
Le mécénat de compétences devient tendance

Dix ans déjà que L’Envol, le programme de mécénat sociétal de La Banque Postale, aide des élèves talentueux issus de milieux modestes dans toute la France (DOM compris) à prendre conscience de leurs atouts et révéler leur potentiel. Dans le cadre d’une convention passée avec l’Education nationale, quelque 350 dossiers remontent chaque année à l’association, qui en sélectionne une centaine. A l’issue d’entretiens, les jeunes retenus se voient attribuer un parrain ou une marraine parmi les salariés volontaires de l’entreprise et bénéficient d’un accompagnement individualisé pendant quatre ans, depuis leur entrée au lycée jusqu’à leur intégration dans une filière d’enseignement supérieur.
Mais « L’Envol ne se définit pas, il se vit. C’est un engagement très fort de la part des collaborateurs et une aventure humaine incroyable, estime sa déléguée générale, Stéphanie Martin. L’objectif est de donner à ces jeunes des clés et les codes utiles pour réussir leur parcours, lever des freins et élargir leur horizon. »
Jusqu’à neuf jours par an
Outre le parrainage individuel, qui repose sur des échanges réguliers élève-collaborateur sur le temps personnel de ce dernier, le programme comprend en effet des événements collectifs, les « campus », organisés deux fois par an : séjours découverte en France et à l’étranger, ateliers sur l’orientation, les compétences transverses, etc. Avec, au démarrage de chaque nouvelle promotion, un campus d’intégration à Paris.
A ce jour, près de 1.000 élèves de la voie générale et technologique et de la voie professionnelle ont bénéficié de ce dispositif. Ce qui représente autant de parrains collaborateurs (et retraités) du groupe et, précise l’entreprise, un total global de 6.000 heures annuelles consacrées au projet. Jusqu’ici, le temps consacré à l’encadrement et à l’animation des activités collectives était du bénévolat, pris sur les congés des parrains. En 2023, les collaborateurs pourront utiliser jusqu’à neuf jours par an sur leur temps de travail – en accord avec leur manager –, dans le cadre d’un véritable mécénat de compétences. Pour Stéphanie Martin, « il s’agit d’une reconnaissance de l’engagement des collaborateurs vis-à-vis de L’Envol et cela pourra permettre à certains salariés hésitants de s’impliquer dans la démarche », espère-t-elle.
Créée en 2008, la Fondation EY a, elle, dès le départ, pris le parti d’adopter le modèle du mécénat de compétences. Cette mise à disposition de salariés auprès d’un organisme d’intérêt général ouvre droit, pour les entreprises, à une réduction d’impôts de 60 % du montant du salaire chargé des volontaires. Une défiscalisation à laquelle la fondation a renoncé. « Nous voulions en effet avoir un dispositif souple et agile ouvert à tous nos salariés – qui s’organisent en conséquence – sans être contraints de tenir un compte précis du volume d’heures consacrées aux associations », explique sa déléguée générale, Fabienne Marqueste.
A l’origine, l’objectif était de soutenir, via l’apport de compétences en gestion, les porteurs de projets innovants détenteurs de savoir-faire manuels – et notamment les artisans d’art – « afin de créer une passerelle entre deux mondes ». Les missions se sont aujourd’hui étendues aux projets d’insertion par la formation et l’emploi. La fondation du cabinet d’audit et de conseil identifie des projets pour des accompagnements courts d’une journée (en collaboration avec Pro Bono Lab) ou à plus long terme, mais toujours pour des petites structures et volontairement très éloignés de l’offre commerciale d’EY. Elle qualifie précisément les besoins et, après validation du conseil d’administration, lance un appel à volontariat auprès des salariés basés à proximité pour constituer une équipe.
Favoriser la cohésion interne
Qu’il s’agisse d’affiner un business model, de débrouiller une question juridique ou encore d’animer des ateliers emploi au sein d’une association d’aide aux personnes en situation de handicap psychique, « nos collaborateurs adoptent une posture bienveillante de ‘grand frère’, avec le même professionnalisme dont ils font preuve dans l’entreprise », assure Fabienne Marqueste. Le « pool » de salariés engagés atteindrait 660 en France, sur un effectif global de 6.000 collaborateurs.
« En plus de répondre aux besoins des associations, favoriser la cohésion interne était l’un des premiers enjeux du mécénat de compétences chez EY, souligne la déléguée générale. Mais il présente aussi un intérêt pour notre marque et notre attractivité auprès des candidats, ainsi que pour notre ancrage territorial. Les salariés sont pour leur part fiers d’agir utilement de manière concrète. Ils y gagnent en ouverture d’esprit et travailler en équipe – avec, par exemple, un avocat fiscaliste, un auditeur financier, un consultant... – leur permet de monter en compétences sur des sujets techniques éloignés de leur cœur de métier. » Pour Tangi Benech, parrain au sein de l’Envol (lire Témoignage), « mon engagement nourrit aussi ma réflexion sur la façon dont j’exerce mon métier, en lien avec les préoccupations ESG (environnement, social, gouvernance) de La Banque Postale ».
Selon le dernier Baromètre du mécénat d’entreprise en France publié le 24 novembre par l’association Admical – où le secteur finance-assurance apparaît comme le deuxième contributeur en valeur –, la priorité des entreprises concernées est d’ailleurs d’articuler davantage les stratégies de mécénat et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Mais aussi de développer le mécénat de compétences. En n’oubliant pas que les associations ont toujours grandement besoin de compétences... en recherche de financements !
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Malbouffe : l'obésité dépasse désormais la sous-nutrition chez les enfants et les adolescents
Nations unies - L’obésité s’est envolée ces dernières années chez les enfants et adolescents matraqués par la publicité pour la malbouffe, devenant même cette année la première forme de malnutrition chez les 5-19 ans dans le monde, devant la sous-alimentation, alerte mardi l’Unicef. «Aujourd’hui, lorsque nous parlons de malnutrition, nous ne faisons plus uniquement référence aux enfants présentant une insuffisance pondérale», commente la patronne de l’agence onusienne Catherine Russell. «L’obésité est un problème de plus en plus préoccupant qui peut avoir des répercussions sur la santé et le développement des enfants». Alors que la lutte pour réduire la faim dans le monde porte en partie ses fruits, la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants et adolescents suit une pente descendante, passant de 13 à 10% entre 2000 et 2022 chez les 5-19 ans, selon des données récoltées dans 190 pays. Mais sur la même période, le surpoids est monté en flèche, le nombre des 5-19 ans touchés doublant entre 2000 et 2022 (194 à 391 millions). Et la hausse est encore plus marquée pour l’obésité, forme plus grave du surpoids associée à des désordres métaboliques comme le diabète, et à certains cancers, et parfois accompagnée d’une faible estime de soi, d’anxiété et de dépression. Ainsi, en 2022, 8% des 5-19 ans dans le monde (163 millions) souffraient d’obésité, contre 3% en 2000. «Echec de la société» Sur la base des deux tendances inverses, l’Unicef estime que «2025 marque un tournant historique": «Pour la première fois, la prévalence mondiale de l’obésité chez les enfants et adolescents en âge scolaire dépasse celle de l’insuffisance pondérale (9,4% contre 9,2%)». Ainsi, 188 millions d’enfants et adolescents de 5 à 19 ans vivent avec cette maladie chronique, selon ces projections. Premier coupable: un environnement toxique créé par l’industrie des aliments ultra transformés et ses «pratiques commerciales contraires à l'éthique» destinée à faire des profits, met en cause l’Unicef. Les enfants «sont bombardés par le marketing alimentaire malsain», y compris à l'école où sont exposés boissons ultra sucrées ou encas ultra transformés pauvres en nutriments, explique à l’AFP Katherine Shats, une des auteurs du rapport. Des produits souvent moins chers que les aliments frais, fruits, légumes ou protéines qu’ils remplacent petit à petit dans le régime alimentaire des familles. Mais l’Unicef insiste: la faute n’en revient ni aux enfants, ni à leurs familles, mais à un «échec de la société». L’agence rejette aussi le «mythe» autour du sport: il est «impossible d'échapper aux conséquences sur la santé» de la malbouffe «seulement par l’activité physique». «Urgent» Historiquement, la prévalence du surpoids chez les enfants et adolescents était plus importante dans les pays développés. Elle reste élevée par exemple au Chili (27% des 5-19 ans) ou aux Etats-Unis (21%). Mais depuis 2000, l'écart entre pays riches et pauvres se réduit, avec des taux d’obésité qui s’envolent dans certaines îles du Pacifique où les importations remplacent les produits traditionnels, comme Nioué (38%), les îles Cook (37%) ou Nauru (33%). Et pour certains pays, c’est la double peine, avec la coexistence de la sous-nutrition et de l’obésité. Comme dans certaines zones en crise humanitaire, où des grandes entreprises du secteur «donnent de grandes quantités de malbouffe» pour promouvoir leur image, et où des enfants qui ont faim se retrouvent à n’avoir accès qu'à des aliments néfastes pour leur santé, déplore Katherine Shats. «Il est urgent d’instaurer des politiques qui aident les parents et les personnes s’occupant d’enfants à accéder à des aliments nutritifs et sains», plaide Catherine Russell. L’Unicef appelle notamment les gouvernements à des mesures contraignantes, comme des restrictions publicitaires, des taxes sur les boissons sucrées et aliments néfastes, un meilleur étiquetage diététique ou des politiques pour réorienter le système agroalimentaire vers la production de produits frais. Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS © Agence France-Presse