
L’assurance a pénalisé le Crédit Mutuel Arkéa en 2022

Après une année 2021 marquée par des résultats records dans un contexte de reprise post-Covid, le Crédit Mutuel Arkéa a navigué en 2022 dans un environnement «mouvementé» marqué par le changement brutal de régime de taux mais aussi par des événements climatiques extrêmes qui ont pesé sur la rentabilité de son activité assurantielle.
Pour les assureurs, la hausse des taux longs observée depuis le choc de la guerre en Ukraine et le changement de braquet de la BCE s’est ainsi traduite par une baisse de la valorisation des actifs d’assurance comptabilisés à leur juste valeur. Cet impact s’est limité à «quelques dizaines de millions d’euros seulement», souligne Julien Carmona, le président du groupe mutualiste de l’Ouest, «du fait de notre bonne gestion».
Rentabilité dégradée en assurance dommages
Suravenir, la filiale d’assurance de Arkéa, a également été secouée par les orages de grêle extrêmes qui ont dévasté l’Ouest de la France en juin 2022, creusant la sinistralité de l’assurance dommages aux biens et pénalisant sa rentabilité technique. Les revenus d’assurance du groupe basé à Brest diminuent ainsi de 3%, à 690 millions d’euros.
Tandis que l’activité de capital-investissement, portée par Arkéa Capital, avait contribué à soutenir les résultats en 2021, bénéficiant de la reprise économique et de la hausse des valorisations, elle souffre d’un ralentissement en 2022 du fait «d’un effet de base très exigeant». Le Crédit Mutuel Arkéa publie au total un bénéfice net en recul de 4%, à 551 millions d’euros. Il s’agit toutefois de son «deuxième plus haut historique», rappelle Julien Carmona. Ce résultat a été affecté par des éléments comptables exceptionnels. La dépréciation des écarts d’acquisition (goodwill) de sa filiale Izzimo, spécialisée dans les transactions sur le marché de l’immobilier neuf, et du spécialiste du prêt hypothécaire CFCAL, filiale du groupe depuis 2010, a eu un impact négatif de 34 millions d’euros, partiellement compensé par les plus-values réalisées sur les cessions de Keytrade Luxembourg et Budget Insight (87 millions d’euros).
Hausse de la marge nette d’intérêt
Sur le cœur de son activité, la banque de détail – qui représente 42% des revenus de la banque – Arkéa s’est distingué de ses concurrents en termes de dynamique commerciale. Malgré la remontée des taux et la problématique du taux d’usure qui a évincé un certain nombre de ménages du marché, le groupe mutualiste a engrangé une production de crédits records à 20,2 milliards d’euros, en hausse de 15%. Les prêts à l’habitat progressent notamment de 13%. «Contrairement à d’autres acteurs du marché, nous n’avons pas arrêté de prêter malgré le pincement des marges. Cela correspond à notre positionnement de banque à mission, mais nous faisons aussi un pari de long terme qui consiste à faire rentrer un client par le crédit immobilier et à le multi-équiper», se félicite Julien Carmona.
Tandis que les banques hexagonales ont moins profité en 2022 de la remontée des taux que leurs voisines européennes, pénalisées notamment par la revalorisation du taux servi sur les livrets d’épargne réglementée et la hausse des coûts de refinancement, le Crédit Mutuel Arkéa enregistre une hausse de 16% de sa marge nette d’intérêt. Celle-ci a été dopée par «l’effet volume sur les crédits», explique la directrice générale Hélène Bernicot, tandis qu’Arkéa a bénéficié de «lignes antérieures n’ayant pas encore été touchées par la remontée brutale des taux» limitant la hausse du coût de refinancement. Les revenus de la banque de détail et de Fortuneo, sa banque en ligne, progressent au total de 5,4%.
Arkéa a également tiré parti du développement de ses activités B to B en marque blanche, à l’instar de la plateforme informatique fournie à Axa Banque, et à compter d’octobre prochain, à l’ex-HSBC France qui opérera sous la marque CCF. Ces prestations ont permis au groupe d’engranger des commissions en hausse de 7% en 2022.
Pour 2023, le groupe mutualiste qui ne souhaite pas faire de projections se montre prudent. «Nul n’avait anticipé la remontée des taux», remarque Anne Le Goff, directrice générale déléguée. Arkéa, dont le coût du risque reste très bas, à 17 points de base (136 millions d’euros), a revu son scénario économique prospectif pour tenir compte des incertitudes liées au contexte inflationniste. Ses provisions pour risques de crédit sur encours sains (essentiellement stage 1) ont été revus à la hausse de 28 millions d’euros.
Plus d'articles du même thème
-
Budgets, inflation, IA : le recap’ de la semaine
La hausse des prix a ralenti en zone euro, la France a présenté son budget 2024, le Crédit Agricole a racheté Worklife et TotalEnergies a tenu sa journée investisseurs : l’essentiel de l’actualité économique et financière cette semaine. -
Aucune banque française ne figure parmi les 40 marques européennes les plus valorisées
L’assureur Axa arrive loin devant la première banque hexagonale, mais derrière HSBC, selon le classement de Brand Finance. -
Fortuneo prive ses clients de fonds monétaires
La banque en ligne a cessé de proposer le fonds monétaire de Federal Finance depuis la rentrée. Alors même que la classe d'actifs connaît un retour en grâce avec la remontée des taux.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Bitwise va lancer les premiers ETF investis en contrats à terme sur ethereum
- L’étau se resserre autour de la fiscalité du patrimoine
- Fortuneo prive ses clients de fonds monétaires
- Aucune banque française ne figure parmi les 40 marques européennes les plus valorisées
- Rattrapé par des suspicions sur Credit Suisse, UBS décroche en Bourse
- ADP, Vinci et Eiffage affichent leur confiance face à la menace de surtaxe
Contenu de nos partenaires
-
Défense
Armées: plus d'argent, moins de transparence
(Version actualisée) Des indicateurs importants ne seront plus rendus publics. -
Marathon
Wauquiez, l’homme qui marche seul
Laurent Wauquiez s'est efforcé dimanche de dissiper les doutes sur sa détermination à être candidat à la présidentielle -
Bientôt dans votre région
Avec 200 brigades de gendarmerie, Emmanuel Macron veut remettre du « bleu » dans les campagnes
Alors que l'opinion publique se préoccupe toujours autant des questions de sécurité et que les chiffres de la délinquance pour l'année 2022 sont dans le rouge, le chef de l'Etat veut renforcer la présence des forces de l'ordre sur le terrain