L’Autriche prend les devants sur la restructuration bancaire

Le gouvernement a transmis au Parlement un projet de loi pouvant permettre l’application du «bail-in» avec un an d’avance dès le 1er janvier prochain
Benoît Menou
Photo : Bloomberg
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Alors que la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires doit être transposée en droit national d’ici à la fin de l’année pour une mise en application au 1er janvier 2016, le gouvernement autrichien a transmis au Parlement un projet de loi sur le sujet qui pourrait voir le pays appliquer le nouveau régime de contribution ou «bail-in» dès le 1er janvier prochain, un an avant ses voisins.

Vienne veut transférer au plus vite une bonne part du coût d’un sauvetage bancaire du contribuable vers les créanciers de l’établissement en péril. Le régulateur en l’occurrence pourrait imposer des pertes aux porteurs de dette senior non garantie. L’Autriche «ouvre une brèche», selon Tullett Prebon, qui estime que la loi pourrait «indirectement peser sur les spreads des petites banques européennes, avec des comptes fragiles». Dès lors, «l’idée d’une restructuration de la dette senior unsecured dès 2015 semble désormais possible en Europe». Ce risque existe «notamment sur les banques toujours en difficultés» comme la britannique Co-operative Bank ou la portugaise Novo Banco (qui regroupe les actifs sains de Banco Espirito Santo).

L’autrichienne Volksbanken pourrait aussi subir une restructuration de dette après la publication des résultats des tests de résistance de la BCE. Moody’s de son côté souligne que la loi envisagée «va au-delà des exigences» européennes et implique des risques pour les investisseurs en dette subordonnée des banques autrichiennes. Le ministre autrichien des Finances Hans Jörg Schelling a précisé qu’elle ne s’appliquera pas à Abbag, la structure de défaisance d’Hypo Alpe Adria.

C’est dans ce contexte que Raiffeisen Bank International (RBI) a concédé prévoir une perte nette au titre de l’exercice en cours, la première de son histoire. La faute en incombe à un relèvement des provisions anticipées pour créances douteuses (qui pourraient atteindre 1,5 à 1,7 milliard d’euros contre une précédente estimation de 1,3 à 1,4 milliard), essentiellement du fait de la crise en Ukraine. La Russie, frappée par les sanctions internationales, constitue il est vrai le principal foyer de revenus de RBI. Les provisions sur crédits ont progressé de 21% à 568 millions au premier semestre.

La banque a précisé ne pas avoir besoin de fonds propres supplémentaires après sa récente augmentation de capital, mais le résultat des tests sera suivi de près par les marchés. L’action a plongé de 10% hier.

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