L’Irlande craint la reformation d’une bulle dans les prêts hypothécaires

La Banque centrale propose d’encadrer les prêts aux particuliers, en prenant en compte la valeur du bien et la capacité de remboursement.
Antoine Landrot

Chat échaudé craint l’eau froide. La Banque centrale irlandaise a proposé hier de limiter le montant des prêts que les établissements peuvent accorder à leurs clients particuliers. L’institution craint en effet que ne se reforme la bulle immobilière qu’a connue l’Irlande dans les décennies 1990 et 2000, dont l’éclatement en 2008 – dans la foulée de celle du marché des subprimes américains – avait précipité l’économie de l’île dans la crise.

Car malgré la violente purge du marché ces dernières années, les prix sont repartis depuis quelque temps à la hausse, à un rythme qui inquiète.

En effet, le prix de l’immobilier a progressé de 15% en Irlande entre les mois d’août 2013 et 2014, porté par une hausse de 25% à Dublin – les prix restent toutefois inférieurs de 41% au sommet atteint avant la crise. «L’Irlande a subi une bulle immobilière dévastatrice, provoquée par un excès de financements apporté par les banques et un excès d’emprunts des ménages. Il est essentiel que nous évitions [qu’un tel événement] se reproduise», a expliqué en conférence de presse Stefan Gerlach, gouverneur adjoint en charge de la politique monétaire. Lequel a toutefois admis que la hausse actuelle du marché ne s’expliquait pas par une surabondance de crédit, mais par une pénurie de logements. Mais les conséquences restent les mêmes: certains emprunteurs souscrivent des emprunts en dépit de leur faible capacité de remboursement, a ajouté Cyril Roux, gouverneur adjoint responsable de la réglementation financière.

C’est pourquoi l’institution estime qu’il serait approprié d’encadrer l’octroi de prêts, à travers un ratio rapporté soit à la valeur du bien, ou aux revenus de l’emprunteur. Plus précisément, les mesures viseraient à limiter les créances représentant plus de 80% de la valeur d’un bien à 15% de l’ensemble des encours de prêts immobiliers d’un établissement. Elles limiteraient également le montant des crédits supérieurs à 3,5 fois le revenu brut annuel d’un emprunteur à 20% de l’encours. Une autre idée concerne l’investissement locatif: les prêts qui représentent plus de 70% de la valeur d’un bien ne pourraient pas peser plus de 10% du montant total des crédits utilisés pour ce type d’opérations.

Ces propositions sont soumises à la consultation des banques, qui ont jusqu’au 8 décembre pour soumettre leur avis. Les analystes planchent déjà sur les conséquences de telles mesures sur la capacité des banques à dégager des bénéfices dans les activités de détail.

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