
Le patron du gendarme bancaire suisse rend son tablier

Stress post-traumatique à la Finma. Le directeur général du superviseur financier suisse, Urban Angehrn, va quitter ses fonctions à la fin du mois de septembre, selon un communiqué publié mercredi, six mois après l’effondrement de Credit Suisse qui avait forcé les autorités du pays à négocier en un week-end l’adossement de la banque à sa compatriote UBS.
Urban Angehrn, qui dirigeait le régulateur depuis novembre 2021, a déclaré qu’il quittait son poste pour des raisons de santé. «Le niveau de stress élevé et permanent a eu des conséquences sur la santé. J’ai mûrement réfléchi à ma décision et j’ai décidé de me retirer» déclare l’intéressé dans le communiqué de la Finma, dont «le conseil d’administration regrette vivement cette décision». Birgit Rutishauser, directrice générale adjointe, assurera l’intérim à compter du 1ᵉʳ octobre.
A lire aussi: Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
Déflagration
Le court mandat d’Urban Angehrn aura été marqué par la déflagration Credit Suisse. La chute de la deuxième banque du pays, après plusieurs années d’une lente descente aux enfers, a placé le gendarme financier sous le feu des critiques.
La Finma a été mise en cause pour son manque de rigueur et de vigilance vis-à-vis du groupe, pourtant impliqué à plusieurs reprises dans des scandales comme ceux de Greensill et Archegos. Dans la première affaire, le superviseur avait expliqué en début d’année que Credit Suisse l’avait induit en erreur sur la qualité de ses relations avec le financier Lex Greensill. La presse locale a, elle, révélé que seulement cinq contrôleurs suivaient à plein temps le groupe Credit Suisse au sein de la Finma, sur un effectif total de 550 collaborateurs, alors qu’il s’agissait d’une banque d’importance systémique mondiale.
Pour sa défense, Urban Angehrn avait fait valoir que la Finma ne dispose pas des mêmes pouvoirs de sanction que ses homologues aux Etats-Unis et en Europe.
Traumatisante pour la place financière suisse, qui a vu l’un de ses fleurons disparaître du jour au lendemain, la chute de Credit Suisse a aussi remis en cause la sécurité du cadre juridique helvétique aux yeux des investisseurs étrangers. L’inversion de la hiérarchie des créanciers a ainsi pris les investisseurs obligataires de court et engendré une salve de procédures judiciaires à l’encontre de la Confédération.
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