
Malgré des profits en hausse, les banques européennes restent peu valorisées

Contrairement à leurs concurrentes américaines, les banques européennes ont démarré l’année avec de bons résultats. Tirés par le dynamisme des prêts et la bonne performance du trading, leurs revenus sont en hausse de 8,5% sur un an, créant « le plus fort effet de surprise à la hausse depuis des années », rappelle Antonio Roman, gérant actions chez Axiom. En dépit d’importantes provisions liées à la guerre en Ukraine, leurs profits ont progressé de 6% en un an.
Le pessimisme reste, toutefois, de mise sur les marchés. L’indice Eurostoxx Banks n’est valorisé qu’à 6,7 fois les revenus anticipés pour 2022. Un multiple qui reste très bas : au cours de la dernière décennie, la médiane s’établissait à 9 fois. Le ratio cours sur bénéfices (PER) des banques européennes s’approche de 6, leur niveau minimum depuis 10 ans. « Le sentiment à l’égard des banques pourrait difficilement être plus négatif », constate Antonio Roman, qui relève une décote de 45% par rapport à l’Euro Stoxx 600.
La crainte d’un scénario noir
Pourquoi donc un tel écart entre les fondamentaux et la valorisation du secteur ? Les marchés redoutent un scénario noir marqué par un ralentissement de la demande, une hostilité des banques centrales, une entrée en récession et un coup d’arrêt de la production de crédit.
Une évolution qui reste cependant incertaine. « Nous avons l’impression de nous trouver actuellement sur une ligne de crête », relève Axiom. Les données économiques envoient actuellement «des signaux contradictoires», remarque le gérant. Pour le moment, la forte inflation n’a pas sapé la demande, soutenue par l’abondance de liquidités et d’épargne accumulées pendant la pandémie. Mais les marchés sont déstabilisés par la hausse des coûts des matières premières et des chaînes d’approvisionnement, dont l’évolution « totalement imprévisible » dépend des décisions prises par la Russie et la Chine.
Ils redoutent aussi le risque d’une spirale inflationniste prix-salaires qui force les banques centrales à agir vite et fort. Sur ce point, la conviction d’Axiom est que les banques centrales feront tout pour éviter la contraction de l'économie. Son scénario central (20% de probabilité) est donc plutôt optimiste : en faisant l’hypothèse de conditions inchangées sur l’offre et d’une politique monétaire non agressive, le prix cible pour l’Eurostoxx Banks s’établit à 109 pour l’année à venir. En cas de détérioration des conditions de l’offre (25% de probabilité), il tombe à 82.
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Paris - Une photographie de l’exposition aux pesticides: les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, démontre une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé. Très attendue, dans un contexte d’inquiétudes croissantes mais aussi de tensions avec une partie du monde agricole, l'étude PestiRiv a mesuré la présence de 56 substances dans l’urine et les cheveux de 1.946 adultes et 742 enfants, ainsi que dans l’air extérieur, les poussières et l’air des habitations, plus quelques potagers. D’une ampleur inédite, elle a porté en 2021-2022 sur 265 sites dans six régions viticoles (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Ce travail de Santé publique France et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a aussi recherché d’autres sources d’exposition potentielles (alimentation, modes de vie). «Cohérents» avec ceux d'études aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, selon les deux agences, les résultats montrent que les riverains des vignobles «sont plus exposés aux produits phytopharmaceutiques (fongicides, herbicides, insecticides ndlr) que ce(ux) vivant loin de toute culture». Ils ont été communiqués aux parties prenantes (exploitants, élus locaux, ONG...) La majorité des substances, spécifiques à cette culture (folpel, métirame) ou pas (glyphosate, fosétyl-aluminium, spiroxamine...), ont été retrouvées près des vignes - culture choisie pour sa forte consommation de ces produits et sa proximité des habitations. Enfants plus imprégnés Dans les zones viticoles (à moins de 500 mètres) ont été retrouvés des niveaux de contamination parfois supérieurs de «45% dans les urines», «plus de 1.000% dans les poussières», «12 fois» plus grands dans l’air ambiant, comparé aux zones à plus d’un kilomètre de toute culture, a détaillé à la presse Clémence Fillol (SpF). En période de traitement des cultures, les «niveaux de contamination pouvaient augmenter de jusqu'à 60% dans les urines ou selon les pesticides mesurés», de «plus de 700% dans les poussières, jusqu'à «45 fois dans l’air ambiant», a-t-elle poursuivi. Deux facteurs principaux sont apparus dans cette exposition: elle augmente avec la quantité de pesticides épandue et diminue avec l'éloignement des vignes, a précisé Ohri Yamada (Anses). La durée d’aération du logement et du temps passé à l’extérieur jouent aussi, dans une moindre mesure. Les enfants de 3 à 6 ans étaient plus imprégnés, car «davantage en contact avec le sol» ou portant les mains à leur bouche, «par leur apport alimentaire aussi», a précisé Mme Fillol. Les moins de trois ans n’ont pas été inclus, les scientifiques invoquant des difficultés concrètes (recueil d’urine...). Et trop peu de viticulteurs et ouvriers agricoles ont participé pour établir une imprégnation spécifique. Autre limite: les chercheurs n’ont pas pu accéder aux «données réelles d’utilisation des produits phytopharmaceutiques», et ont dû employer «une méthode très complexe et très chronophage» pour reconstituer les quantités de pesticides épandues. Surtout, cette photographie n'évalue pas les effets de ces expositions sur la santé. «Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine», notamment sur des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer. Cette étude «ne prétend pas répondre à toutes les questions», a souligné Caroline Semaille, directrice générale de SpF, et «d’autres grandes enquêtes avec l’Anses viendront compléter ses premiers résultats». Même si les niveaux d’exposition ne dépassent pas ceux anticipés dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) de pesticides, les agences recommandent, par précaution, de «réduire au strict nécessaire le recours aux produits phytopharmaceutiques», avec notamment une application «ambitieuse» de la stratégie Ecophyto. Autre préconisation: informer les habitants avant les traitements pour qu’ils puissent adapter leur comportement: se déchausser en rentrant chez soi, nettoyer le sol, sécher le linge à l’intérieur, etc. «Cette étude confirme nos craintes», a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de Générations futures, inquiet du «peu d’empressement (de l’Etat ndlr) à relancer le plan Ecophyto», qui prévoit de diminuer par deux l’usage des pesticides d’ici 2030. L’ONG appelle à élargir les zones sans traitement (actuellement 10 mètres pour la vigne) et à accélérer la conversion au bio. Le Comité national des interprofessions des vins (CNIV) a insisté sur une amélioration des pratiques du secteur depuis dix ans, appelant aussi les fabricants de pesticides à faire évoluer leurs produits. Rébecca FRASQUET © Agence France-Presse