
Deutsche Bank mettra du temps à redorer son blason

Le chemin de la rédemption s’annonce périlleux pour Deutsche Bank. Un mois après avoir annoncé des résultats nettement supérieurs aux attentes mais toujours orientés à la baisse, la banque allemande a dû mettre la main au portefeuille pour émettre ses toutes premières obligations senior préférées. Les analystes demeurent plus généralement peu optimistes quant à la capacité du groupe à renouer avec une dynamique commerciale favorable, qui fait d’autant plus défaut que la restructuration en cours maintient les dépenses à un niveau élevé.
Deutsche Bank «réduit tout doucement la voilure», ce qui va conduire à un déclin structurel de ses activités cœur, estime ainsi Berenberg, pour qui la banque allemande sera probablement incapable d’atteindre sa cible de rendement des fonds propres de 10%. Le courtier anticipe ainsi une poursuite de la baisse de l’action Deutsche Bank, qui a déjà abandonné plus de 38% depuis le 1er janvier et a touché un plus-bas de 8,75 euros en juin. Berenberg s’inquiète en particulier des pertes de parts de marché de Deutsche Bank dans la BFI, qui a par ailleurs entré en portefeuille «trop d’activités non profitables».
Première BFI européenne sur les activités de marché, Deutsche Bank pâtit de son incapacité à se restructurer ces dernières années. «Notre analyse de crédit conclut à un classement inversé des [quatre BFI européennes les plus importantes], avec UBS en tête et Deutsche Bank en queue de peloton, explique CreditSights. Cela prend en compte l’importance des défis de restructuration encore nécessaires […], les incertitudes sur les litiges dans les forces comparatives des banques en dehors de la BFI, comme la gestion de fortune et la banque de détail.»
Ce sombre tableau est résumé par Bank of America, qui estime que la «croissance durable est hors d’atteinte» pour Deutsche Bank en raison de la réduction de son bilan. Jeudi, ce constat a été étayé par la première émission d’obligations senior préférées de Deutsche Bank. L’établissement a finalement dû concéder une prime de 90 points de base (pb) au-dessus des taux mid-swap, alors que Commerzbank avait consenti un spread de seulement 35 pb en début de semaine. Ce surcoût fait d’autant plus figure de camouflet que la santé de Commerzbank, qui a renoué avec les bénéfices au deuxième trimestre, demeure fragile.
Entre avril et juin, Deutsche Bank a, de son côté, enregistré un bénéfice avant impôt sous-jacent de 863 millions d’euros, en baisse de 20% sur un an. Les dépenses opérationnelles ont progressé de 1,8%.
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