CCR annonce avoir conclu « un accord d’exclusivité avec le consortium formé par SMABTP et MACSF en vue de céder le contrôle de CCR Re », sa filiale de réassurance de marché.
L’opération, qui valoriserait CCR Re sur la base de ses fonds propres économiques « soit près de 1 milliard d’euros », permettrait aux deux assureurs mutualistes d’acquérir 70% du capital de la compagnie. Ils monteront ensuite à 75% en menant une augmentation de capital concomitante de 200 millions d’euros. Les fonds propres de la filiale, qui affiche un chiffre d’affaires en hausse de 15% en 2022 autour de 1 milliard d’euros, ressortiraient alors à 1,2 milliard d’euros. La réalisation de l’opération « pourrait intervenir à la fin du premier semestre 2023 ».
Deux acteurs de réassurance internationale à Paris
« Cette valorisation est une satisfaction importante pour nous car elle se situe dans le haut de la fourchette par rapport aux chiffres que nous avions en tête quand nous avons lancé l’opération », explique Jacques Le Pape, président de CCR. Le groupe public, conseillé par Credit Suisse et Messier et Associés, a reçu une dizaine d’offres mais la différence s’est finalement faite sur le prix entre celle de SMABTP et MACSF, conseillée par Lazard, et celle du consortium formé par la Matmut et la Macif.
SMABTP et MASCF, qui vont se partager CCR Re avec des parts réciproques de 56,25% et 18,75% du capital, pourraient détenir la totalité du capital d’ici à 2026. La CCR s’arroge en effet une option de vente sur les 25 % résiduels qu’elle conserve pour l’heure, mais ne pourra céder ses parts qu’aux deux nouveaux actionnaires.
Créé en 2016 pour abriter les activités commerciales concurrentielles de la Caisse Centrale de Réassurance, CCR Re a dégagé un bénéfice net de 41 millions d’euros en 2021 pour un chiffre d’affaires de 843 millions d’euros. La filiale, active dans plus de 80 pays dans les branches vie et non vie ainsi que la réassurance de risques de spécialités, a bâti un plan stratégique à horizon 2025 qui nécessite une augmentation de capital que ne souhaite pas mener l’Etat, actionnaire à 100% du groupe CCR.
CCR Re pourrait viser un niveau d’activité de 2 milliards d’euros dans un horizon de 5 ans, une rentabilité des capitaux de 8% à 10% et n’a pas vocation à changer de nom, a appris L’Agefi. « Nous avons pris l’option de continuer à développer CCR Re, deuxième acteur de la réassurance international à Paris, à un rythme dynamique », affirme Jacques Le Pape. Derrière Scor, CCR Re est le deuxième réassureur tricolore actif dans le monde entier.
Gouvernance et conventions de services
Cette opération suppose aussi des changements importants. En termes de gouvernance, Bertrand Labilloy, jusqu’ici président-directeur général de CCR Re, occupera le poste de directeur général alors qu’il reviendra à SMABTP de nommer un président parmi les administrateurs qu’il proposera. Laurent Montador, directeur général adjoint de CCR et directeur général délégué de CCR Re, devrait aussi concentrer ses responsabilités sur CCR Re tandis que Edouard Vieillefond, directeur général délégué de la CCR, a été recruté il y a six mois pour assurer le futur de la gouvernance du groupe public. Le conseil d’administration de CCR Re sera in fine composé de douze membres : 6 désignés par SMBA BTP, 3 par CCR, dont un indépendant, 2 désignés par MACSF et un administrateur représentant les salariés.
Plusieurs conventions de services réciproques dans divers domaines seraient mises en place dans le cadre de l’opération. La plus importante concerne l’informatique avec la gestion du système d’information commune aux deux groupes qui devrait durer 18 mois à compter du closing de l’opération. CCR devrait aussi continuer à assurer la gestion d’actifs pour le compte de CCR Re jusqu’en 2024 avant qu’elle ne soit assurée par SMA Gestion. Sur les plus de 300 salariés du groupe CCR, environ 120 travaillent pour CCR Re mais un certain nombre de collaborateurs pourraient in fine être transférés dans le cadre de ces conventions, aboutissant à un total de 180 salariés environ. Les consultations avec les instances représentatives du personnel auraient déjà commencé.
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