La performance opérationnelle de Scor inquiète

Depuis le début de l’année, trois des quatre agences de notation financière ont revu leurs perspectives sur la note du réassureur. Son cours de Bourse chute.
Bertrand De Meyer
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L’année 2022 s’affirme difficile pour Scor. Après avoir publié des résultats solides en 2021, le groupe de réassurance a accusé une perte nette de 239 millions d’euros au titre des six premiers mois de l’année. Une situation qui ne rassure pas les agences de notation. Am Best a révisé, en fin de semaine dernière, de stable à négative la perspective du groupe alors que S&P Global Ratings, fin janvier, et Fitch, début mai, avaient déjà dégradé leur perspective. Seul Moody’s, qui a réaffirmé sa position fin 2021, continue à attribuer une perspective positive au réassureur. Ces révisions de perspectives n’affectent pas la note du réassureur, qui reste, à ce stade, élevée à AA- (ou équivalent). «Les perspectives négatives reflètent la pression exercée sur l'évaluation de la performance opérationnelle de Scor, à la suite des pertes élevées au cours des dernières périodes affectant les segments non-vie et vie», expliquent les analystes d’Am Best. Depuis le début de l’année, le réassureur enregistre des pertes totales nettes liées aux catastrophes naturelles de 390 millions d’euros, une charge totale des sinistres liés à la pandémie de Covid-19 de 254 millions d’euros et une provision au titre des potentiels sinistres associés à la guerre en Ukraine de 85 millions d’euros. Avec un ratio combiné net à 107,7% au premier semestre2022, contre 97,2% sur la même période en2021, Scor est loin de son objectif de ratio combiné de 95% annoncé dans son plan stratégique. Sous la menace d’une dégradation? Si sa performance est traditionnellement plus faible au premier semestre, les nuages assombrissent déjà le reste de l’année. L’ouragan Ian, qui a dévasté la Floride il y a quelques jours, pourrait coûter entre 100 et 200 millions de dollars au réassureur français, selon les premières estimations. Le problème ne semble toutefois pas restreint à 2022. «La révision de la perspective tient compte du fait que la performance bénéficiaire de Scor a été inférieure à nos attentes au cours des cinq dernières années», expliquaient les analystes de S&P début 2022, en soulignant l’environnement tarifaire difficile et l’exposition au catastrophe naturelle. Pour autant, le réassureur ne baisse pas les bras et doit présenter une nouvelle feuille de route le 9 novembre, en même temps que ses résultats du troisième trimestre. L’accent sera mis sur la simplification et la réduction de son exposition aux catastrophes naturelles – il a déjà revu à 15% son objectif de réduction de ses engagements en catastrophes naturelles-, tout en saisissant des opportunités dans un marché où les tarifs seront en hausse. «Le groupe met actuellement en œuvre des actions correctives pour améliorer la performance de souscription, qu’AM Best continuera de surveiller», notent les analystes d’Am Best, qui préviennent: «si la performance sous-jacente ne s’améliore pas à court ou moyen terme, il est probable qu’une nouvelle action de notation négative soit entreprise». Chute sévère du cours de Bourse Cette mission de convaincre la communauté financière, au delà des agences de notation, incombe au directeur général, Laurent Rousseau. Il a pris les commandes du groupe depuis le 1er juillet 2021 après que l’ancien PDG Denis Kessler, qui restera président jusqu’en 2024, aabandonnéplus vite que prévu ses fonctions opérationnelles. Pour l’heure, la Bourse ne masque pas ses doutes. Depuis le début de l’année, le cours de Scor a chuté de plus de 45%. Dans le même temps, l’indice européen de référence des assurances n’a perdu, lui,«que» 12%.

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