
Le rapport Berger-Lefebvre cible l’assurance vie

Le rapport sur l’épargne financière remis au gouvernement hier par les députés Karine Berger et Dominique Lefebvre ne prône pas de révolution fiscale ni de bouleversement de l’allocation du patrimoine financier des Français (3.600 milliards d’euros). Considérant que les besoins des entreprises sont assez limités et qu’il faut mobiliser seulement 100 milliards d’euros en quatre ans, les élus proposent de mieux flécher les encours d’assurance vie en direction des sociétés, notamment des PME et ETI.
En 2012, les encours gérés par les assureurs vie représentaient quelque 1.450 milliards d’euros. Mais 85% étaient placés sur des contrats en euros (emprunts d’Etat et obligations) ou sur les compartiments en euros des contrats multisupports qui offrent une garantie en capital à tout moment.
Pour offrir aux assureurs plus de souplesse dans leur allocation d’actifs et faire davantage profiter les entreprises de cette manne financière, le rapport préconise d’abord de créer des contrats «Euro-croissance». Investis en euros et en unités de compte, ils ne bénéficieraient d’une garantie en capital qu’à terme. Afin d’inciter à la souscription de ces contrats, les élus suggèrent de permettre la transformation des contrats en euros en contrats en euros diversifiés en préservant l’antériorité fiscale. 20 milliards d’euros pourraient ainsi être investis en actions.
Le rapport propose aussi de modifier la fiscalité des contrats, aujourd’hui identique qu’ils soient investis en euros ou en unité de comptes. Les ménages qui auraient plus de 500.000 euros d’encours d’assurance-vie (1% des ménages les plus riches détiennent un quart des encours), ne pourraient bénéficier d’avantages fiscaux que s’ils investissent dans des contrats «Euro-croissance» ou en unité de compte. «Tout le monde sera gagnant», a défendu Dominique Lefebvre : les assureurs et les épargnants sont censés bénéficier de rendements élevés.
Cette mesure permettrait de réorienter 50 milliards d’euros en faveur des actions «en l’espace de quatre ou cinq ans». Pour qu’une partie de cette somme serve bien les PME et les ETI, loin d’être toutes cotées, le rapport suggère de créer au sein des contrats en unité de compte et des contrats «Euro-croissance» des compartiments dédiés. Ils permettraient d’investir par exemple dans des spécialistes cotés du financement des PME, a défendu Karine Berger.
L’idée de créer un contrat «Euro-croissance» est «intéressante», réagit la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) pour qui ce support «permettrait d’offrir un juste milieu entre les fonds euros et les fonds en unité de compte et pourrait être favorable aux assurés, comme aux entreprises». Cependant l’organisation insiste pour qu’il «soit présenté simplement».
«Aujourd’hui on a une situation très étrange où l’épargne risquée est très taxée et l’épargne non risquée est très peu taxée, ce rapport fait un premier pas dans le sens d’un meilleur équilibre», estime de son côté Louis Godron, président du lobby du capital-investissement, l’Afic. Il s’inquiète cependant que le rapport sous-estime les besoins de financement et remette en cause les avantages fiscaux des FIP et FCPI. «Il s’agit d’un premier pas encore insuffisant pour satisfaire les besoins de financement des entreprises», estime de son côté Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse