Les plans de transition climatique manquent d’objectifs détaillés

La première année de la taxonomie verte montre une grande hétérogénéité, et peu de vérifications des informations par un tiers, relève le dernier baromètre «RSE» de Mazars.
Bruno de Roulhac
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Le principe de double matérialité – impact financier et impact sur l’environnement – est encore trop peu suivi. Les entreprises tendent encore à ne documenter que l’impact financier.  -  Adobe stock

A l’aube d’une nouvelle ère de l’information extra-financière avec la prochaine directive CSRD (Corporate Social Responsibility Disclosure), en cours d’adoption et qui devrait entrer en application en 2024, Mazars vient de publier la dernière édition de son baromètre RSE, analysant les rapports extra-financiers de 70 entreprises du SBF 120.

Les déclarations de performance extra-financière (DPEF) sur 2021 ont peu évolué en un an. Dans le cadre de la présentation du modèle d’affaires de la société, les processus de création de valeur sont abordés par 88% des entreprises, mais seulement 8% présentent des objectifs chiffrés. Les sociétés ont également des efforts à faire pour préciser les interactions avec les parties prenantes. Mazars met en avant les bonnes pratiques de Kering et d’EDF.

Toutes les entreprises communiquent sur leur stratégie RSE, mettant essentiellement l’accent sur la transition climatique. Elles sont 78% à se fixer un objectif de neutralité carbone – à horizon 2050 pour la moitié d’entre elles – contre 47% en 2020. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des entreprises publient leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) sur les scopes 1,2,3, et 89% fixent un objectif chiffré de réduction. Et même 61% s’alignent sur une trajectoire à +1,5 degré. «La France, qui avait déjà surtransposé la directive précédente en imposant la vérification par un organisme tiers indépendant [OTI], a un temps d’avance sur la qualité de son reporting», précise Edwige Rey, associée chez Mazars. Toutefois, «les plans de transition décrivant notamment les leviers de décarbonation identifiés, les actions prévues et les modalités de financement envisagés pour atteindre les objectifs fixés ne sont pas ou insuffisamment détaillés», souligne Mazars.

Manque de maturité sur la biodiversité

Demain, le principe de double matérialité – impact financier et impact sur l’environnement – serait exigé. Mais aujourd’hui, seul Hermès la propose. Les entreprises devront donc travailler en profondeur ce sujet, et ne pas se contenter, comme aujourd’hui, du seul impact financier. Le marché attend des précisions sur les ressources allouées et sur le plan d’action, notamment sur l’implication des parties prenantes.

Le sujet de la biodiversité monte en puissance, mais avec peu d’éléments sur le fond. Si 70% des entreprises identifient des risques liés à la biodiversité, seulement un tiers se sont fixé un objectif mesurable, dont Michelin, cité parmi les bonnes pratiques. Le sujet est encore loin de la maturité.

«L’objectif de cette réforme est d’obtenir des IFRS de l’extra-financier et de faire un pas significatif sur la comparabilité. Il faudra laisser le temps de la mise en œuvre pour les premières années, rappelle Edwige Rey. Sur la DPEF, les rapports ont convergé au bout de quatre ans. Nous sommes plutôt optimistes sur le moyen terme.»

Les entreprises tâtonnent sur la taxonomie verte

Cette année est aussi marquée par l’entrée en vigueur de la taxonomie verte européenne. Avec un début en douceur, les entreprises devant seulement analyser l’éligibilité du chiffre d’affaires, des investissements et des dépenses d’exploitation engagées dans la transition climatique. Toutefois, cet exercice «a révélé des résultats parfois étonnants, laissant supposer que les demandes de la Commission européenne, pourtant extrêmement détaillées, ont pu laisser la porte ouverte à différentes interprétations…», note Mazars. Au-delà du manque de transparence sur la communication, des questions se posent sur la fiabilité de ces informations. Sur le panel des 101 entreprises européennes étudiées, 42% ont prévenu qu’elles pourraient revoir leurs ratios à la baisse. D’ailleurs, seules 9% des entreprises ont fait auditer leurs ratios taxonomiques, un niveau qui devra progresser…

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