
La Société Générale offrira davantage de temps à son futur président

Noyée entre l’annonce de la recomposition de l’équipe de direction de la banque, sous la houlette de Slawomir Krupa, et celle de l’arrivée de quatre nouveaux administrateurs, la proposition est passée relativement inaperçue. Pourtant, elle constitue une modification des règles de gouvernance lourde d’enjeux pour la Société Générale.
La 21e résolution soumise à l’approbation des actionnaires lors de l’assemblée générale du 23 mai prochain propose de porter de 70 à 74 ans l’âge limite pour le président du conseil d’administration. La future règle prévoit que «nul ne peut être nommé président s’il est âgé de 74 ans ou plus. Si le président en fonctions atteint l'âge de 74 ans, ses fonctions prennent fin à l’issue de la plus prochaine assemblée générale ordinaire statuant sur les comptes de l’exercice écoulé».
Un dernier mandat pour Lorenzo Bini Smaghi
En principe, même en cas d’adoption, la mesure ne devrait pas s’appliquer à Lorenzo Bini Smaghi, à la tête du conseil d’administration de la banque depuis 2015.
Son mandat de quatre ans a été renouvelé l’an dernier. Agé de 66 ans, il exécute actuellement son troisième mandat de président. La modification de la borne d’âge devrait en principe lui permettre de rempiler, mais une seconde règle l’en empêchera. En effet, en 2026, Lorenzo Bini Smaghi ne sera plus considéré comme administrateur indépendant. Son maintien pour un nouveau bail de quatre ans violerait alors le code Afep-Medef que la banque entend absolument respecter.
Interrogée par L’Agefi, la Société Générale le confirme : les règles modifiées ne s’appliqueront dans les faits qu’à son prochain président. Elle souligne que le conseil d’administration - qui a mené une étude comparative pour le CAC 40 et les grandes banques européennes portant sur l'âge limite des présidents - a souhaité rapprocher la banque des pratiques constatées.
Un autre argument évoqué vise à offrir du temps au futur successeur de Lorenzo Bini Smaghi avec la perspective deux mandats complets, ce qu’un couperet à 70 ans aurait pu compliquer.
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Rien d’anodin
Il reste que toucher aux statuts d’une entreprise, a fortiori une banque, n’est jamais anodin. Coup sur coup, voici deux des trois banques pensionnaires du CAC 40 qui s’apprêtent à modifier leurs statuts respectifs sur la limite d’âge du président.
Chez BNP Paribas, en cas d’approbation des actionnaires le 16 mai, la borne d’âge sera repoussée à 75 ans. Il s’agit de permettre à Jean Lemierre, 72 ans, président depuis 2014, de rester en fonctions et de maintenir le tandem efficace qu’il incarne avec Jean-Laurent Bonnafé. «De quoi aussi permettre à ce dernier de pouvoir lui succéder à ce poste le moment venu», analyse un spécialiste des questions de gouvernance.
Si la modification de la borne d’âge chez Société Générale attire autant l’attention, c’est qu’elle nourrit inévitablement d’autres scénarios, notamment celui d’un départ anticipé de Lorenzo Bini Smaghi avant l’échéance de 2026. La multiplication de ses prises de parole ces derniers temps sur les questions monétaires a été remarquée. Rien d’illogique de la part d’un ancien banquier central, mais suffisant à alimenter l’option d’un mouvement anticipé.
Le cas échéant, qui pourrait le remplacer ? La banque pourrait recourir à une solution externe ou bien s’appuyer sur l’un des administrateurs déjà membre de son conseil. Le profil de William Connelly retient l’attention.
Administrateur depuis 2017, il entame son deuxième mandat avec une échéance en 2025. De nationalité française, cet ancien d’ING, par ailleurs président non exécutif de l’assureur néerlandais Aegon et de l’espagnol Amadeus, est aujourd’hui à la tête du comité des risques au sein du conseil de la Société Générale et membre de son comité des nominations et du gouvernement d’entreprise. De quoi former un vrai tandem solide avec Slawomir Krupa ? La feuille de route stratégique du nouvel homme fort de la Société Générale reste attendue à l’automne prochain.
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