
Les reprises sur provisions dopent les résultats des banques américaines

Après JPMorgan mercredi, c’est au tour de Bank of America et Wells Fargo de publier ce jeudi leurs résultats trimestriels. Pour le troisième trimestre, Bank of America affiche un bénéfice net par rapport à la même période de 2020 en progression de 58%, à 7,7 milliards de dollars, soit 0,85 dollar par action. Ces résultats sont supérieurs aux prévisions du consensus des analystes Factset qui anticipait un bénéfice de 0,71 dollar par action.
Les revenus de la banque (le produit net bancaire, PNB) ont progressé de 12 % à 22,8 milliards de dollars. Les analystes interrogés par FactSet anticipaient un PNB de 21,68 milliards de dollars. La banque précise dans un communiqué qu’elle a repris 1,1 milliard de dollars sur ses provisions de crédit « principalement grâce à l’amélioration de la qualité des actifs au cours du trimestre ». JPMorgan avait, de son côté, annoncé une reprise sur provision de 2,1 milliards au troisième trimestre.
Les revenus nets d’intérêts de Bank of America se montent à 11,1 milliards de dollars, en hausse de 10%. Ses revenus autres que ceux liés à la marge d’intérêt sont, de leur côté, en hausse de 14% à 11,7 milliards de dollars, « grâce à des frais de gestion d’actifs records, de solides revenus de banque d’investissement et des revenus de vente et de négociation plus élevés », précise la banque. Le ratio de fonds propres durs (CET1) de Bank of America se monte à 11,1% fin septembre, contre 11,5% à la fin du deuxième trimestre.
« Nos activités ont retrouvé la dynamique de croissance organique de la clientèle que nous avions avant la pandémie. La croissance des dépôts a été forte et les soldes des prêts ont augmenté pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui a entraîné une amélioration du revenu net d’intérêts même si les taux d’intérêt sont demeurés bas », a déclaré le PDG de la banque Brian Moynihan dans un communiqué.
Après la publication de ces résultats, l’action Bank of America gagnait 2,3% dans les échanges de préouverture à Wall Street.
Pour sa part, la banque Wells Fargo a également surpassé les attentes des analystes, là aussi notamment grâce aux reprises sur provisions. La banque annoncé jeudi avoir dégagé un bénéfice net de 5,12 milliards de dollars, soit un bénéfice par action (BPA) de 1,17 dollar, au troisième trimestre, contre 3,21 milliards de dollars, soit 70 cents par action, un an plus tôt. Son chiffre d’affaires est passé de 19,31 milliards de dollars à 18,83 milliards de dollars. Le consensus FactSet prévoyait un BPA de 1 dollar et des revenus de 18,27 milliards de dollars.
La banque a indiqué avoir procédé à une reprise de provisions de 1,7 milliard de dollars, correspondant à une hausse de 30 cents du bénéfice par action. Elle a également enregistré une charge de 250 millions de dollars, soit 5 cents par action, au titre de l’application d’une mesure prise par l’Office of the Comptroller of the Currency (OCC), le régulateur bancaire américain, concernant des pratiques douteuses en matière de prêts immobiliers.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse