
L’Afer se pose en arbitre de la vente d’Aviva France

L’ouverture du processus de cession d’Aviva France est confirmé. Mais une vente ne pourra pas se faire sans l’accord de l’Afer, la puissante association d’épargnants pour laquelle Aviva gère plus de 55 milliards d’euros. «Nos accords qui nous lient à Aviva prévoient un droit de veto en cas de cession du portefeuille ou de changement de contrôle», explique à L’Agefi Gérard Bekerman, le président de l’association.
Pourtant, le directeur d’Aviva France, Patrick Dixneuf, a déclaré hier matin au personnel des différentes entités concernées par une cession d’Aviva en France (Aviva, l’UFF et Epargne actuelle), qu’une vingtaine de repreneurs potentiels s’étaient manifestés. Il a aussi précisé que la cession d’Aviva devrait se faire en un seul bloc, ce qui a rassuré les syndicats. «Sur ces vingt repreneurs potentiels, j’aurais bien aimé en connaître un seul. S’il a reçu autant de propositions, c’est que l’Afer intéresse décidément beaucoup de monde», déclare, non sans ironie, Gérard Bekerman. «Il y aura probablement une cession, mais il faut que le nouveau partenaire, inconnu à ce jour, comprenne l’ADN de l’Afer. Il n’y aura pas de mariage forcé», insiste le président de l’association. Ce dernier, en contact avec la nouvelle directrice générale d’Aviva, Amanda Blanc, examinera les propositions de candidats à la reprise, lors d’un prochain conseil d’administration.
Même si c’est avec l’assentiment de l’association, la décision de vendre Aviva France viendra donc bien de Londres. Les syndicats d’Aviva, réunis en intersyndicale, avaient d’ailleurs, à la fin du mois d’août, écrit une lettre à Amanda Blanc, lui demandant les raisons de son intention de recentrer les activités du groupe au Royaume-Uni, en Irlande et au Canada. La branche française de l’assureur affiche un bénéfice de 539 millions d’euros en 2019, soit 15% des bénéfices du groupe. «Au regard de ces résultats exceptionnels, ni les salariés, ni les clients, ni visiblement la bourse ne peuvent comprendre ce virage dans la gestion du groupe qui apparait comme complètement irrationnel», estimaient alors les syndicats. «Cette lettre est restée sans réponse», regrettent-ils aujourd’hui. Un silence qui explique peut-être la décision de la direction française de communiquer sur la cession.
Interrogations sur le calendrier
Bien que la branche française de l’assureur soit profitable, Aviva cherche en vain depuis longtemps un moyen d’accélérer son développement dans l’Hexagone. Faute de pouvoir y arriver, la cession de cette activité n’est donc pas réellement une surprise. Cependant, les syndicats s’interrogent sur le calendrier d’une telle opération. Patrick Dixneuf a précisé hier que si ni le repreneur, ni la date de cette cession n’étaient arrêtés, il espérait, à titre personnel, «une mise en œuvre rapide». Or, les syndicats estiment que pendant la crise du Covid, «il n’est pas de plus mauvais moment pour vendre».
Sur le plan social, les syndicats restent confiants, précisant que «dans le secteur, les cessions n’ont généralement pas provoqué de plan social», mais, malgré les déclarations de la direction hier matin, ils demandent des garanties sur le maintien de l’unité du groupe. «Séparer les différentes entités du groupe n’aurait aucun sens, explique une source syndicale. Aviva travaille étroitement avec l’UFF et avec l’Afer. Céder ces structures à des repreneurs différents enlèverait une grande part de sa valeur ajoutée au groupe». Quoi qu’il en soit, «il n’y aura pas d’affaire sans l’Afer», assure Gérard Bekerman.
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