
La transposition des accords de Bâle 3 avancera coûte que coûte

C’est une priorité pour les Etats-Unis, qui devrait aussi le devenir aussi pour l’Europe. La transposition des accords deBâle approche. La réglementation américaine intégrant Bâle 3 est attendue dans le courant de cette année et la Commission européenne devrait présenter ses projets de directive et de règlement en septembre. En Europe, le processus sera certainement plus long qu’outre-Atlantique, car après la publication des projets, le texte sera discuté au Conseil et au Parlement européen pendant plusieurs mois.
Les banques européennes restent réservées sur cet accord, s’estimant lésées par rapport à leurs homologues américaines. Ce n’est pas l’avis de François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France. Dans une intervention devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale, il s’est exprimé sur la transposition de ces accords en Europe. «Je mettrai toute ma conviction en faveur de Bâle 3», a déclaré François Villeroy de Galhau. L’objectif, pour l’Europe est «de reconduire les spécificités que reconnaît la législation européenne pour soutenir l’accès des PME au crédit bancaire et à l’utilisation des dérivés à dessein de couverture», a-t-il précisé.
Pour le gouverneur de la Banque de France, prendre la responsabilité de ne pas transposer l’accord de Bâle 3 dans les législations européenne et nationale, ou en demander un nouveau report, créerait «un danger d’instabilité et un danger d’isolement». «Nous saperions indirectement l’œuvre collective de renforcement de la stabilité du système bancaire international». Par ailleurs, l’ex-dirigeant de BNP Paribas rappelle que «tous les pays, y compris en Europe, sont disposés à transposer». Il a aussi affirmé «qu’il n’y aura pas de Bâle 4».
Les banques bien capitalisées
Le gouverneur de la Banque de France a insisté pour que l’application du plancher en capital des banque (output floor) se fasse de façon «pragmatique» et «consolidée au niveau des groupes bancaires». C’est une condition pour que des rapprochements transfrontaliers puissent avoir lieu. En cas de consolidation au niveau des groupes, la hausse totale des exigences en capital de banques françaises pourrait être ramenée de +17% à +12%. «Cette hausse ne nécessitera pour aucune banque française d’augmentation de capital dédié ou de changement de politique de dividende», a assuré François Villeroy de Galhau. Les banques françaises pourront donc théoriquement faire face à Bâle 3 par l’incorporation d’une part de leurs résultats dans leurs réserves. «Certaines banques ont initié des rachats d’actions, c’est le signe qu’elles considèrent qu’elles ne manquent pas de capital», remarque le gouverneur.
Pas un poids pour l’investissement
Il a par ailleurs précisé que les ratios de capitaux propres des banques françaises ont plus que doublé depuis 2011. «Les banques françaises sont très au-dessus des exigences réglementaires, y compris depuis l’application de Bale 3», a-t-il déclaré. Il juge d’ailleurs «solide» leur situation à travers la crise du Covid, même s’il se déclare rester «vigilant».
Répondant aux interrogations sur les conséquences de Bâle 3 pour le financement de l’économie, le gouverneur constate que «la solidité renforcée des banques ne s’est pas faite au détriment de l’économie française».
Les banques en Europe financent 75% de l’économie européenne et en France, 60%, a précisé le gouverneur. Le crédit aux entreprises a augmenté de 6% par an entre 2016 et 2019. En 2020, il a augmenté de 13,3 % et même de 20,3% pour les PME.
«Rien ne permet d’étayer le fait que Bâle 3 pèserait sur l’investissement en France», insiste François Villeroy de Galhau. «Il n’y a aucun risque pour que Bâle 3 se traduise, en France, par un freinage du crédit aux PME», a-t-il affirmé.
Défense des modèles internes
Sur le fond, l’accord de Bâle 3 de décembre 2017 est un accord «raisonnable», il s’agit même du «meilleur accord possible pour la France et pour l’Europe», a réaffirmé François Villeroy de Galhau. Le gouverneur estime que «cet accord reconnaît les spécificités du modèle bancaire européen». Une de ces spécificités, à savoir la place des modèles internes, a été au cœur des discussions. «L’Autorité de contrôle prudentiel et de régulation (ACPR) croit à la légitimité des modèles internes pour bien approcher le risque», déclare François Villeroy de Galhau.
Traditionnellement dénoncé par les partenaires de l’Europe, le recours à ces modèles restera plus encadré, ce qui explique l’augmentation plus importante des exigences de fonds propres pour les banques européennes que pour les banques américaines. «Mais ce recours sera pérennisé. Même après la réforme de Bâle 3, le bénéfice que pourront tirer les banques européennes par rapport à l’approche standard restera supérieur par rapport à ce qu’autorise le cadre réglementaire américain», a affirmé le gouverneur.
Et si les standards sont appliqués à davantage d’établissements en Europe qu’aux Etats-Unis, selon François Villeroy de Galhau, «cette question de périmètre n’est pas déterminante pour le secteur bancaire français». Celui-ci est déjà constitué de banques internationales, universelles et déjà soumises aux standards de Bâle comme les banques américaines. «Plus que tout autre pays de l’Union européenne, la France (doit) préserver le cadre réglementaire international qui fixe une concurrence équilibrée», conclut le gouverneur.
Plus d'articles Réglementation
-
Rome utilise ses pouvoirs spéciaux pour faire barrage à Yandex
Giorgia Meloni a interdit l’acquisition de la société Tecnologia Intelligente par le néerlandais Nebius qui a des liens avec le groupe internet russe. -
Le régulateur helvète tente de se justifier dans le cas Credit Suisse
La Finma prend ses précautions pour essayer de dissuader les recours qui se préparent sur le sort réservé aux dettes subordonnées AT1. -
Le hedge fund Modulo va rendre de l'argent à FTX
La plateforme en faillite de crypto-monnaie FTX a conclu un accord pour récupérer plus de 400 millions de dollars en espèces auprès du hedge fund Modulo Capital, retirant 97% de l’argent que les sociétés FTX ont envoyé au fonds spéculatif en 2022, selon des documents judiciaires déposés mercredi et vus par Reuters. Modulo, basé aux Bahamas, a accepté de payer 404 millions de dollars en espèces et de renoncer à ses droits sur 56 millions de dollars d’actifs détenus sur la plateforme de crypto-monnaies de FTX.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Code pénal
Gilets jaunes: les délinquants, les criminels et leurs complices
Black bloc ou « simple manifestant », agissant à froid ou emporté par l’excitation collective, peu importe : les faits commis sur les Champs-Élysées relèvent du Code pénal. Taguer ou détruire du mobilier urbain fait de vous un délinquant. Voler des marchandises après avoir cassé une vitrine fait de vous un délinquant. Caillasser un fourgon de police ou tabasser un gendarme à terre fait de vous un délinquant. Mettre le feu à un kiosque ou un restaurant fait de vous un délinquant. Incendier une banque fait de vous un délinquant – et même un criminel, si les flammes ont été allumées sans se préoccuper de savoir si l’immeuble était vide de ses occupants. -
Exaspération
«Les Gilets jaunes mettent l’économie à genou»
« Les Français ne consomment plus, ils ne vont plus dans les centres-villes », déplore le président des Chambres de métier et de l’artisanat -
Signaux faibles
Gilets jaunes et violences: les lacunes de la surveillance des réseaux sociaux
Le ministre de l’Intérieur se disait, dès vendredi, en alerte sur la mobilisation de manifestants ultra-violents. Faute d’utilisation appropriée des outils numériques, cela n’a pas empêché ces derniers d’agir et de mettre les Champs-Elysées à sac.