
Les banques tardent à trouver un accord relatif au pacte de responsabilité
La branche professionnelle des banques tarde à signer son pacte de responsabilité, actant les engagements pris sur l’emploi en contrepartie du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) dont le secteur bénéficie depuis le 1er janvier. Les cinq organisations syndicales concernées avaient jusqu’au 21 janvier pour signer le projet d’accord proposé au sein de l’Association française des banques (AFB), mais la CFDT a obtenu mardi en commission paritaire le report fin janvier de la signature. Les syndicats ont jusqu’à lundi pour envoyer de nouvelles propositions à l’AFB.
La CFDT, seule organisation à être ouvertement favorable à la signature de la dernière mouture de l’accord, pèse 27% de la représentation syndicale alors qu’il faut un minimum de 30% de signataires pour le valider.
Le projet prévoit le recrutement d’au moins 40.000 collaborateurs pour la période 2015-2017, soit environ 13.300 recrutements par an. Or les banques avaient recruté 24.000 personnes en 2013, 21.000 en 2012 et 30.000 en 2011. Les effectifs ont commencé à diminuer en 2012 (-1,1 %) du fait des départs à la retraite. Et plusieurs banques ont indiqué l’année dernière que ces départs ne seraient désormais plus tous remplacés.
Le SNB/CFE-CGC avait décidé officiellement mardi, avant le report de la signature, de ne pas signer le projet qui ne ferait selon le syndicat que confirmer la baisse des effectifs sans compensations. «Le patronat bancaire entérine simplement dans son projet que les effectifs des banques françaises vont continuer de baisser, chaque année, d’au moins 1,5%, déplore Régis dos Santos, président national de ce syndicat. Le SNB/CFE-CGC réclamait de vraies mesures concrètes d’amélioration des conditions de travail. Le patronat n’apporte malheureusement aucune réponse concrète».
Force ouvrière (FO) a indiqué dès le 29 décembre dans un communiqué ne pas signer l’accord. Ce syndicat milite, avec la CGT, pour un solde net positif en matière d’effectifs dans le secteur. Enfin, la CFTC penchait plutôt pour ne pas signer l’accord en l'état, avant le report de l’échéance.
Si les syndicats, FO et SNB notamment, déplorent le fait que les banques vont bénéficier pendant la durée du crédit d’impôt de plus de 2 milliards d’euros sans contreparties sérieuses sur l’emploi, les banques estiment être soumises à une hausse de leur pression fiscale supérieure aux baisses d’impôts liées au CICE.
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Taïwan: pour garantir internet face à la menace de la Chine, le chef de l'agence spatiale appelle à accélérer le programme satellitaire
Hsinchu - Le chef de l’agence spatiale taïwanaise Wu Jong-shinn estime que l'île doit lancer au plus vite des satellites de télécommunications afin de garantir son accès à internet en cas de conflit avec la Chine, jugeant lors d’un entretien avec l’AFP que «l’heure tourne». Taïwan a besoin de 150 satellites en orbite terrestre basse (LEO) pour maintenir ses communications si les câbles sous-marins qui relient actuellement l'île au reste du monde venaient à être endommagés, estime-t-il. Or l’entité n’en possède aucun, à l’heure où elle vit sous la menace d’une invasion par Pékin, qui a renforcé ces dernières années sa pression militaire autour de ce territoire qu’elle revendique. En février 2023, deux lignes de télécommunication desservant les îles Matsu ont été coupées, perturbant les communications pendant plusieurs semaines. Taïwan prévoit de mettre sur orbite le premier d’un groupe de six satellites à 600 km d’altitude en 2027... l’année, selon plusieurs responsables américains, d’une possible invasion par les forces chinoises. Afin d’accélérer le processus, M. Wu, juge indispensable de multiplier les contrats avec des partenaires étrangers. «Nous devons développer notre propre technologie. Mais vous savez... l’heure tourne. Nous devons nous dépêcher», souligne-t-il. L’opérateur mobile taïwanais Chunghwa Telecom a déjà noué des accords en ce sens. Incontournable dans cette industrie, l’américain Starlink dispose de 8.000 satellites en orbite. Mais les intérêts financiers liés à la Chine de son cofondateur, le milliardaire Elon Musk, et ses déclarations polémiques sur Taïwan - qui devrait selon lui être administré par la Chine - ont suscité la colère de l'île. Chunghwa Telecom lui a donc préféré Eutelsat avec un contrat de plusieurs millions de dollars conclu en 2023. Deuxième plus grand opérateur mondial de satellites en orbite basse, le groupe européen en exploite plus de 600 depuis sa fusion avec le britannique OneWeb en 2023. Taipei a également noué un partenariat avec l’américain Astranis ainsi qu’avec le luxembourgeois SES, et négocie avec Kuiper (Amazon) et le canadien Telesat. - Dangers - Taïwan reste à des années-lumières des programmes spatiaux des Etats-Unis, de la Chine ou encore de la Russie. Actuellement, le territoire - par ailleurs leader mondial des semiconducteurs - ne dispose que de sept satellites météorologiques et d’un autre de télédétection optique. Mais M. Wu espère que Taïwan disposera de ses propres fusées ainsi que d’un site de lancement dans les années 2030 et pourra multiplier les lancements. Certains experts doutent toutefois de la pertinence économique pour le territoire de lancer son propre système de satellites de communication, face à l’immensité du défi. «Si l’on veut que ça marche, on a besoin d’un grand nombre (de satellites) en orbite basse pour avoir la couverture continue» recherchée, indique à l’AFP l’astrophysicien Brad Tucker de l’Université nationale australienne. Une telle politique nécessite aussi un engagement de chaque instant, ajoute-t-il, relevant que «Starlink fonctionne parce qu’il désorbite ses satellites tous les trois ans» pour les renouveler. Mais pour l’experte taïwanaise Cathy Fang, il serait «dangereux» en cas de conflit pour le territoire de ne se fier qu’aux opérateurs de satellites étrangers, qu’il ne peut contrôler. En 2022, Elon Musk avait ainsi affirmé avoir empêché une attaque ukrainienne contre une base de la marine russe en refusant une demande de Kiev d’activer l’accès à internet via Starlink. Pour Mme Fang, analyste à l’Institut de recherche pour la démocratie, la société et les technologies émergentes (DSET), soutenu par le gouvernement, il n’y a pas à hésiter. «Nous devons développer notre industrie», souligne-t-elle. Allison JACKSON et Akio WANG © Agence France-Presse -
Philippines: scandale de corruption autour des digues «fantômes» sur fond d'inondations à répétition
Plaridel - Un «projet fantôme": lorsque le ministre philippin des Travaux publics, Vince Dizon, s’est rendu début septembre au nord de la capitale, Manille, pour inspecter une digue, il n’y a trouvé qu’un tas de terre déversée à la hâte. Cette digue, comme plus d’une centaine de projets de lutte contre les inondations, est au cœur du plus grand scandale de corruption que les Philippines aient connu depuis des décennies, qui a déjà précipité ces dernières semaines la chute du président du Sénat et plus récemment du président de la chambre basse, Martin Romualdez, un cousin du président Ferdinand Marcos Jr. La polémique a fait la une des journaux, et la question était au centre du discours sur l'état de la nation du président Marcos en juillet, après plusieurs semaines d’inondations meurtrières dans l’archipel. Selon M. Dizon, cette digue à Bulacan est un «projet fantôme» dont les «100 millions de pesos» (environ 1,5 million d’euros) servant aux travaux ont «clairement été volés». Il a indiqué qu’un ingénieur en chef et deux autres personnes avaient été licenciés à la suite des révélations. D’après Elizabeth Abanilla, une octogénaire résidant à Bulacan, le projet a été déclaré «achevé» il y a plus d’un an lorsque les prestataires ont démarré la construction de la digue. «Mauvaise qualité» Dans cette province de l'île de Luçon (nord) ravagée par les inondations et dont le sol s’affaisse lentement en raison de la surexploitation des nappes phréatiques, l’impact des projets inachevés ou inexistants est inévitable. Chaque année, au moins 20 tempêtes ou typhons frappent les Philippines ou s’en approchent. L’archipel est également touché par l'élévation du niveau de la mer. «Nous portons nos enfants jusqu'à l'école lorsque le niveau de l’eau est élevé», raconte à l’AFP Leo Francisco, un ouvrier du bâtiment et père de deux enfants. Chez lui, même lors «de jours ordinaires sans typhon», «l’eau nous arrive aux cuisses», poursuit cet homme de 35 ans. «La digue est incomplète, donc l’eau s’infiltre» et même «dans les sections construites, l’eau passe toujours par en dessous». Lors d’une rare visite dans le petit village de Frances, toujours dans la province de Bulacan, le président Marcos a déclaré que la digue était manifestement de «mauvaise qualité». «La digue est inutile» et «pleine de trous», renchérit Nelia de los Reyes Bernal, une travailleuse dans la santé. Les écoliers de Frances doivent désormais, selon elle, porter des bottes en caoutchouc pour aller en classe en raison de la recrudescence des cas de leptospirose et de pied d’athlète. Et «nous ne pouvons plus utiliser les pièces du rez-de-chaussée de nos maisons» et «avons déplacé nos cuisines au premier étage» en raison de la montée des eaux, ajoute-elle. Manifestations La quinquagénaire affirme également que «la construction a commencé l’année dernière, mais elle n’a pas été achevée, apparemment parce que les fonds ont été épuisés». Si les habitants étaient heureux de voir le président, ils «attendent maintenant qu’il tienne ses promesses». Aux Philippines, les scandales impliquant les fonds publics sont courants. Si de nombreux politiciens ont été reconnus coupables de corruption, ils ont cependant pour la plupart échappé à de lourdes peines de prison. Dimanche, des milliers de manifestants devraient se rassembler à Manille pour une «Marche du Billion de Pesos», nommée d’après une enquête de Greenpeace sur les fonds présumés détournés de projets liés au climat depuis 2023 - quelque 17,6 milliards de dollars selon l’organisation. Mais pour Francisco, l’ouvrier du bâtiment qui affirme que les inondations détruisent son gagne-pain, un tel dénouement est à peine envisageable. «Pour moi, l’important, c’est qu’ils rendent l’argent» et «c’est à Dieu de décider ce qu’il adviendra d’eux», confie-t-il. Cecil MORELLA © Agence France-Presse