
Le rachat de Credit Suisse soulage les intermédiaires financiers français

Le rachat de Credit Suisse par UBS rassure les intermédiaires français mais vient avec son lot de préoccupations. «C’est une très bonne nouvelle pour la stabilité du système financier de manière générale. Le marché se retrouve désormais avec un acteur global d’une très grande solidité», explique Clément Lemaire, directeur général d’Irbis Finance, un concepteur de produits structurés.
«Le déclencheur tient beaucoup à la crise bancaire apparue la semaine dernière aux Etats-Unis, qui a instantanément eu une forte composante psychologique», explique François Mollat du Jourdin, président-fondateur de MJ&Cie et président de la commission internationale de l’Association française du family office (Affo), «néanmoins, le système bancaire global est plus solide qu’il ne l’était en 2008». Cela n’empêche que l'événement marque un tournant dans le contexte de remontée des taux. Les intermédiaires évoluent désormais dans un climat de «fragilité générale» où les attentes des acteurs peuvent être rapidement déjouées.
«Depuis le mois d’octobre, nous avons eu beaucoup de questions de la part des banques privées et des conseillers en gestion de patrimoine sur la capacité de Credit Suisse à honorer ses engagements. Nous avons été très présents auprès de nos clients dans cette période», indique Clément Lemaire. Les produits structurés avaient récemment trouvé un intérêt aux marchés obligataires. «La hausse des taux d’intérêt représentait un contexte favorable à la construction de produits structurés à capital garanti - en l’absence bien entendu du risque de faillite du garant de la formule de remboursement», explique-t-il.
Dans ce cas de figure, le garant de la formule de remboursement - soit l’entité en charge de payer le capital et le taux d’intérêt à échéance - était la banque émettrice. La bonne forme de ces acteurs était alors cruciale pour l’équilibre du produit. Irbis Finance et ses clients se sont retrouvés partiellement exposés au risque de faillite de Credit Suisse qui se positionne comme un émetteur de titres sur le marché français. «Le fait que Credit Suisse tienne encore debout est important pour les épargnants qui ont des produits structurés dans leurs contrats d’assurance vie ou dans leurs produits de capitalisation», explique Clément Lemaire.
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Concentration des risques
Les politiques de diversification des acteurs français ont aujourd’hui l’occasion de faire leurs preuves. «Malgré notre exposition à Credit Suisse, la diversification des émetteurs dans les portefeuilles de nos clients demeure très importante. Nos partenaires ont en moyenne cinq ou six émetteurs différents, au sein de leur allocation de produits structurés», précise le patron d’Irbis Finance.
L’attention des conseillers va désormais se porter sur le risque de surexposition des portefeuilles au marché suisse. «Que cela concerne la gestion passive ou active, les conseillers vont devoir être attentifs aux comptes et crédits que leurs clients possèdent dans les banques suisses pour ne pas être surexposés aux risques de cette région», explique François Mollat du Jourdin.
Un choc à l’avantage du marché tricolore
Ce changement de paradigme mêlé à la volatilité des marchés pourrait même profiter au marché français. «Le fait d’avoir un émetteur de moins va nous obliger à augmenter la part d’autres banques chez nos partenaires. Nous allons notamment étendre nos partenariats avec les banques françaises, dans un contexte où les épargnants ont besoin de plus de visibilité», argumente Clément Lemaire.
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