
Néo-banques cherchent candidats agiles !

En plein lancement ou développement de leurs activités, les néo-banques recrutent ! En mars dernier, Cyrielle Delouvrier a rejoint Morning au poste de product owner, une fonction stratégique répandue dans le monde des start-up, qui consiste à être un « super-chef de projet » digital. « Je travaillais à Lyon au sein d’une SSII [société de services informatiques, NDRL] et, pour des raisons personnelles, je souhaitais revenir à Toulouse, dont je suis originaire. C’est une connaissance en poste chez Morning qui m’a transmis l’offre d’emploi. Comme je voulais sortir de l’environnement SSII, l’opportunité de découvrir un cadre de travail différent m’a plu, raconte la jeune femme de 26 ans. Aujourd’hui, je suis garante du produit. Lorsqu’une évolution est envisagée, je fais le lien avec les équipes juridique, marketing, informatique… Une fois que le projet est validé, je gère son état d’avancement, toujours en échangeant avec les personnes impliquées. » Après avoir connu des difficultés fin 2016 (notamment avec le retrait de son agrément bancaire par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), cette néo-banque un peu atypique, dont les bureaux sont situés dans la petite commune de Saint-Elix-le-Château, à 40 kilomètres de Toulouse, s’est remise sur les rails depuis qu’elle a été reprise par la Banque Edel, filiale du groupe E. Leclerc. Parmi ses priorités : étoffer l’équipe de 39 salariés. Après sept recrutements en 2017, sept autres sont ainsi prévus cette année (cinq développeurs, un product owner et un designer). A la manœuvre pour dénicher « non pas des profils standardisés mais bel et bien des personnalités atypiques venues de tous horizons », Bénédicte Jarlan, responsable RH de Morning. Pour celle qui se dit aussi « éleveuse de X-Men », « mon rôle est de faire grandir les pépites, de les conseiller et les guider au quotidien, mais c’est également de savoir dire non, donner un cadre, souligne la responsable, qui a intégré la néo-banque en juin 2016. La moyenne d’âge est de 29 ans, pour certains collaborateurs, Morning est leur première expérience professionnelle. »
Diversité des profils
Pour leurs embauches, les banques de nouvelle génération sont en quête de profils juniors (notamment pour les postes en informatique), mais aussi expérimentés (sur des sujets techniques, comme les risques). « Parmi nos premiers salariés, en 2015, beaucoup étaient des juniors, à des postes de back-office, traitement des opérations, marketing, service clients…, se souvient Sylvain Pignet, fondateur et chief executive officer (CEO) de Ditto Bank, qui emploie 72 collaborateurs d’une moyenne d’âge de 34 ans. Actuellement, une quinzaine de postes sont à pourvoir, dans l’informatique, le développement, l’expérience utilisateur… » Même si la « tech » attire, les recrutements sont difficiles, surtout à l’heure où certains profils rares sont particulièrement recherchés, comme les développeurs ou les experts du marketing digital. « Recruter des jeunes diplômés est un défi, affirme le CEO de la banque en ligne multidevise. Ils sont intéressés par les fintech mais beaucoup de jeunes des grandes écoles ont envie de créer leur propre entreprise. Quant aux profils expérimentés, ils sont parfois conservateurs quand ils viennent de banques traditionnelles. Cela dit, notre chief operating officer vient d’une grande banque française et notre DAF l’était auparavant pour la filiale d’une banque néerlandaise au Brésil. Nous voulons aussi des professionnels plus seniors car nous avons besoin de managers. » Chez Yomoni, où travaillent 19 collaborateurs, de nouvelles arrivées sont aussi à l’ordre du jour. « D’ici à la fin de l’année, nous accueillerons cinq nouveaux salariés, confie Sébastien d’Ornano, le président exécutif de la fintech spécialisée dans l’épargne en ligne. Nous cherchons des développeurs – ce sont des professionnels demandés et volatils, nous en avons déjà six – ainsi que des consultants financiers qui sont en contact direct avec les clients (ils sont quatre aujourd’hui). » Dans son agenda, Cyril Chiche, cofondateur et CEO de Lydia, doit, lui aussi, consacrer du temps aux entretiens d’embauche afin d’agrandir son entreprise de 40 salariés. « Dix nouveaux collaborateurs nous ont rejoints depuis le début de l’année : des développeurs, des chefs de projet et de produits, des personnes chargées du développement international, des data scientists…, indique le dirigeant de l’application de paiement mobile. Certains sont issus du Royaume-Uni, d’Irlande, de l’Espagne et du Portugal car Lydia y est disponible. Une dizaine de nationalités sont représentées dans la société et notre langue de travail est l’anglais, même si nos bureaux sont situés rue d’Aboukir à Paris. D’ici à fin 2018, nous avons programmé 15 recrutements, dans l’informatique, le marketing, les ressources humaines (un DRH)… »
Femmes à l’honneur
Si les femmes ne sont pas toujours très présentes à des postes clés dans les métiers de la banque traditionnelle, c’est plutôt l’inverse chez les acteurs de la banque alternative. « Nous avons des femmes dans notre équipe mais pas assez !, déplore Sylvain Pignet de Ditto Bank. Néanmoins, je note que dans les nouveaux métiers de la tech (UX designer, product owner, etc.), il y a de plus en plus de femmes. » Chez Morning, Bénédicte Jarlan voudrait voir davantage de « X-Women » dans la néo-banque toulousaine. « Les femmes représentent à ce jour un tiers de l’effectif et nous souhaiterions en attirer davantage, notamment à des postes de développement informatique, déclare la responsable RH. Peu de jeunes filles suivent un cursus de formation numérique, c’est une voie d’avenir encore méconnue… Il est important de communiquer sur la possibilité qui est faite aux femmes d’évoluer dans cet environnement aujourd’hui encore trop masculin et de le démythifier. »
Ce mois de juin, Prita Das, 26 ans, fête ses deux années au sein de Lydia comme responsable du développement UK. Au moment de sa venue en France, cette jeune Britannique diplômée d’Oxford cherchait un emploi dans une fintech sans avoir d’expérience professionnelle dans le secteur. Ce qui n’a pas empêché les dirigeants de Lydia de la recruter. « Aujourd’hui, j’ai plusieurs casquettes, dit-elle avec enthousiasme, je travaille sur le développement commercial, je gère les imprévus, je collabore avec les développeurs, le service finance, le juridique… Bâtir la stratégie de lancement de Lydia au Royaume-Uni [fin 2017] a été passionnant ! En outre, je manage un salarié, des stagiaires et des free-lances, j’apprends beaucoup. » Jessica Vignoles, 29 ans, a rejoint Nickel en février dernier après trois ans comme consultante au sein d’une petite société spécialisée dans la modélisation financière. Cette diplômée de l’Insa Lyon et de l’Essec est chargée de mission auprès du secrétaire général. « Ma fonction consiste à aider la société à se structurer. Nickel a grandi très vite : beaucoup de processus ont dû être analysés, automatisés ou optimisés afin de permettre aux collaborateurs de se consacrer à des missions à forte valeur ajoutée, explique-t-elle. A mon arrivée, on m’a conseillé d’aller voir leur façon de travailler, justement afin de comprendre leurs besoins, de leur permettre de gagner du temps. J’utilise, comme beaucoup de collègues, des outils collaboratifs et de gestion de projet car je dois travailler avec tous les services. » Ingénieure de formation, Laure de Broca a, pour sa part, été contactée par Yomoni sur LinkedIn. « Après cinq ans au sein d’une SSII, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour de mes missions, raconte cette professionnelle de 28 ans. Yomoni m’a sollicitée alors que je commençais à m’intéresser à l’univers des start-up. La société venait de réaliser une levée de fonds et cherchait un product manager. J’ai rencontré mon futur responsable, puis les fondateurs. Ils étaient à la recherche d’une personne pouvant assumer des responsabilités et être autonome. » Un poste très opérationnel : « Je fais le lien entre les équipes informatiques et les équipes métiers. J’analyse les besoins des utilisateurs et fais des propositions afin d’améliorer les fonctionnalités, ou d’en créer », précise celle qui vient de célébrer ses deux années comme product manager.
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