
Le digital peut devenir un atout pour les banques traditionnelles

Le phénomène a plus que doublé depuis 2012 : moins d’un client sur cinq se rend dans son agence bancaire au moins une fois par mois. Et plus de 75% des Français sont désormais actifs en ligne – « Des chiffres comparables à ceux des Etats-Unis mais en-dessous de ceux des pays d’Europe du Nord (80% à 90%) », constate Sébastien Lacroix, directeur associé senior de McKinsey. Au-delà des opérations simples, il existe une demande pour des produits de crédit et d’épargne à souscrire sur internet ou un smartphone. « Il y a en fait un écart de 30 points entre l’intention de s’équiper et la démarche effective, mais une offre adaptée pourrait améliorer le taux de transformation », explique Sébastien Lacroix, co-auteur du rapport «L’accélération des ventes digitales : une opportunité de croissance pour les banques de détail françaises», dont il dévoile à L’Agefi les éléments clés.
« Les banques françaises proposent moins de produits en ligne que via leurs agences et centres d’appels, explique-t-il. Les parcours de souscription en ligne sont rarement sans rupture, avec redirection vers l’agence ou le centre d’appels, et il y a peu de proactivité commerciale sur les canaux à distance. » Les banques traditionnelles ont pourtant des atouts : leur marque - « leur capital confiance », souligne Sébastien Lacroix - et une gamme de produits plus large que celle d’une banque à distance ou d’une néobanque. De quoi séduire de nouveaux clients. « Avec un marketing ciblé, elles peuvent accroître leurs revenus et abaisser leurs charges d’exploitation globales, sans effet de cannibalisation de leurs réseaux », soutient-il. Les ventes croisées auprès de clients actifs sont en outre les plus immédiatement susceptibles de générer du produit net bancaire (PNB) additionnel.
En moyenne six produits par client
« Le nombre de produits par client (environ 6) est déjà élevé en France, admet Sébastien Lacroix, mais il peut croître encore avec le crédit à la consommation et l’assurance. Les banques peuvent augmenter de 10% à 15% leurs ventes sur ces catégories de produits grâce à des offres 100% digitales. » Proposer une assurance automobile à l’octroi d’un crédit affecté, par exemple, pourrait ainsi devenir systématique. « Bien sûr, il faut adapter les systèmes d’information, mettre en place un usage avancé de la donnée et organiser la cohabitation entre des équipes centrales de marketing ciblé et le réseau ou les centres d’appels, précise-t-il. Cela peut prendre 18 à 24 mois. » Pousser une offre jusqu’à sa signature en ligne en quelques minutes plutôt que de laisser échapper une vente par l’obligation de passer 48 heures plus tard en agence est devenu un enjeu dans le contexte actuel, y compris pour reprendre l’avantage dans la banque de détail traditionnelle.
Plus d'articles du même thème
-
Arkéa et Bpifrance se lancent dans le financement de la défense
Cette nouvelle solution de financement court terme baptisée Avance Défense + aidera à financer et sécuriser la trésorerie des PME et ETI qui conçoivent et produisent des équipements de défense. -
La banque suédoise Noba veut rejoindre la Bourse de Stockholm
Le groupe opérant sous les marques Nordax Bank, Bank Norwegian et Svensk Hypotekspension veut se valoriser 3,2 milliards d’euros à l’occasion d’une introduction au Nasdaq Stockholm. -
Les regtechs aident les banques à se moderniser
La deuxième édition du Regtech Day a montré comment les start-up innovantes contribuent à insuffler du mouvement parmi les fonctions de contrôle interne et de conformité des grands établissements.
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
Contenu de nos partenaires
-
Carrière et leadership
Ce qu’il faut faire pour préserver son cerveau à partir de 50 ans
Les conseils du docteur Catherine Thomas-Anterion, neurologue et membre de l'Observatoire B2V des Mémoires. Passionnant ! -
La Bourse de Paris en légère hausse, face à la perspective d'une baisse des taux de la Fed
Paris - La Bourse de Paris évolue en légère hausse vendredi, face à la perspective d’une baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), et dans l’attente de la révision de la note française par l’agence de notation Fitch. Le CAC 40 prenait 0,11%, vers 7h30 (heure de Paris) à 7.829,30 points. La veille, l’indice vedette parisien avait grimpé de 0,80%. Plusieurs «éléments nourrissent les anticipations d’une baisse des taux de la Fed dès la semaine prochaine», relève John Plassard, responsable de la stratégie d’investissement chez Cité Gestion Private Bank. Des données économiques ont renforcé les attentes ces dernières semaines. D’une part, la première économie mondiale commence à montrer «une nette dégradation de l’emploi», perçue comme un signe de ralentissement économique, donnant à la Fed des marges de manœuvre pour abaisser ses taux afin de soutenir l’activité, ajoute l’analyste. D’autre part, l’inflation du mois d’août, publiée jeudi, a certes accéléré mais correspond globalement aux attentes du marché, et ne constitue donc plus, selon les analystes, un obstacle à un assouplissement monétaire de la banque centrale américaine. Ces chiffres «ont donné raison à ceux qui réclament une baisse des taux dès la semaine prochaine» et «deux autres baisses sont désormais anticipées d’ici la fin de l’année», selon Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Une baisse des taux est généralement bonne pour les actions car elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût, ce qui améliore les perspectives d’investissement et donc d’activité. Dans l’attente de Fitch Autre point d’attention des investisseurs parisiens: la révision de la note de la dette française par l’agence de notation Fitch. Au vu de la récente évolution de la situation politique et budgétaire française, de nombreux experts tablent sur une dégradation, avec un risque de basculement de l’emprunt hexagonal en catégorie A (qualité «moyenne supérieure»). La censure du gouvernement de François Bayrou, remplacé par Sébastien Lecornu, et les difficultés à trouver un consensus politique sur le budget 2026, ont déjà fait augmenter la prime de risque de l’obligation française sur les marchés ces dernières semaines. Dans ce contexte, le taux de l’emprunt français à dix ans atteignait 3,46%, contre 3,44% la veille en clôture. Changements sur le CAC L’opérateur boursier Euronext (+0,65% à 138,50 euros) va intégrer, à partir du 19 septembre, le CAC 40 à la place du géant des centres d’appels Teleperformance (-0,19% à 63,50 euros), selon la révision trimestrielle de l’indice dévoilée jeudi. Depuis le 1er janvier, le titre d’Euronext a bondi de plus de 28% et sa capitalisation boursière atteint actuellement près de 14 milliards d’euros. Sur la même période, Teleperformance a chuté de 23% et sa valorisation boursière s'élève désormais à 3,8 milliards d’euros. Contrat au Brésil pour Vallourec L’industriel Vallourec (+5,17% à 16,10 euros), spécialiste des tubes en acier sans soudure pour le forage et l'énergie, a annoncé jeudi avoir signé un «accord de long terme» pour jusqu'à un milliard de dollars (852 millions d’euros) avec le géant brésilien de l'énergie Petrobras. © Agence France-Presse -
Népal : après les émeutes meurtrières, l'armée poursuit les tractations politiques
Katmandou - Les tractations politiques s’accélèrent vendredi au Népal autour du chef de l’armée pour tenter de nommer un nouveau Premier ministre, après les émeutes anti-gouvernementales du début de semaine, qui ont fait au moins 51 morts. Depuis mercredi, le général Ashok Raj Sigdel reçoit et consulte de nombreuses personnalités pour trouver un successeur à KP Sharma Oli, contraint mardi par la rue à présenter sa démission. Il devait s’entretenir vendredi après-midi avec le président Ramchandra Paudel, l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, et une figure de la contestation, Sudan Gurung, a annoncé à l’AFP un porte-parole des manifestants, Nimesh Shresth. Réputée pour son indépendance, Mme Karki, 73 ans, est pressentie pour prendre la tête de la transition mais elle ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les jeunes manifestants. La crise - la plus meurtrière survenue au Népal depuis l’abolition de la monarchie en 2008 - a débuté lundi, lorsque la police a ouvert le feu sur des jeunes manifestants qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Une vingtaine de manifestants ont été tués, des centaines d’autres blessés, nourrissant l’indignation et la colère de la population. Le lendemain, le chef du gouvernement a tenté de reprendre la main en ordonnant le rétablissement de Facebook, Youtube et X et promis une enquête «indépendante» sur les violences policières. Mais rien n’y a fait: des jeunes réunis sous une bannière «Génération Z» ont investi les rues de la capitale Katmandou et mis à sac de nombreux bâtiments publics, résidences de dirigeants politique et autres symboles du pouvoir. «Très tendu» Le parlement a été incendié, comme la résidence du Premier ministre, qui n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission. Âgé de 73 ans, le chef du Parti communiste (maoïste) népalais, qui a dirigé quatre fois le gouvernement depuis 2015, menait depuis 2024 une coalition avec un parti de centre gauche. Il incarnait l'élite dont la jeunesse du pays, largement privée d’emploi et lassée de la corruption, exigeait le départ. Les troubles ont fait «au moins 51 morts (...) dont 21 manifestants et 3 policiers», a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire. L’armée a repris le contrôle de la capitale. Ses soldats en armes, accompagnés de véhicules blindés et de chars, continuaient vendredi à patrouiller dans les rues désertes de Katmandou sous couvre-feu. Ses habitants ont été autorisés à sortir vendredi matin quelques heures pour se ravitailler, alors que se poursuivait le grand nettoyage engagé pour effacer les traces des destructions de mardi, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Notre priorité, c’est de faire le plein de carburant parce qu’on a besoin de notre moto pour aller travailler», a déclaré à l’AFP Laxmi Thapa, 32 ans, ravie de pouvoir mettre le nez dehors. «On est sorti aujourd’hui car la situation s’améliore», s’est-elle réjoui aux côtés de son mari. «C'était très tendu, on est resté à l’abri chez nous». «Exigences» La gigantesque chasse à l’homme lancée pour retrouver les quelque 13.500 détenus qui ont profité des troubles pour s'évader de leur prison continuait à battre son plein dans tout le pays. Moins d’un millier ont été rattrapés à ce jour, certains sur le sol de l’Inde voisine, a précisé vendredi le porte-parole de la police: «12.533 sont toujours en cavale». Le président du Népal, Ramchandra Paudel, a promis jeudi de faire «tous les efforts» pour «trouver une issue à la situation difficile que connaît le pays». L’octogénaire, à qui la Constitution impose de nommer le Premier ministre, a promis d’y parvenir «aussi vite que possible» et «de satisfaire les exigences des citoyens qui ont protesté». Les discussions sont toujours animées dans les rangs des représentants de la «Génération Z», qui peinent à s’accorder sur un nom pour diriger une transition qu’ils veulent radicale. «Nous voulons que ça change», a exhorté jeudi Sudan Gurung. «Notre première exigence, c’est la dissolution du Parlement. Et la fin de la corruption doit être une priorité absolue». «Nous voulons la transparence du gouvernement, une éducation de qualité, des opportunités d’emploi et une vie digne», a énuméré un autre, James Karki, 24 ans, devant la presse. «Je veux croire que l’armée va nous entendre». Paavan MATHEMA © Agence France-Presse