Le Crédit Mutuel et la Maif ouvrent la voie d’un dividende sociétal et environnemental

Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale consacrera 15% de son bénéfice net à la lutte contre la crise climatique et les inégalités. La Maif annonce un dispositif comparable.
Franck Joselin
Nicolas Théry, président de la Confédération nationale du Credit Mutuel, lors de l’AG du 31 mai 2018.
Nicolas Théry, président de la Confédération nationale du Credit Mutuel, lors de l’AG du 31 mai 2018  -  Crédit CNCM.

Le Crédit Mutuel veut « ouvrir une nouvelle étape du mutualisme ». La banque coopérative a annoncé qu’elle consacrerait dorénavant chaque année 15% de son résultat net au financement de projets de transformation environnementale et solidaire avec ce qu’elle appelle un « dividende sociétal ». Les montants engagés représentent environ 500 millions d’euros par an, sur la base du résultat du groupe en 2021.

Hasard du calendrier, la Maif a aussi annoncé jeudi la création d’un dispositif similaire de « dividende écologique », constitué par 10% de ses bénéfices. Si la proportion est comparable avec celle engagée par le Crédit Mutuel, les sommes en jeu restent plus modestes, avec 10 millions d’euros au titre de l’année 2022 consacrés à des projets de solidarité climatique et de régénération de la biodiversité.

Fonds à impact

Du côté du Crédit Mutuel, le projet est très bien structuré. La moitié des sommes seront investies dans un fonds à impact, appelé Fonds de révolution environnementale et solidaire. Son objectif est de « contribuer à la mise en place d’un appareil de production et d’infrastructures résilients sur le plan environnemental », indique la banque dans un communiqué. Ce fonds n’aura pas d’objectif de rendement et «concrètement, il pourra être en perte», a précisé Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale lors d’une conférence de presse. Ce véhicule sera géré en interne et ne sera pas ouvert à d’autres investisseurs particuliers. Cependant, «si d’autres entreprises veulent investir leur propre dividende sociétal dans ce fonds, ce sera possible», précise Nicolas Théry.

Le fonds, qui aura le statut de fonds à impact répondant à l’article 9 de la réglementation européenne SFDR sur la durabilité, prendra des participations dans les petites et moyennes entreprises ou pourra, par exemple, intervenir en soutien aux collectivités. « Nous avons vocation à accompagner le phénomène de réindustrialisation dès lors que cela se fait dans de bonnes conditions écologiques», assure Daniel Baal, directeur général du Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Les entreprises dans lesquelles il sera investi pourront avoir des objectifs de rentabilité à long terme. Alors que les projets environnementaux mettent souvent plusieurs années avant de dégager de la valeur financière – la valeur sociétale, elle, est plus rapidement constatée –, « aujourd’hui, il y a une exigence de rentabilité à court terme trop élevée », estime Daniel Baal. Le fonds sera lancé et commencera à investir au second semestre 2023.

Ensuite, 35% de ce dividende sociétal sera consacré à l’inclusion tarifaire des clients et sociétaires, par des offres produits spécifiques. « A la logique d’individualisation et de segmentation qui mène à une forme d’exclusion, nous voulons substituer une logique d’inclusion », déclare Nicolas Théry.

Pas d’optimisation fiscale

Enfin, 15% des montants seront consacré au mécénat avec la Fondation Credit Mutuel Alliance Fédérale qui verra son budget passer de 6,5 millions à plus de 60 millions. Même si ces sommes entrent dans le dispositif fiscal des entreprises pour le mécénat, les dirigeants de la banque précisent «qu’il n’y a pas d’optimisation fiscale » engendrée par le dividende sociétal. Et que le dispositif n’entre pas non plus en contradiction avec l’ensemble des mesures mises en place pour les salariés. « Compte tenu de l’augmentation générale de 6,2%, de la prime de pouvoir d’achat de 3.000 euros pour tous les salariés et de la prime d’intéressement de 17%, l’ensemble des dispositions pour les salariés ont représenté 640 millions d’euros, soit 18% du résultat », déclare Daniel Baal.

Ces annonces du Crédit Mutuel interviennent en amont du plan stratégique du bancassureur pour 2024-2027 qui sera publié à l’automne prochain. « Un des enjeux est de remplacer un capital non résilient sur le plan énergétique par un capital résilient », explique Daniel Baal. Il précise cependant que «dans le plan stratégique [en préparation], l’exigence de performance financière perdurera».

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