
La restructuration du secteur bancaire italien se poursuit
L’heure est à l’intensification des efforts de rationalisation des banques italiennes. En attendant la présentation en fin d’année du plan stratégique d’UniCredit, BPER, la sixième banque italienne, et Banca Carige, dixième établissement transalpin, ont présenté la semaine dernière leurs nouvelles feuilles de route, qui font la part belle aux réductions de coûts. Dans un paysage bancaire italien recensant encore plusieurs centaines d’établissements, l’objectif vise à composer avec des perspectives économiques moroses et l’effet persistant des taux d’intérêts bas.
BPER, qui vient de consolider ses positions sur son marché en reprenant les activités de l’assureur Unipol, s’est fixé comme objectif de fermer 16% de ses agences d’ici 2021, soit 230 sites, dont la moitié dès cette année. En termes d’emploi, le groupe prévoit la sortie de 1.700 personnes des effectifs, partiellement compensée par 400 embauches, avec à la clé un coefficient d’exploitation amélioré de 6 points de pourcentage, à 59%. «A terme», le rendement des fonds propres tangibles doit s’améliorer, à 10%, contre 8,6% l’an dernier sur l’ancien périmètre de BPER.
Si les mesures de BPER répondent aussi à l’absorption des activités d’Unipol, elles-mêmes précédemment restructurées, celles annoncées par Banca Carige s’inscrivent dans un autre contexte. Placé sous tutelle de la BCE début janvier, le groupe est dans l’obligation de redresser ses comptes après avoir enregistré une perte de 316 millions d’euros l’an dernier : la banque espère en effet lever prochainement 630 millions d’euros de capital pour restaurer sa solvabilité et nettoyer son bilan. Si Carige ne précise pas l’ampleur des fermetures d’agences, les réductions d’effectifs devraient atteindre 1.000 postes d’ici 2023, soit 25% de ses effectifs, dont environ la moitié dès cette année.
Couverture en agences très dense
Pourtant la plus solide l’Italie, la banque Intesa Sanpaolo avait annoncé l’an dernier vouloir diminuer d’un quart ses agences bancaires dans le pays entre 2017 et 2021. Les effectifs globaux doivent quant à eux fondre de 7%, soit environ 6.500 départs nets, avec l’ambition de ramener son coefficient d’exploitation à 45,4%. UniCredit avait, quant à elle, avancé fin 2016 un objectif de 14.000 suppressions de postes entre 2016 et 2019, centrées sur l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche.
Déjà éprouvé par la crise de la zone euro, le secteur fait aujourd’hui de nouveau face à des vents contraires. «Un ralentissement de l’économie de l’Italie, particulièrement si la contraction du PIB devait durer quelques trimestres de plus, aurait des conséquences négatives pour les banques au niveau des performances, des flux de prêts douteux (NPL) et donc de leur niveau de capital», prévenait le mois dernier Moody’s. Après la fermeture de 20% des agences entre 2008 et 2017, le marché bancaire italien demeure en outre très dense, avec 4,8 agences pour 10.000 habitants, et morcelé malgré plusieurs mouvements de concentration. Dans son dernier rapport annuel, la banque d’Italie pointe 60 groupes bancaires ainsi que 347 établissements indépendants.
Le stock de NPL demeure le principal problème du secteur. A 11% à la fin 2018, la part brute des NPL dans les stocks de créances a diminué de 5 points depuis 2016, grâce notamment à d’importantes cessions de créances, mais représente près du triple de la moyenne européenne. Dans une note récente concernant Monte dei Paschi, sauvée par l’Etat fin 2016, CreditSights souligne les incertitudes sur les «demandes de couverture des régulateurs» ainsi que sur «l’accès au financement non sécurisé» nécessaire pour boucler les opérations de titrisation de NPL.
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