L’Afer pioche dans ses réserves pour rester dans la course

En 2022, le taux de rendement du fonds en euros de l’association dépasse tout juste 2% bien qu’elle ait prélevé 94 millions d’euros au sein de ses réserves financières
Mathilde Castagna
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C’est une annonce au goût amer pour les adhérents de l’Association française d’épargne et de retraite (Afer). Gérard Bekerman a dévoilé jeudi la performance du fonds euros du contrat multisupport de l’association qu’il préside : 2,01%, nets de frais de gestion et avant prélèvements sociaux et fiscaux. Certes c’est un taux en hausse comparé à 2021 (1,70%), mais une déception au vu des résultats affichés jusqu’à présent par la concurrence au titre du millésime 2022. «L’Afer va se maintenir au-dessus de la moyenne du marché en 2022, mais à la suite d’une telle annonce je crois que l’on peut dire que l’association n’est désormais plus market maker», constate Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet de conseil Facts&Figures et du site spécialisé sur les assurances de personnes et les placements financiers Good Value for Money. L’association aux 753.245 adhérents repasse donc au-dessus du seuil de 2% de rendement, qu’elle n’avait pas côtoyé depuis 2018, mais non sans mal. Doté d’une provision pour participation au bénéfice (PPB) parmi les plus basses du marché, à 401 millions d’euros, l’Afer a ainsi pioché au sein de cette réserve financière 94 millions d’euros dans le but de soutenir sa performance de 2022. «Nous avons été handicapés avec la PPB parce que nous nous sommes réveillés un peu tard. (…) Nous n’excluons pas de trouver avec notre partenaire une solution nous permettant de redoter à l’avenir la PPB afin de mieux affronter certains aléas et d’assurer une performance de notre fonds en euros», avoue Gérard Bekerman. Pour l’année 2022, l’effort de dotation de l’Afer s’est élevé à 0,04%, soit 19 millions d’euros, portant ainsi le niveau de PPB à 326 millions d’euros. Par ailleurs, la gestion des portefeuilles, auparavant confiée à Aviva et désormais entre les mains d’Abeille Assurances, n’a pas permis de saisir la moindre opportunité. Globalement, l’ensemble des unités de compte proposées affichent des rendements négatifs. La performance du fonds Eurocroissance s’établit à -11,38% sur un an. Les supports immobiliers les moins risqués bénéficient d’une performance comprise entre 0,4% à 2,4% sur l’année, tandis que le fonds Afer Multi Foncier essuie une contre-performance à -23,40%. «Pour servir le taux le plus cohérent avec le marché, certains acteurs n’hésitent pas à rogner sur leur propres frais de gestion sur le fonds en euros, c’est ce que l’Afer aurait dû faire pour se maintenir en haut du marché», explique Cyrille Chartier-Kastler. Bien que la saison des annonces des taux de rendement ne soit pas terminée, l’association d’épargnants se place pour le moment en milieu de peloton. En tête, Garance Mutuelle a indiqué que la rémunération de son fonds en euros pour 2022 s’élevait à 2,80%. Elle est suivie par la MACSF qui affichait une performance de 2,5%, puis de Macif, Sogécap, La France Mutualiste, Maif Vie, Milleis Banque Privée. Tous se maintiennent au-dessus de 2,1%. Le Livret A surperforme l’Afer en 2023 Mais ce n’est pas l’unique concurrence à laquelle l’Afer devra faire face. Le gouvernement pourrait décider dans le mois qui arrive d’un rehaussement du taux de rémunération du Livret A. Aujourd’hui fixé à 2%, le taux de rendement du fonds euros de l’Afer se positionne d’ores et déjà derrière celui-ci après prélèvements sociaux et fiscaux. En contrepartie, le taux du Livret A pourrait progresser de plus d’un point de pourcentage, dépassant ainsi 3% dès février prochain. Reste à savoir comment réagiront les 18.000 nouveaux adhérents arrivés en 2022.

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