Le bilan de 2022 confirme les chantiers de l’assurance

Le ratio combiné en assurance dommages et de responsabilité s’est dégradé l’année dernière sous le poids de la sinistralité climatique et de l’inflation.
Florence Lustman
Florence Lustman, présidente de France Assureurs  -  DR

Souvent qualifiée «d’atypique» par les assureurs, l’année 2022 accélère des tendances qui les inquiètent. «La crise sanitaire, inflationniste, économique et climatique fait émerger d’immenses défis», souligne Florence Lustman, présidente de France Assureurs. Et la conséquence est déjà là : en 2022, le ratio combiné de l’assurance de dommages et de responsabilité se dégrade au global de 1,5 point de pourcentage par rapport à 2021 à 98,4% après réassurance. Si les cotisations de l’ensemble de ce marché ont progressé de 4,5% à 66 milliards d’euros, les prestations ont crû de 13,5% à 49,6 milliards d’euros.

10,6 milliards d’euros de sinistralité climatique

En particulier, les ratios combinés de l’assurance automobile, qui progresse de 0,8 point à 100,1%, et de l’assurance habitation, qui s’alourdit de 6,4 points de pourcentage, deviennent déficitaires. Au contraire, le ratio combiné des autres branches, comprenant notamment les dommages aux biens des professionnels et agricoles ainsi que la responsabilité civile générale, s’améliore très généralement de 0,3 point à 92,7%. Globalement, le nombre de sinistres gérés a augmenté de 1 million en 2022, à 13,9 millions de nouveaux sinistres sur l’année.

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La raison la plus visible de cette dégradation est la sinistralité climatique. Son coût atteint 10,6 milliards d’euros, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis l’année 1999 marquée par les tempêtes Lothar et Martin pour un coût de 16,6 milliards d’euros. Alors que cette facture climatique ressortait en moyenne à 3,6 milliards d’euros par an entre 2011 et 2021, le secteur a enregistré deux types de sinistres exceptionnels l’année passée.

Inflation supérieure aux hausses de tarifs

D’abord, des orages de grêle qui ont touché une commune sur deux en France métropolitaine conduisant à un triste record de 5,1 milliards d’euros de sinistres, contre des plus hauts historiques de 1,3 milliard en 2014 et 1,1 milliard en 2019 précédemment. Ces orages ont principalement concerné l’assurance habitation, à hauteur de 2,4 milliards d’euros, devant les automobiles, pour 1,6 milliard d’euros, et les biens professionnels, pour 700 millions d’euros. Ensuite, la sécheresse qui ressort, elle aussi, à un record de 2,9 milliards d’euros, dépassant même les 2,3 milliards d’euros après la canicule de 2003. Le coût des sinistres en assurance des cultures, qui comprend les contrats grêle et multirisque, a lui diminué d’environ 90 millions d’euros à 633 millions d’euros.

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Mais l’inflation inquiète peut-être encore plus les assureurs. En 2022, le coût moyen annuel des sinistres matériels a ainsi augmenté de 8,5% en automobile et 6,4% en habitation. D’autant que les assureurs ont tenu leur engagement pris auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, de ne pas augmenter les prix au-delà de l’inflation. Alors que les prix à la consommation ont progressé de 5,2%, l’indice Insee des prix de l’assurance n’a augmenté «que» de 1,6%.

Des assureurs solides

Les assureurs et leur fédération n’entendent pas rester les bras croisés face à ces multiples crises. Outre l’appel à la réflexion autour de la pérennisation du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, avec une hausse de la surprime qui le finance et plus de prévention, Florence Lustman souligne les différentes propositions de son industrie.

«En assurance auto, je vois trois mesures clés pour endiguer le coût des réparations : ramener à 5 ans le délai de protection des pièces visibles, récemment ramené de 25 ans à 10 ans, le développement de l’économie circulaire pour promouvoir les pièces de réemploi et éviter que certains acteurs de la réparation n’offrent des cadeaux de valeur disproportionnée par rapport au montant des réparations», défend par exemple la présidente de France Assureurs.

Malgré l’augmentation des risques, les assureurs restent solides en France. La solvabilité du marché représente ainsi 2,5 fois l’exigence réglementaire. Le ratio de solvabilité des entreprises non vie progresse de douze points en 2022 à 276% et celui des entreprises vie et mixtes perd dix points à 233%. Avec un chiffre d’affaires global stable de 238 milliards d’euros en 2022, la France demeure le premier marché de l’Union européenne devant l’Allemagne (224 milliards d’euros) et l’Italie (130 milliards d’euros).

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