Les assureurs reconsidèrent leur appétit en France face aux catastrophes

Les résultats techniques sur les couvertures des catastrophes naturelles se sont détériorés depuis 2017 dans l’Hexagone.

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Les épisodes répétés de grêle en France ont été destructeurs en 2022  -  Photo de grêlons par Assy-Pixabay.

Le constat est désormais documenté : les catastrophes naturelles en France ont coûté très cher au secteur de l’assurance en 2022. «Entre incendies ravageurs dans le Sud de la France, épisodes répétés de grêle destructrice et inondations au printemps, l’année 2022 aura été marquée en France métropolitaine par des catastrophes naturelles d’une intensité et d’une fréquence accrues», rapporte la Caisse centrale de réassurance à l’occasion de la publication de son rapport scientifique 2022. Si France Assureurs avance d’ores et déjà le chiffre de plus de 10 milliards d’euros, il faudra attendre encore pour connaître le coût précis des événements qui ont secoué l’Hexagone.

L’année 2022 pourrait toutefois être l’année de trop pour le secteur. «Le secteur de l’assurance s’accorde de plus en plus sur le fait que le climat plus chaud et plus sec en France contribue à l’augmentation de la fréquence et de la gravité des événements climatiques tels que la sécheresse, les tempêtes et les incendies de forêt. En conséquence, les assureurs et réassureurs français reconsidèrent leurs hypothèses, leur tarification et leur goût du risque pour les catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques», expliquent les analystes d’AM Best dans une note.

Ratio combiné de 138%

La rentabilité technique des couvertures de catastrophes naturelles posait déjà un problème avant l’année dernière. Alors que le ratio combiné - le rapport de la somme des frais de gestion et du coût des sinistres sur le total des primes encaissées -, ressortait en moyenne à 74% entre 2012 et 2016, il affichait un niveau moyen inquiétant de 138% entre 2017 et 2021, ont calculé les analystes d’AM Best à partir des données de France Assureurs.

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Et cela n’est pas près de s’inverser. Le montant des sinistres dus aux événements naturels pourrait atteindre 143 milliards d’euros en cumulé entre 2020 et 2050, selon une étude de France Assureurs, soit une hausse de 93% par rapport à la période 1989-2019. Une autre étude réalisée par CCR affirme que le changement climatique se traduirait par une hausse moyenne de 50% des dommages annuels moyens assurés du fait de l’accroissement de la fréquence et de la sévérité des catastrophes naturelles d’ici à 2050.

Tarification

En plus d’une révision des contrats et des conditions, des hausses importantes de tarifs sont à prévoir. D’autant que d’autres éléments pèsent sur le marché. «Outre les effets de l’augmentation de la fréquence et de la gravité des sinistres, l’environnement inflationniste est susceptible d’exacerber les conditions du marché. AM Best s’attend à ce que la tarification, tant dans le secteur de l’assurance que de la réassurance en France, continue d'être affectée par les coûts croissants des catastrophes naturelles à moyen terme», jugent par exemple les analystes de l’agence de notation.

Des évolutions réglementaires suivront, notamment sur le régime «cat nat». Ce partenariat, unique, entre l’Etat et les assureurs a pris en charge en moyenne 50% de la sinistralité entre 1982 et 2020. Dès cette année, avec un coût de la sécheresse historique estimé à 2,8 milliards d’euros, les discussions animent les pouvoirs publics. «La recrudescence des catastrophes naturelles nécessite de revoir les paramètres de l’équilibre financier du régime pour faire face à des épisodes qui gagnent en intensité et en fréquence», prévient la CCR.

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