
La Société Générale progresse en bourse malgré un bénéfice en baisse

(mise à jour à 16H50)
La Société Générale a enregistré un bénéfice net en repli de 3,2% à 3,874 milliard d’euros en 2016, légèrement meilleur que les 3,838 milliards du consensus Reuters, grâce notamment à une forte diminution du coût du risque dans l’ensemble de ses métiers, indique un communiqué publié jeudi 9 février.
En Bourse, le titre s’inscrivait dans le vert de 2,96% à 43,995 euros à 16H50.
La baisse du coût du risque est liée à de moindres provisions constituées pour des crédits risquant de ne pas être remboursés. Le coût du risque a plongé à 486 millions d’euros au quatrième trimestre contre 1,157 milliard durant la même période de 2015 et se contracte de près de 32% sur l’année à 2,091 milliards.
«Il y avait une surprise positive sur le coût du risque, qui était meilleur qu’attendu. En plus, les revenus de leur banque de détail en France étaient meilleurs que chez BNP Paribas», a commenté Benoit de Broissia, analyste à Keren Finance, cité par Reuters.
La persistance de taux d’intérêt historiquement bas et la renégociation des prêts immobiliers continuent de rogner les revenus de la banque de détail en France, même si le pôle dégage sur l’année un résultat net en hausse de 3,1% à 1,486 milliard d’euros, notamment grâce à des effets fiscaux.
Face aux changements d’habitude des clients, de moins en moins nombreux à fréquenter les agences, Société générale a décidé de réduire de 20% son réseau d’ici 2020. La banque a précisé, jeudi, avoir procédé à la fermeture de 92 agences en 2016 et en prévoit plus d’une centaine en 2017.
A l’international, la division banque de détail et services financiers a bénéficié d’un environnement plus favorable que dans la zone euro, avec des performances dynamiques notamment en Roumanie ou en Afrique, ainsi qu’une contribution positive de la Russie, où ses activités se redressent. Sur l’année, la division a vu son produit net bancaire progresser de 2,6% à 7,572 milliards d’euros et son résultat net de 46,8% à 1,631 milliard.
A l’instar de nombreux acteurs du secteur financier, comme l’américain Goldman Sachs ou BNP Paribas, les activités de marchés de Socgen ont aussi bénéficié du bond des activités de courtage, qui a suivi l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, compensant un début d’année plus difficile.
Le dividende proposé par la banque à ses actionnaires pour l’exercice 2016 sera de 2,20 euros contre 2 euros pour 2015, soif neuf centimes de plus que le consensus des analystes. La banque a précisé qu’elle entendait conserver sa politique de distribution de 50% de ses profits et qu’elle avait pour objectif la progression du dividende. Le ratio de solvabilité Common Equity Tier 1 s'élevait au 30 septembre à 11,5%, soit 10 points de base de plus qu’au trimestre précédent, en ligne avec son objectif de 11,5%-12% en 2018.
Concernant l’introduction en bourse d’ALD, sa filiale de leasing et de gestion de flottes de véhicules, prévue d’ici au printemps, le directeur général, Frédéric Oudéa, se veut réaliste. «Nous sommes dans un monde où le rapport à la voiture change», a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse, citant notamment les opportunités offertes par le développement des véhicules autonomes et électriques, ou encore la volonté de nombreux particuliers de louer plutôt que de posséder leur voiture.
La baisse des taux d’intérêt a rendu la location de longue durée de voitures de tourisme ou de véhicules professionnels de plus en plus attractive et constitue un relais important de croissance pour des banques françaises telles que BNP Paribas et sa filiale dédiée Arval.
Le fait d'être coté permettra à ALD, qui compte 4.200 salariés, de financer des acquisitions sur les marchés ou de les payer en actions, une option intéressante pour une entreprise qui a multiplié les rachats, en Europe comme en France, de plus petits concurrents. La banque conservera le contrôle de cette filiale, valorisée actuellement à 3,1 milliards d’euros dans ses comptes et qui gère 1,4 million de véhicules dans 41 pays.
Sur le front des fusions-acquisitions, la banque a aussi annoncé avoir signé un accord pour racheter la participation de 50% dans la compagnie d’assurance Antarius, dédiée au Crédit du Nord, détenue par la filiale française de l’assureur britannique Aviva.
L’irruption prochaine sur le marché d’Orange Bank, qui a promis une «rupture» en matière de prix, fait craindre à certains observateurs une guerre des prix et un effondrement des marges similaire à celui qui a suivi l’entrée de l’opérateur Free sur le marché de la téléphonie mobile. La loi Macron, qui facilite désormais les démarches des particuliers pour changer de banque, pourrait aussi favoriser les banques en ligne, aux tarifs moins élevés, au détriment des établissements traditionnels.
La Société Générale compte néanmoins sur sa filiale de banque en ligne Boursorama, qui vient de franchir le cap du million de clients fin janvier, pour capter une partie de ces consommateurs tentés par le tout numérique. Enfin, la banque présentera à la fin de l’année un nouveau plan stratégique à moyen terme avec «une nouvelle organisation simplifiée».
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse