
Les résultats trimestriels des banques européennes vont manquer de lustre

Après les résultats en fanfare des banques américaines la semaine dernière, les annonces attendues chez leurs pairs européens risquent d’avoir un goût amer. La plupart devraient annoncer des performances en baisse, à commencer par UBS demain, pour qui les analystes attendent un bénéfice net ajusté de 1,23 milliard de francs au troisième trimestre, en recul de 8% sur un an selon le consensus établi par Bloomberg. Mercredi, Barclays pourrait annoncer un repli de 13,6%, à 756 millions de livres, tandis que Deutsche Bank risque de voir ses profits trimestriels s’effondrer de 43%, à 442 millions d’euros. En perte ces trois dernières années, le géant allemand pourrait accuser une nouvelle baisse de 6,7% de son produit net bancaire sur la période juillet-septembre, en ryhtme annuel.
La plupart des grands établissements de crédit européens pourraient de nouveau subir un effritement de leurs revenus, à l’exception peut-être des banques françaises qui tireraient profit de leur diversification (+1,3% attendu chez BNP Paribas, +1,1% à la Société Générale et +6,1% au Crédit Agricole SA), et de Credit Suisse (+3,6% attendu). En redressement après une restructuration drastique, la deuxième banque helvète pourrait aussi se démarquer avec un résultat net en hausse de 38%, à 567 millions de francs.
Des plans stratégiques questionnés
Le ralentissement de l’activité des banques européennes résulte de la persistance des taux bas dans la zone euro qui pèse sur leurs marges des crédits, quand les banques américaines ont, elles, profité des hausses des taux directeurs de la Fed et de la réforme fiscale de Donald Trump. Ces prochaines semaines, les investisseurs questionneront certainement les états-majors sur la pertinence des scénarios de taux élaborés ces dernières années et sur leurs relais de croissance. Pour les banques françaises, l’atteinte des objectifs stratégiques 2020 «n’est pas inconcevable pour BNP Paribas mais presque impossible pour la Société Générale», jugent les analystes de RBC.
La capacité bénéficiaire des groupes financiers du Vieux Continent continue aussi de pâtir des provisions pour litiges. Ainsi, chez le néerlandais ING, les 775 millions d’euros d’amende et redressement pour blanchiment d’argent annoncés le mois dernier auront un impact sur les comptes à fin septembre. Le danois Danske Bank, pris dans un immense scandale de blanchiment en Estonie, est lui aussi attendu au tournant, tout comme Nordea.
L’écrasement des marges, les risques juridiques, mais aussi les tensions géopolitiques en Italie et en Turquie laissent peu de capacité de rebond pour les cours de Bourse des banques européennes. Hormis peut-être de bonnes nouvelles dans les activités de marché, où Barclays, UBS et les banques françaises pourraient profiter d’un rebond du trading actions à la suite des géants de Wall Street… mais aussi accuser une baisse dans les taux et change, point fort de BNP Paribas.
Des deux côtés de l’Atlantique, le secteur financier fait moins bien que l’ensemble des marchés boursiers depuis le début de l’année, mais les valeurs européennes souffrent davantage, avec un recul de 21% pour le Stoxx 600 Banks contre -6% pour l’indice KBW des 24 grandes banques américaines. Les acteurs grecs sont les plus massacrés, suivis de Danske Bank et Deutsche Bank en recul de plus de 40%, et des banques italiennes Banco BPM et UniCredit qui pâtissent des inquiétudes sur le programme économique et budgétaire du gouvernement Salvini.
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