L’adossement, un passage obligé pour les robo-advisors français

Generali a annoncé sa prise de participation dans Advize. Les robo-advisors historiques hexagonaux se sont tous rapprochés de grands groupes.
Franck Joselin
Robot-intelligence artificielle pour l’automatisation de tâches administratives fintech numérisation
Les robo-advisors français peuvent-ils vraiment rester indépendants ?  -  AdobeStock

Les fintech spécialisées dans l’allocation furent les premières à décoller en France, au milieu des années 2010. A l’origine, elles revendiquaient toutes leur indépendance, leur permettant d’allouer les capitaux de leurs clients sans avoir la contrainte d’un actionnaire ou d’un partenaire encombrant. Cinq ans plus tard, le principe de réalité les a rattrapées. Dernière opération en date, Advize, qui travaillait déjà avec Generali, vient de faire entrer l’assureur comme minoritaire à son capital.

Mais la fintech n’est pas la seule à s’être adossée ou à rester proche d’un grand groupe. Ainsi, Nalo, travaille aussi avec Generali depuis plusieurs années. WeSave, créée en 2012, est progressivement devenu filiale à 100% d’Amundi. Yomoni, dont un des fondateurs, Mourtaza Asad-Syed, est reparti vivre en Suisse, comprend Arkéa parmi ses actionnaires de référence. Enfin, Fundshop, spécialisé dans les services en marque blanche, compte Apicil parmi ses actionnaires importants.

L’opération qui lie Advize à Generali aujourd’hui, comme les partenariats noués auparavant par les autres robo-advisors, continuent d’interroger sur la viabilité d’un modèle de développement autonome de ce type de fintech en France. Dans le monde anglo-saxon, des acteurs comme Wealthfront ou Betterment ont réussi à collecter en direct plusieurs dizaines de milliards de dollars. Dans l’Hexagone, Yomoni, le seul acteur communiquant sur ses encours, ne compte que 250 millions d’euros sous gestion.

Outre les raisons culturelles, en France, les distributeurs butent sur les contraintes de l’assurance vie, qui rassemble plus de 80% de la collecte. Les assureurs restent maîtres des tarifs des contrats ainsi que du choix des supports utilisés. Les robo-advisors ne peuvent donc pas réellement se battre sur les prix, qui restent comparables à ceux des assurances vie en ligne traditionnelles. D’où la nécessité pour les fintech de se lier en capital ou par des partenariats à des sociétés d’assurance ou à de très grands groupes. Les fintech peuvent ainsi capitaliser sur un de leurs atouts, à savoir leur expertise concernant les services digitaux et l’avantage qu’elles présentent en termes de parcours client par rapport aux acteurs traditionnels de la finance. Reste à voir maintenant si elles résisteront à ces grandes structures et ne se feront pas diluer dans la masse.

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